Chapitre 66 : Le poids du réveil

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Un poids étrange pèse sur mon corps, lourd et étouffant. Comme si une montagne entière reposait sur ma poitrine, bloquant mes mouvements. Je tente d'ouvrir les yeux, mais mes paupières semblent scellées, trop lourdes pour répondre à ma volonté.

Un bourdonnement sourd résonne dans mes oreilles. Il est à la fois distant et omniprésent, semblable au bruit de fond d'un rêve que l'on ne parvient jamais à attraper. Je veux bouger, dire quelque chose, mais mon corps refuse de me répondre. Je me sens prisonnier dans cette enveloppe de chair, entre le sommeil et l'éveil.

Petit à petit, des sensations commencent à m'assaillir. La douceur des draps contre ma peau, l'odeur froide et stérile de l'hôpital, le léger bip régulier qui perce le silence autour de moi. Mon esprit flotte encore entre deux mondes, hésitant à revenir complètement.

Puis, une douleur. Un pic soudain dans ma poitrine. Chaque respiration est douloureuse, comme si mes poumons luttaient pour se remplir d'air. Mon bras, aussi, me fait mal, une douleur sourde qui pulse dans mes muscles fatigués. Mes souvenirs sont confus, déformés. Un combat... une lumière aveuglante....

Hisae.

Je tente de prononcer son nom, mais ma gorge est sèche, comme brûlée de l'intérieur. Je ne parviens qu'à émettre un faible gémissement. Mes yeux, enfin, s'ouvrent légèrement, mais la lumière vive m'aveugle, m'obligeant à les refermer aussitôt. Lentement, je m'adapte à la luminosité, clignant des yeux pour que ma vision se fasse plus nette.

Je suis dans une chambre d'hôpital. Les murs blancs immaculés, le faible ronronnement des machines à côté de moi... Tout semble si familier et pourtant si étranger. Je tente de tourner la tête, chaque mouvement me coûtant un effort colossal. Je n'ai aucune idée de combien de temps je suis resté ici.

Puis, enfin, je la vois. Une silhouette assise près de mon lit, la tête enfouie dans ses mains. Mon cœur rate un battement en pensant que ça pourrait être Hisae. L'espoir me soulève, même si une peur immense me ronge en même temps. Mais en plissant davantage mes yeux brûlant sur cette silhouette afin que ma vision devienne plus nette, je reconnais les cheveux verts ébouriffés.

Izuku.

Il relève brusquement la tête, ses yeux agrandis par la surprise. Un mélange de soulagement et d'inquiétude traverse son visage. Il se lève rapidement, se penchant au-dessus de moi avec une nervosité palpable.

— Todoroki ! murmure-t-il d'une voix tremblante. Tu es enfin réveillé...

Je tente de répondre, mais seuls quelques sons rauques sortent de ma bouche. Izuku pose une main rassurante sur mon épaule, ses yeux s'humidifiant.

— Ne parle pas tout de suite. Tu... tu étais dans un coma pendant quelques jours. On ne savait pas quand tu te réveillerais... ou si...

Je ferme les yeux un instant, laissant l'information se frayer un chemin à travers le brouillard de mon esprit. Quelques jours. Je suis resté inconscient pendant tout ce temps. Une partie de moi est soulagée d'être encore en vie, mais une autre, plus grande, est envahie par une angoisse que je n'arrive pas à contrôler.

Hisae...

Je serre faiblement ma main que je sens à peine, luttant pour parler.

— Où... où est Hisae ? parvins-je finalement à murmurer, ma voix à peine plus forte qu'un souffle, la gorge sèche, chaque mot étant un effort titanesque.

Je vois une ombre passer sur son visage, et une boule d'angoisse se forme dans mon estomac. Il détourne le regard un instant, hésitant, desserrant légèrement sa main sur mon épaule.

— Ils l'ont retrouvée, dit-il doucement, ses mots empreints de gravité. Quelques heures après la bataille... mais...

Mon cœur s'arrête. « Mais » ? Mon souffle se coupe tandis que je cherche à comprendre la suite de ses paroles.

— Elle est entre la vie et la mort, murmure-t-il, la gorge serrée. Ils l'ont plongée dans un coma artificiel pour stabiliser son état. Les médecins font tout ce qu'ils peuvent, mais... on ne sait pas encore si elle va s'en sortir.

Je sens mon cœur se serrer à ces mots. L'idée qu'Hisae soit là, inconsciente, luttant pour sa vie... Non. Elle est forte. Elle doit survivre. Elle va survivre. Mais cette certitude vacille face à l'inquiétude palpable dans la voix d'Izuku. Chaque seconde où elle reste dans cet état est une torture.

— Combien de temps ? je murmure, ma voix brisée par l'anxiété.

Izuku hésite, ses yeux se baissant légèrement avant de me répondre.

— Quinze jours, souffle-t-il. Ça fait quinze jours que vous êtes tous les deux dans cet état, Shoto. Toi aussi, tu étais inconscient.

Quinze jours.

Je reste immobile, sous le choc. Quinze jours perdus, passés dans le néant. Quinze jours durant lesquels j'aurais dû être là, à ses côtés. Comment ai-je pu la laisser seule aussi longtemps ? Mon cœur se serre de plus en plus à cette pensée, et une vague de culpabilité m'envahit.

Je tente de bouger à nouveau, mais la douleur dans mes membres m'arrête net. Mon corps est trop faible pour répondre à mes ordres. Mon esprit, quant à lui, est en plein chaos. Tout ce que je veux, c'est être là, auprès d'elle, m'assurer qu'elle est en sécurité. Je ne peux pas rester ici, immobilisé, pendant qu'elle...

Je sens la fatigue me rattraper. Mon réveil, aussi soudain soit-il, n'a pas chassé la faiblesse. Mes paupières deviennent lourdes une fois de plus, et malgré moi, je sens le sommeil me happer à nouveau. Mais cette fois, ce n'est plus un sommeil profond, c'est un répit temporaire, un moment d'attente avant que je puisse à nouveau agir.

Avant que je puisse être à ses côtés.

— Repose-toi, murmure Izuku, sa voix s'éloignant doucement. Nous veillons sur elle. Tu dois te reposer aussi, Shoto...

Sa promesse résonne dans l'air alors que je sens mon esprit vaciller. Izuku se redresse et appelle les infirmiers pour les informer de mon réveil. L'arrivée des infirmiers est rapide mais efficace. Ils entrent en trombe, leurs visages préoccupés. L'un d'eux vérifie immédiatement les signes vitaux sur les moniteurs, tandis qu'un autre ajuste les perfusions et l'oxygène. Ils posent des questions rapides et professionnelles à Izuku sur les symptômes récents, et une infirmière commence à inspecter minutieusement mes blessures.

Par la porte entrouverte, je vois d'autres silhouettes se rassembler dans le couloir. Les visages d'autres élèves apparaissent, choqués et inquiets. Je reconnais Tenya, Eijiro et quelques autres camarades. Ils ont l'air de se battre pour garder leur calme, mais la panique est clairement visible dans leurs yeux. Leur présence, bien que réconfortante, m'inquiète encore plus.

Je me laisse glisser dans l'obscurité, cette fois-ci une obscurité différente, marquée par une lueur d'espoir fragile mais persistante au fond de moi.

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