Arrêtée aux côtés d'Hunter, derrière l'abri qui sépare le terrain des joueurs de football américain de nous, j'observe attentivement l'entraînement des joueurs, malgré la pluie battante qui s'abat sur eux. Le coach, imperturbable, continue de diriger les exercices avec une énergie contagieuse, ne laissant rien entraver leur détermination.

Je croise les bras, ressentant le froid mordant que la pluie apporte avec elle. L'odeur du gazon détrempé se mêle à celle de l'eau, créant une ambiance à la fois rafraîchissante et mélancolique. Mes yeux suivent Hartley, qui, avec une énergie débordante, court sur le terrain, la balle en main. Ses coéquipiers s'activent autour de lui, formant des lignes dynamiques, tandis que les gouttes d'eau ruissellent sur leurs casques et leurs uniformes, créant un spectacle presque hypnotique de mouvement et de détermination.

- Ça fait combien de temps que vous sortez ensemble ? demande Tessa, la fameuse amie d'Hunter, les mains enfoncées dans les poches de son pull en laine, son regard river sur le terrain où les joueurs se battent avec bravoure contre les éléments.

- Deux ans, je réponds, essayant d'adopter un ton faussement détaché, bien que mon cœur batte un peu plus vite.

À mes côtés, Hunter semble absorbé par l'action sur le terrain, totalement indifférent à notre conversation. Son attention est complètement accaparée par le jeu, et je me demande s'il réalise à quel point Tessa et moi discutons de lui.

- C'est cool, sourit-elle, ses yeux pétillants de malice. C'est mon meilleur pote, alors t'as intérêt à ne pas le faire souffrir.

Je force un sourire, bien que mes pensées soient en désordre, et hoche la tête pour acquiescer. La petite amie d'Harley se joint alors à la conversation, ajoutant une touche de légèreté.

- Tu dis ça, mais lui aussi, il a intérêt à ne pas la faire souffrir.

Je tourne mon regard vers elle et lui souris, reconnaissant son soutien :

- Merci de penser à mon cœur, contrairement aux autres.

Tessa glousse, amusée, et me donne un coup d'épaule amical, comme si nous nous connaissions depuis longtemps.

- Hunter est un gentil garçon, dit-elle avec un sourire malicieux. Il ne pourrait même pas faire de mal à une mouche, même s'il le voulait.

Le concerné, enfin détournant son regard du terrain, le pose sur moi. Un sourire charmeur se dessine sur ses lèvres, tandis qu'il passe une main sous sa nuque :

- Ouais, contrairement à elle, dit-il en gloussant .

Je roule exagérément des yeux, détournant le regard, consciente de la chaleur qui monte à mes joues. Le plus gênant dans tout ça, c'est que je sais exactement à quoi il fait référence. Il parle sans doute du moment où, hier encore, je l'ai griffé pendant notre rapport, une impulsion que je n'ai pas pu réprimer.

Le coach annonce finalement la fin de l'entraînement des garçons avec un coup de sifflet retentissant qui résonne dans l'air frais du soir. À cet instant précis, alors que la fin est clairement signifiée, je remarque quelques joueurs se laisser tomber lourdement au sol, épuisés par l'effort intense. D'autres, parmi lesquels Hartley, se précipitent pour quitter le terrain, leurs silhouettes se découpant sous la pluie battante qui tombe en torrents, créant une ambiance presque dramatique.

Le concerné, Hartley, nous rejoint sous l'abri, accompagné de deux de ses amis. Ils sont complètement trempés, leurs vêtements collés à leur peau, et l'eau goutte de leurs cheveux, encore cachés sous leurs casques. La scène est à la fois comique et touchante, témoignant de l'intensité de leur entraînement.

- Tu es en avance, laisse échapper Hartley dans un souffle court, sa voix à peine audible au-dessus du bruit de la pluie. En enlevant enfin son casque, il révèle une chevelure ébouriffée, ses mèches sombres tombant légèrement sur son front. Quelques gouttes d'eau ruissellent le long de son cou, accentuant l'image de fatigue et de détermination.

- J'aimerais qu'on en finisse, et vite, lui répond Hunter avec une sincérité qui me surprend. Sa voix est ferme, presque pressante, et je ressens une certaine satisfaction à l'idée qu'il n'hésite pas à exprimer ses pensées.

Hartley, en réponse, acquiesce lentement, inclinant sa tête en arrière comme pour aspirer l'air frais avec plus de profondeur. Sa pomme d'Adam bouge à chaque inspiration, témoignant de l'effort qu'il a fourni. Il semble prendre un moment pour se recentrer, profitant de cette pause inattendue pour se ressourcer.

- D'accord, finit-il par dire, sa voix plus calme maintenant.

Ses coéquipiers, qui se tiennent à ses côtés, retirent également leurs casques, révélant des visages marqués par la fatigue, mais aussi par une camaraderie palpable. Je les reconnais immédiatement. J'essaie de me souvenir mentalement de leurs noms : Tyler et Travis. Ce sont les garçons que j'ai rencontrés la première fois que j'ai fait la connaissance d'Hartley .

- Salut, Stella, me lance Tyler avec un sourire éclatant, illuminant son visage. T'es venue nous regarder jouer ? Il y a une note de plaisanterie dans son ton, comme s'il savait déjà la réponse.

Je lui rends un sourire timide, mais je n'ai pas le temps de lui répondre, car Travis, enthousiaste, renchérit à son tour :

- Il paraît que tu t'y connais en courses de voitures.

- Oui, elle est vraiment douée, répond Tessa à ma place, avec un éclat d'admiration dans les yeux. Tu aurais dû voir comment elle a botté le cul à ce connard de Chase. Elle a remporté la course haut la main, malgré le fait que Chase trichait ; ce connard s'amusait à entrer en collision avec son véhicule, essayant de la déstabiliser.

- Je regrette de ne pas avoir été là pour assister à la course. J'ai vraiment raté beaucoup, se plaint Tyler, sa voix trahissant une légère frustration.

- Tu ne t'imagines même pas, réponds-t-elle, un brin de mystère dans sa voix.

Alors qu'ils continuent de discuter, animés par leur passion pour la course, je sens mon profil me brûler, comme si quelqu'un m'observait intensément, sans cligner des yeux. Intriguée, je cherche du regard le responsable de cette sensation troublante. Mon regard se fixe sur celui d'Hartley.

Le plus irritant dans cette situation, c'est qu'il ne cherche même pas à dissimuler son regard insistant. Il me jauge avec une intensité déconcertante, comme s'il s'interrogeait intérieurement sur ce que son frère pouvait bien trouver en moi. Je suis persuadée qu'il n'agit pas intentionnellement de manière condescendante ; c'est simplement sa personnalité, un mélange d'arrogance et de détachement qui le rend insupportable à mes yeux. Alors qu'il me dévisage sans détour, tel un psychopathe en quête de proie, je ressens une montée d'agacement qui m'incite à lui rendre la pareille. Je prends le temps d'analyser ses traits, figés dans une expression indéchiffrable qui semble à la fois curieuse et désinvolte.

Ses yeux, d'un noir profond, me frappent toujours par leur intensité presque hypnotique. Ils semblent percer à travers moi, explorant chaque recoin de mon être. Aucun détail ne laisse supposer qu'il pourrait avoir un côté américain ; au contraire, leurs formes bridées et légèrement en amande ajoutent à son allure mystérieuse et exotique. Contrairement à la plupart des Coréens que je vois dans les dramas qu'Addison me force à regarder, qui affichent souvent des traits plus doux et délicats, lui possède une structure faciale plus marquée, avec des pommettes saillantes et une mâchoire carrée. Cela lui confère une présence captivante, presque magnétique, qui attire l'attention malgré moi.

Ses lèvres, quant à elles, rappellent celles d'Hunter : pulpeuses et d'un rose naturel, elles évoquent une beauté à la fois dure et séduisante. Leur courbe parfaite semble promettre des mots à la fois provocateurs et charmants. Lorsqu'il parle, sa voix profonde et grave résonne avec une assurance qui ne fait qu'accentuer son charisme. Il a ce je-ne-sais-quoi qui le rend fascinant, malgré mon irritation croissante face à son attitude.

En le regardant, je ne peux m'empêcher de ressentir un mélange d'admiration et de frustration. Comment peut-on être à la fois si séduisant et si insupportable ? Heureusement qu'Hunter n'est pas comme ça.

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