Sky Grimshade, tome 2

Chapitre 64 : Luna

Sur le parking, je sens mon cœur battre frénétiquement, comme s'il voulait sortir de ma poitrine. Chaque pas, chaque respiration me demande un effort immense. L'angoisse monte en flèche à chaque regard qui se pose sur ma silhouette, à chaque bruit de pas autour de moi. Je serre les poings, luttant contre l'envie presque irrésistible de faire demi-tour, de courir jusqu'à la moto de Sky, de retourner dans la chambre et de ne plus en sortir.

Mais il y a Gloomy. Sa voix résonne au fond de mon esprit, me soufflant des mots que je ne m'attendais pas à entendre d'elle. Elle m'encourage, cette fois. Elle me rappelle que je ne suis pas seule, que Sky est là, à quelques pas de moi, prêts à intervenir si les choses deviennent trop difficiles. Gloomy, qui a toujours voulu repousser Sky avec force, qui l'a combattu, l'a méprisé, m'incite maintenant à aller de l'avant.

Fais-lui confiance, me confie-t-elle dans un coin de mon esprit. Ce n'est pas eux. C'est différent.

Je prends une profonde inspiration, les yeux fixés sur le bâtiment du centre commercial devant nous. Sky, debout à côté de moi, reste silencieux, attendant que je fasse le premier pas. Je sens sa présence, rassurante et patiente. Il n'avance pas sans moi, ne me pousse pas.

— Tu es prête ? demande-t-il doucement, sa voix un ancrage dans ce chaos qui gronde en moi.

J'hésite, mon regard se posant sur les portes vitrées qui s'ouvrent et se ferment sans cesse. Le bruit, la foule, le mouvement. Tout en moi crie de faire marche arrière. Mais alors, je sens la pression de Gloomy, cette étrange alliance que nous formons aujourd'hui, je me rappelle pourquoi je suis là.

— Oui, murmuré-je, la gorge serrée. Mais... ne me lâche pas, d'accord ?

— Jamais, répond-il avec douceur, son regard ancré dans le mien.

Je prends une profonde inspiration, et, pas à pas, nous nous dirigeons vers l'entrée du centre commercial, mon cœur bat la chamade, mais avec une lueur d'espérance vacillant en moi.

Les secondes semblent s'étirer en semaines, chaque pas dans cette galerie me coûte. Chaque bruit, chaque visage qui passe près de moi, me renvoie à mes peurs, à ce que j'essaie de surmonter. Mais je m'efforce de m'accrocher à la raison pour laquelle je suis venue ici. Je veux essayer. Je veux mettre quelque chose sous ce sapin, créer un souvenir différent.

Nous avançons, Sky à mes côtés, et je sens son regard sur moi, vigilant, prêt à intervenir. Au fond, ça m'apaise, mais cela ne suffit pas à éteindre la panique qui monte à mesure que nous nous enfonçons. Le bruit est assourdissant, des rires, des discussions, des musiques de Noël qui se mélangent dans un vacarme chaotique.

Soudain, un homme me bouscule. Mon cœur bondit, s'emballe, et tout se met à tourner autour de moi. Les visages deviennent flous, la lumière trop vive, la sensation de danger se répand dans tout mon corps. Non, pas maintenant. Mon souffle devient erratique, et mes jambes menacent de céder.

Instinctivement, je tends le bras et trouve celui de Sky. Je m'y accroche, mes doigts se refermant avec force autour, comme un ancrage pour ne pas faire demi-tour, pour ne pas céder à l'envie de fuir. Sa présence est là, stable, et je m'y agrippe désespérément.

— C'est bon, murmure-t-il d'une voix calme, son ton bas et apaisant. Je suis là, princesse. On peut s'arrêter, respirer.

Je ferme les yeux un instant, le cœur battant à tout rompre. Il est là. Il ne me lâche pas. Et malgré le tumulte en moi, je me force à inspirer, à expirer, me rappelant que je peux y arriver. Ma vie s'est assez arrêtée, je dois avancer.

Après quelques minutes passées à respirer et retrouver un semblant de calme, nous continuons de vagabonder à travers les boutiques. Sky reste à mes côtés, silencieux et attentifs, respectant mon rythme. Chaque pas est difficile, mais je me raccroche à ce moment, à cette idée que je suis ici pour créer de nouveaux souvenirs.