AU PRIX D'UNE VIE

20

- Ce n'est pas Hunter, là ? s'écrit Addison, son ton vif me tirant brusquement de mes pensées. Mon regard se pose à nouveau sur lui, et je vois la fille qui est arrêtée à nos côtés articuler avec une certaine excitation :

- Je reviens, je dois aller féliciter mon champion.

Sans ajouter un mot de plus, elle se précipite dans la direction de Hunter, se jetant dans ses bras avec une telle énergie que je ne peux m'empêcher de ressentir un pincement au cœur. C'est presque instinctif pour lui ; il l'attrape avec une aisance déconcertante, comme si cela faisait partie de ses réflexes. La manière dont il la serre contre lui me fait frémir de jalousie.

Mon cœur bat la chamade dans ma poitrine, chaque pulsation résonnant comme un tambour. Je l'observe alors qu'il cale une mèche de cheveux dorés derrière son oreille. Elle semble légèrement plus âgée que lui, mais leur complicité est si évidente qu'elle rend ce détail presque insignifiant. Je me demande qui elle est pour lui, quel lien profond les unit.

Finalement, nos regards se croisent dans la foule, et je le vois se figer, comme si le temps s'était arrêté autour de nous. Mes poings se serrent, et je détourne le regard, incapable de supporter la tension qui s'installe entre nous.

- Partons, Addy. C'était une mauvaise idée de venir ici, dis-je d'une voix tremblante.

Mon amie hoche la tête, ses yeux trahissant une inquiétude palpable face à ma détresse. Mais je n'ai pas le temps de me retourner pour partir avec elle, car une main ferme saisit mon poignet. Les battements de mon cœur s'accélèrent, et une sueur froide me parcourt le dos. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour savoir que c'est lui. Lui seul peut provoquer une telle réaction en moi, une alchimie inexplicable qui m'enserre comme une étreinte.

- Stella, articule-t-il, et soudain, le bruit de la foule s'estompe, comme si nous étions isolés dans une bulle. Qu'est-ce que tu fais ici ?

Je tente d'arracher ma main à son emprise, mais c'est comme me battre contre un mur de béton. Hunter n'emploie aucun effort pour me retenir, sa force naturelle écrasant toute résistance de ma part.

- J'allais partir, finis-je par lâcher, ma voix trahissant une nervosité que je ne peux dissimuler. Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te ruiner ton moment à l'eau de rose plus longtemps.

Les mots sortent de ma bouche comme une défense, mais je ne peux m'empêcher de le regarder, de plonger dans la profondeur de ses iris émeraude. Ils brillent d'une intensité qui me captive, me faisant oublier tout le reste.

- Laisse-moi, murmure-je, ma voix se brisant sous le poids de l'émotion.

- Ce n'est pas ce que tu crois... Tessa est juste mon amie, répond-il, et dans son regard, je perçois une lueur de sincérité qui me fait vaciller.

- Tu n'as pas à te justifier, après tout, nous avons rompu. Tu as le droit de faire ce que tu veux de ton corps...

À cet instant, je me gifle mentalement pour avoir utilisé le mot "corps" au lieu de "vie". C'est comme si je venais de trahir une part de moi-même. Je le vois esquisser l'un de ses sourires moqueurs, ce sourire que je connais si bien, celui qui mêle amusement et sérieux . Si la tension entre nous n'était pas aussi palpable, il m'aurait sûrement traitée de perverse ou aurait balancé une autre ineptie dans le même genre, comme s'il cherchait à me mettre mal à l'aise .

- Je sais, me répond-il d'un ton calme, presque trop posé, son regard dérivant vers Addison, qui observe la scène avec une inquiétude palpable. Puis il reprend, articulant chaque mot avec soin :

- Je peux emprunter ton amie quelques minutes ?

Addison me lance d'abord un regard inquiet, ses yeux cherchant des réponses que je ne peux pas lui donner. Finalement, après un moment d'hésitation, elle hoche la tête, un geste timide qui trahit son malaise. Très vite, nous nous éloignons de la foule, cette masse de visages et de rires qui semble si lointaine. Nous nous dirigeons vers sa Bugatti bleu, une voiture qui respire le luxe et la puissance, garée légèrement à l'écart de l'agitation ambiante. La carrosserie luisante reflète les lumières environnantes, et je ne peux m'empêcher de ressentir un frisson d'appréhension.