Ton père est sorti de prison.

Il est sorti, Ella.

Ton père est sorti de prison.

L'aveu de ma mère résonne en boucle dans ma tête, comme un chant funèbre qui ne cesse de me tourmenter. Chaque mot qu'elle a prononcé s'accroche à moi, tel un poison qui ronge mon âme. Je peux presque entendre mon cœur battre dans mes oreilles, une mélodie lugubre, tandis qu'une chaleur sourde envahit mon corps, un mélange de colère et de désespoir.

J'ai beau lutter pour ne pas verser des larmes, mais chaque effort semble futile. Je suis engluée dans un océan de tristesse, partageant le même désespoir que ma mère. Jonathan Scott est sorti de prison. Cela fait un an qu'il est libre, et nous, nous avons vécu dans l'ignorance, piégés dans une bulle de souffrance.

Il n'a pas cherché à nous voir.

Je devrais être contente, mais cette pensée me laisse un goût amer, comme une trahison sournoise.

Il n'a pas cherché à nous embêter.

Mais pourquoi cette connaissance me déchire-t-elle autant ? Pourquoi savoir qu'il est libre depuis si longtemps me fait-t-il si mal ? Il n'a même pas pris la peine de nous appeler, pas un seul coup de fil. C'est comme s'il avait effacé notre existence, comme si nous n'étions que des ombres dans sa vie.

La douleur est tellement lancinante, me comprimant la cage thoracique, comme une main invisible qui m'étrangle. J'ai connu trois sortes de douleur dans ma vie, et chacune d'elles est liée à lui. La première, c'est lorsque ses coups pleuvaient sur ma mère, chaque cri résonnant comme un glas dans la maison. Je pleurais silencieusement, me demandant pourquoi il se laissait emporter par cette rage aveugle, pourquoi l'amour pouvait si facilement se transformer en violence. La deuxième, c'est le jour où il s'est fait arrêter, ce jour funeste où tout a basculé. L'accident, la peur, le sentiment que tout allait s'effondrer. J'ai cru qu'il allait mourir, que tout serait fini, et dans ce chaos, j'ai ressenti un vide immense, un abîme de désespoir. Et la troisième... c'est ce moment, cette douleur sourde qui me ronge de l'intérieur, une mélancolie profonde qui me laisse vide, comme si mon cœur était un trou béant.

La vibration insistante de mon téléphone résonne dans le silence de ma chambre, brisant la quiétude de l'après-midi. Je me redresse lentement, mes pensées encore embrouillées par mes sanglots . À ma grande surprise, je découvre que c'est Riley qui m'appelle. Un frisson d'anticipation me traverse.

Quand je décroche, un silence pesant s'installe. Je n'entends pas immédiatement sa voix, mais je sens son souffle, rapide et irrégulier, comme s'il avait couru. Après une inspiration profonde qui semble interminable, il finit par articuler, d'une voix fatiguée :

- Tu es chez toi ?

Je me fige un instant, hésitant à lui confier ce qui me ronge. Mes larmes, qui avaient coulé silencieusement, me rappellent que je ne suis pas en forme. Pourtant, je m'efforce de garder un ton léger :

- Ouais, pourquoi ?

- T-tu pleures ?

Sa question me frappe comme un coup de poing. Je m'empresse de répondre, mais ma voix trahit mon état :

- Non, je... je vais bien.

- Quelque chose ne va pas ?

L'inquiétude dans sa voix me touche. Je cherche mes mots, mais la vérité est là, accrochée à ma gorge.

- Non... tout va bien... sinon, pourquoi tu as appelé ?

AU PRIX D'UNE VIE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant