Sky Grimshade, tome 2

Chapitre 34 : Gloomy

Regardez-moi ce tableau, une petite scène de bonheur, n'est-ce pas pathétique ? Ce mec pense pouvoir la sauver ?

Il croit vraiment qu'il a compris Felicity, qu'il peut gérer tout ça avec sa petite compassion et ses mots doux. Quelle blague. Cette cruche de Felicity peut bien jouer les bombes sexuelles, séduire et se faire baiser à droite à gauche, elle ne respecte rien ni personne, surtout pas Luna. Mais moi... moi, je ne laisserai rien passer.

Il ne me connaît pas, pas encore. Il pense que tout est simple, qu'il peut juste tendre la main et tout ira mieux. Mais il ne sait rien, rien de ce que nous avons traversé, rien de ce que les hommes sont capables de faire. Felicity peut bien se vendre pour un peu d'attention, une dose de plaisir charnel, mais moi, je vois au-delà de ça. Je vois la menace, le danger dans chaque sourire, chaque mot doux.

Il ne me bernera pas. Je suis la première, la gardienne des ténèbres. Felicity joue avec les désirs des hommes, elle se croit puissante, mais elle oublie que c'est moi qui suis née la première, moi qui ai enduré tout ce que les autres ne pourraient même pas imaginer. Je suis celle qui sait ce que les hommes sont vraiment. Je suis celle qui a survécu.

Il peut bien essayer de jouer les héros, de croire qu'il peut être différent. Mais je suis là pour rappeler à Luna ce que nous avons traversé, ce que nous avons perdu à cause d'eux. Je suis là pour m'assurer qu'elle ne retombe pas dans les mêmes pièges, qu'elle ne se laisse pas berner par une illusion de sécurité. Parce que je sais ce que ça fait de tomber, de se briser, et je ne laisserai pas ça arriver de nouveau.

Felicity peut bien s'amuser, jouer à la fille forte et indépendante, mais moi, je suis la réalité brutale. Je suis celle qui protège vraiment, qui garde la douleur en vie pour s'assurer qu'on ne la subisse plus jamais. Sky ne sait pas à qui il a affaire. Et s'il pense pouvoir me contourner, il se trompe lourdement.

Je regarde Felicity faire les cent pas devant moi, son agitation presque comique à mes yeux. Un sourire moqueur se forme sur mes lèvres alors que je la vois se débattre avec ses émotions, sa pseudo-rébellion contre ce qu'elle pense être une menace.

⸺ Tu es si naïve, ma pauvre fille, dis-je en la fixant, mon ton chargé de mépris. Tu crois vraiment que tu peux tout contrôler, que tu es celle qui tient les rênes ?

Elle s'arrête un instant, son regard flamboyant de colère, mais ça ne m'impressionne pas. Rien de ce qu'elle fait ne m'impressionne vraiment. Felicity se pavane, joue à la femme forte, à la séductrice, mais au fond, elle n'est rien de plus qu'un masque, une façade.

⸺ Regarde-toi, tu cours après quoi, exactement ? Tu penses que tu peux prendre sa place, être plus forte, plus importante ? Mais tout ce que tu fais, c'est t'agiter dans tous les sens, comme un pantin sans but. Tu te perds dans tes illusions de grandeur, dans cette fausse puissance que tu crois avoir.

Je croise les bras, me délectant de la façon dont mes mots la piquent, dont ils la déstabilisent. Elle essaie de ne pas le montrer, mais je sais que ça la touche. Parce qu'au fond, elle sait que j'ai raison.

⸺ Tu n'es qu'une distraction, Felicity. Une distraction pour elle. Une jolie petite illusion qui l'aide à oublier sa douleur, son apparence pendant un moment. Mais moi, je suis l'authenticité. Je suis celle qui porte tout ce qu'elle ne peut pas affronter. Je suis celle qui reste quand tout s'écroule. Et tu sais quoi ? Je n'ai pas besoin de parader comme toi pour savoir que je suis la plus forte.

Je m'avance vers elle, mes yeux fixés sur les siens, la défiant de répliquer, sortant de mes ombres.

⸺ Tu veux jouer les grandes, mais tu ne sais même pas à quel point tu es insignifiante. Tu ne fais que suivre le courant, tandis que moi, je suis celle qui tient la barque à flot. Alors, continue de t'agiter, de jouer à la fille robuste, mais souviens-toi bien de ceci : tu ne fais que danser sur ma scène, Felicity. Et à la fin, c'est moi qui décide comment tout ça se termine. Parce qu'entre nous, l'alter la plus dangereuse, c'est toi.