Lorsqu'il termine sa phrase, il se recule légèrement, détournant le regard comme s'il cherchait à échapper à la tension palpable entre nous. À la place, il s'adosse contre le bureau, son corps oscillant entre une posture détendue et une tension sous-jacente. Il saisit son téléphone, mettant enfin un terme à la conversation qu'il n'avait visiblement pas encore raccrochée.

En reposant le téléphone à ses côtés, il saisit un flacon de désinfectant. Son mouvement est précis, presque instinctif. Il presse le liquide sur un coton, sa main tremblante trahissant une tension sous-jacente, puis il l'applique doucement sur son cou. À ce moment-là, je remarque, pour la première fois, des griffures récentes : des marques sombres et profondes, encore rouges et enflammées, qui révèlent une douleur fraîche .

- On est où ? demandai-je, ma voix trahissant une impatience grandissante.

- On est seul, il n'y a personne ici.

- Ça ne répond pas à ma question, Hartley, dis-je, insistant sur son nom comme pour le rappeler à l'ordre. Mon regard s'accroche au sien, cherchant des réponses au-delà de ses mots.

Il lève un sourcil, son regard sombre me fixe intensément, une lueur indéchiffrable dans ses yeux, où la curiosité se mêle à une émotion inédite que je n'arrive pas encore à déchiffrer.

- On est à Riverdale, dans l'une des villas reculées de Parker .

Je fronce les sourcils, cherchant à percer le mystère de son attitude :

- Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?

Continuant de tapoter le coton sur sa blessure, il articule :

- Je suis aussi dans le déni que toi .

Sa pomme d'Adam se soulève lorsqu'il inspire profondément, ses traits marqués par une douleur silencieuse. Il continue de tamponner la compresse imbibée de désinfectant sur sa blessure, son visage impassible, donne l'impression qu'il est habitué à cette routine.

- Tu as ton portable ?

- Non, répondis-je, en m'approchant, un peu hésitante. Ils me l'ont pris hier soir lorsque je suis arrivée.

Il hoche la tête, mais son regard est lointain, comme s'il flottait dans un océan de pensées sombres, totalement détaché de ma présence. Je m'arrête juste en face de lui, me répétant mentalement que je veux juste l'aider, parce que c'est le frère de Hunter. Mon futur beau-frère, si jamais Hunter et moi nous marions. Mais cette idée semble si lointaine en ce moment, et puis je me rends compte que je m'égare.

- Laisse-moi t'aider.

Il lève lentement la tête, ses yeux sombres m'évaluant à peine. Ils donnent l'impression qu'ils cherchent à percer un mystère qui le dépasse. Ses traits sont marqués par une profonde fatigue, et un léger froncement de sourcils trahit une irritation sourde. Malgré son apparence désinvolte, il dégage une intensité palpable, presque écrasante.

Mes cheveux, indisciplinés, tombent en avant et obstruent ma vue. Je fais un geste pour les écarter, mais juste à ce moment-là, il tend la main. Ses doigts, longs et fins, effleurent mes mèches, les repoussant derrière mon oreille avec une délicatesse troublante. Son geste est à la fois intime et distant. J'ai l'étrange sensation qu'il cherche à établir un contact tout en restant éloigné de moi, comme une ombre cherchant à ne pas se mêler à la lumière.

- Hum... laisse-t-il échapper, sa voix basse et légèrement rauque, comme s'il pesait chaque mot. Ses pensées semblent vagabonder ailleurs, perdues dans un monde que je ne peux atteindre.

Après un moment, il articule, presque sans émotion :

- D'accord.

Je détourne le regard, essayant de ne pas me laisser submerger par l'intensité de son regard. Lorsqu'il retire son t-shirt, révélant une entaille profonde et récente qui traverse sa peau, je ne peux m'empêcher de frissonner.

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