« Je vais pleurer, laisse échapper Addison en poussant un soupir, alors qu'elle m'observe m'entraîner. Je prends un moment pour examiner son plâtre, détournant ainsi mon regard de ma chorégraphie, ce qui me fait perdre l'équilibre sur l'épaule de Liam. Heureusement, il me rattrape de justesse, me stabilisant d'abord sur ses pieds avant de m'aider à redescendre.

- Un manque d'attention de ma part et tu te serais brisé la nuque. Sois plus concentré.

Je hoche la tête.

- D'accord, merci.

Addison se lève des tribunes, ses béquilles serrées dans ses mains, tandis que son pied gauche, prisonnier d'un plâtre, est légèrement relevé. Ses sourcils sont froncés, trahissant une tension palpable, alors qu'elle articule lentement :

- Tu n'imagines pas la chance que tu as de participer au championnat. Et dire que ça fait plus d'une semaine que tu as arrêté de venir aux entraînements. Tu dois être la chouchoute du coach Forbes, c'est sûr.

Je secoue la tête, croisant mes bras contre ma poitrine, détournant mon regard vers un point derrière elle : Riley. Une ombre de doute s'installe en moi, me rappelant ce que Jackson a dit. Est-il de mèche avec l'associé de Parker ?

Plus je réfléchis, plus l'indécision m'étreint, presque comme une menace sourde. C'est lorsque Hunter est rentré chez lui, la nuit dernière, que Riley est apparue, trempée jusqu'aux os, devant le seuil de ma porte. Il était bien amoché, et ce qui m'a le plus frappée, c'est de le voir me demander de l'aide. Il aurait pu se tourner vers n'importe qui, mais c'est chez moi qu'il a choisi de s'abriter.

Heureusement, ma mère était déjà plongée dans un sommeil profond lorsqu'il a frappé à ma porte, prétendant fuir quelque chose d'invisible. Je l'ai laissé dormir dans la chambre d'amis, désinfectant ses plaies avec une précaution presque maladroite. Il m'avait aussi fait promettre de ne parler à personne de son apparition, un secret lourd à porter.

Mais ne serait-ce pas une bonne idée de tout révéler ? La confiance s'effrite, et l'angoisse s'installe. Si ce que Jackson a raconté à son sujet était vrai, je nous mets tous en danger en gardant le silence.

- Stella ?

Je sursaute, mon regard se détournant brusquement de Riley pour se poser sur Addy, qui me fixe avec une impatience palpable :

- Je me demandais... pourquoi Hunter n'est pas venu en cours tous ces jours ? Il est toujours malade ?

Je suis prête à lui répondre, mais au même moment, un message surgit sur mon téléphone, celui de l'homme de la dernière fois :

« Vous enverrez la vidéo au flic ce soir. »

Mon cœur s'emballe, cognant contre ma poitrine. L'idée même de trahir Parker, alors que je ne le connais qu'à peine, me plonge dans une terreur sourde. Mais cet homme détient des preuves, des preuves qui pourraient faire basculer Hunter et son frère dans l'obscurité des barreaux.

Rapidement, je tapote une réponse sur mon clavier, les mots défilant sous mes doigts :

« On avait dit que j'allais prendre le temps de bien réfléchir avant d'envoyer la vidéo », envoyai-je, mes mains tremblant légèrement sur l'écran de mon portable. L'angoisse me serre la gorge.

Je me demande pourquoi il veut que ce soit moi qui envoie la vidéo au flic. Il pourrait très bien le faire lui-même ; cela l'arrangerait, puisqu'il n'y aurait plus de marché qui tienne. Par conséquent, il pourrait facilement envoyer Hunter et les autres derrière les barreaux, les laissant à la merci de la justice.

Mon instinct me murmure que je me suis trop impliquée dans cette spirale infernale, au point de négliger mes études, comme Hunter le faisait avant moi, se perdant dans les ombres de ses décisions.

Mon téléphone vibre, me tirant de mes sombres pensées. Je déverrouille l'écran et lis le message qui vient d'arriver :

« J'ai changé d'avis. Fais-le ce soir. Vas-y seul. Ne fais pas venir les autres, sinon vous serez trop suspects et prévisibles. »

Un frisson glacial me parcourt à la lecture de ces mots. C'est un ordre, et il ne laisse aucune place à la discussion.

- Ce n'est pas vrai, Stella, est-ce que tu m'écoutes ?!

- O-oui... je suis désolée, Addy. Je vais devoir te laisser. Je dois rentrer, je ne me sens pas bien.

Ses sourcils se froncent, trahissant son scepticisme. Je sais qu'elle ne me croit pas, mais en ce moment, c'est le dernier de mes soucis.

- D'accord, on s'appelle plus tard.

Je lui lance un sourire forcé, une façade fragile, et lui fais un signe de la main avant de me diriger rapidement vers les vestiaires pour récupérer mon sac à dos. Étant donné que je n'ai pas cours avant 14h, je vais passer chez les Clark.

Alors que je ressors des vestiaires, je heurte quelqu'un, manquant de perdre l'équilibre. Je me rattrape de justesse à la chemise de la personne.

- Désolée, m'excusai-je, levant les yeux. Mon regard croise celui de Riley, et je suis surprise de voir qu'il a remplacé le bandage que je lui ai fait hier soir par du sparadrap. Son visage est marqué par une intensité troublante.

- Tu as fini l'entraînement ?

- Oui, répondis-je en forçant un sourire, mais un silence pesant s'installe entre nous. C'est la première fois que je me sens aussi mal à l'aise en sa présence, comme si chaque seconde qui passe creusait un fossé entre nous.

- Tu vas quelque part ?

- Oui... chez les Clark.

Il hoche la tête, une lueur d'intérêt dans ses yeux sombres :

- J'y vais aussi. Tu veux que je te dépose ?

J'aimerais lui dire non, mais je crains que si je le fais et qu'il est vraiment la taupe dans le gang, il pourrait me considérer comme suspecte.

- Oui, mais tu peux me devancer, je te rejoins dans la voiture.

Il glousse, un son léger qui tranche avec l'atmosphère tendue :

- Rectification. C'est une moto.

Mes yeux s'écarquillent, et une vague d'appréhension m'envahit :

- Dans ce cas, tu peux y aller. Je ne monterai pas là-dessus.

- Une pilote de voiture de course qui a peur de monter à moto ? Tu me réserves quel autre aspect de toi ?

- Non, sincèrement, je ne vais pas monter. Conduire une voiture, c'est une chose, mais rouler à moto, c'en est une autre.

- Je sais, mais je te promets, tu vas aimer. Et puis, j'insiste pour te déposer. Ce n'est pas prudent d'aller chez les Clark toute seule avec tout ce qui se passe en ce moment.

Je pousse un soupir, résignée, et ma voix se fait plus douce, presque hésitante :

- D'accord.

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