M'allongeant dans mon lit, je fixe le plafond, un vaste océan de blanc qui semble me renvoyer mes pensées tumultueuses. Mille et une réflexions me rongent de l'intérieur, comme des vagues incessantes qui frappent les rivages de mon esprit. Étrangement, une profonde culpabilité m'envahit pour ce que j'ai fait. Ce n'est pas dans mes cordes de trahir, de tourner le dos aux gens. Mais avais-je seulement le choix ?

Non.

C'était soit Hunter, soit lui. Une décision déchirante, mais le choix s'est imposé à moi comme une évidence. Dans ce monde où loyauté et survie s'entrelacent, la ligne entre le bien et le mal devient floue, et je me sens piégée dans un dilemme moral.

Ça fait juste quelques heures que j'ai fait ma déposition, mais une sensation étrange s'installe en moi, comme si j'avais signé mon arrêt de mort. Mon cœur bat à tout rompre, et je n'arrive pas à rester tranquille. Le sommeil, lui aussi, refuse de m'emporter dans ses bras apaisants. Je reste là, allongée, les yeux rivés sur le plafond, priant silencieusement pour que personne ne découvre que c'est moi qui ai envoyé la vidéo .

Je suis nouvelle dans ce monde, dans ce gang où la méfiance est omniprésente. C'est à se demander si Parker se souvient de moi. L'idée qu'il puisse douter de ma loyauté me terrifie. Il ne pourrait pas me suspecter, si ?

Pourtant, quelque chose en moi murmure que ce n'est pas lui qui gère ce genre d'affaire. S'il est aussi puissant que Hunter le prétend, alors il doit avoir un gars, un allié infiltré dans la police, quelqu'un qui ferme les yeux sur ses trafics illégaux. Cette pensée me hante, comme une ombre qui refuse de s'éloigner. Je suis persuadée que cette vidéo, cette preuve accablante, ne pourrait pas l'envoyer derrière les barreaux. Mais alors, que va-t-il se passer ?

Je me redresse, le cœur lourd, et scrute l'obscurité de ma chambre, cherchant des réponses dans l'ombre. Chaque bruit me fait sursauter, chaque craquement dans la maison semble résonner comme un avertissement. Je me demande si quelqu'un, quelque part, sait déjà ce que j'ai fait. La peur s'insinue en moi, me paralysant.

Ayant marre de me torturer l'esprit, je sors de mon lit, les pieds frôlant le sol froid. Je descends lentement les marches de l'escalier, chaque pas résonnant dans le silence de la maison, jusqu'à atteindre le salon.

À ma grande surprise, les lumières sont allumées, projetant une lueur douce et chaleureuse dans l'espace. Cependant, une inquiétude grandit en moi lorsque j'entends un sanglot provenant de la cuisine. Mon cœur s'emballe et je déglutis, m'empêchant de laisser mes pensées sombrer dans le pire. Je m'empresse de me diriger vers le bruit, m'attendant à tout, sauf à voir ma mère.

En entrant dans la cuisine, je la découvre assise sur un tabouret en bois, les coudes posés sur la table, le visage enfoui dans ses mains. Un mouchoir froissé, trempé de larmes, repose sur la surface. Ses cheveux, habituellement bien coiffés, tombent en désordre autour de son visage, accentuant l'expression de chagrin qui y règne. Mon cœur se serre à cette vue ; Je ne l'avais pas vue pleurer comme ça depuis la dernière fois qu'elle avait porté plainte contre mon père pour violence conjugale, un souvenir qui réveille en moi une douleur sourde et une angoisse profonde.

- Maman, murmure-je doucement, ma voix à peine audible. Elle sursaute, le souffle court, comme si elle venait de sortir d'un cauchemar. Ne sachant pas que je l'avais vue pleurer, elle essuie rapidement ses larmes du revers de la main, mais il reste encore des traces humides sur ses joues. Sur son visage, un sourire forcé apparaît, mais il est si crispé qu'il trahit la douleur qu'elle essaie de cacher.

- Chérie, qu'est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu dormais, dit-elle, sa voix tremblante trahissant son émotion.

Je secoue la tête, incapable de détourner le regard de son visage marqué par la tristesse. Je m'assieds sur le tabouret à côté d'elle, mes mains entrelacées sur mes genoux, cherchant à lui transmettre un peu de réconfort.

- Pourquoi est-ce que tu pleures ? demandai-je, ma voix chargée d'inquiétude.

Elle se fige un instant, le regard perdu dans le vide, puis secoue la tête, comme si elle tentait de chasser ses pensées sombres.

- Je viens de terminer Titanic, tu sais comment je suis à chaque fois que je regarde ce film-là, explique-t-elle en tentant de sourire. Mais son sourire ne parvient pas à masquer la douleur dans ses yeux, qui brillent de larmes non versées.

Je pose une main rassurante sur la sienne, la chaleur de ma paume contrastant avec la froideur de son chagrin.

- Je sais que c'est faux, alors maman, dis-moi la vérité, s'il te plaît, suppliai-je, mon cœur lourd d'angoisse.

Lorsque je termine ma phrase, elle sanglote à nouveau, ses yeux se gorgeant de larmes qui débordent et glissent le long de ses joues.

- T-ton père... il est sorti de prison, murmure-t-elle, la voix brisée par l'émotion.

Le poids de ses mots me frappe comme un coup de poing, et je réalise que la peur et l'incertitude viennent de frapper à notre porte, une fois de plus.

AU PRIX D'UNE VIE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant