Sky Grimshade, tome 2

Chapitre 67 : Luna

Je devrais mettre fin à ce moment, j'en suis consciente, mais je suis incapable de le faire. Tout ce que nous avons partagé aujourd'hui, ces derniers jours, et maintenant ce baiser, prend une ampleur qui me submerge. Pourtant, la peur que je redoutais tant ne vient pas. Au contraire, c'est le désir qui s'empare de moi, ce feu doux et brûlant à la fois.

Je sens sa dureté contre mon ventre, une réalité qui devrait me faire reculer, qui aurait dû me provoquer un flot de nausée. Mais rien de tout ça n'arrive. À la place, une étrange chaleur m'envahit, une envie de me rapprocher encore plus de lui.

Je le veux.

Je veux croire que je peux le faire, que je peux être avec lui, sans crainte, sans que mon esprit ne me ramène à mes cauchemars. Je ferme les yeux un instant, cherchant cette force en moi. Gloomy m'a promis que je ne risquerais rien, que cette fois, ce serait différent.

Alors, j'ouvre les yeux et le regarde. Je veux essayer, parce que c'est lui, parce que je lui fais confiance, plus qu'à quiconque.

Je prends une profonde inspiration, sentant la chaleur se répandre dans tout mon corps. Il est là, devant moi, ses yeux plantés dans les miens, et pour la première fois, je ne veux pas fuir.

Je laisse mes doigts glisser sur son dos, effleurant la courbe de ses muscles à travers son pull. Un frisson me traverse. Je le veux. Pas simplement son corps, mais tout ce qu'il représente : la sécurité, la tendresse, la promesse qu'avec lui, les choses peuvent être autre chose en bien.

— Sky, murmuré-je, ma voix à peine un souffle dans l'air glacial de la nuit. Je... je veux essayer.

Je sens son corps se raidir légèrement, son souffle s'accélérant contre ma peau. Il me regarde, cherchant à comprendre si je suis sérieuse, si je suis prête. Et je le suis.

Il inspire profondément, les mains posées sur mes hanches, toujours aussi délicat, comme s'il avait peur de briser le moment.

— Tu es sûre ? chuchote-t-il, sa voix rauque, emplie de retenue. Je ne veux pas te faire de mal, je... je veux que ce soit toi qui décides.

Je hoche la tête, le cœur battant à tout rompre. La peur est là, quelque part, tapie dans l'ombre, mais elle n'a pas de prise sur moi. Parce que c'est lui. Parce que je veux que ce soit avec lui.

— Oui, soufflé-je, un peu plus fort cette fois. Mais... doucement.

Il acquiesce, ses yeux brillants d'une tendresse infinie. Doucement, il se penche et dépose un baiser sur ma joue, puis un autre sur ma mâchoire, descendant lentement vers mon cou. Chaque baiser est comme une caresse, une promesse qu'il ira à mon rythme, que rien ne se passera sans que je le veuille.

— D'accord, murmure-t-il contre ma peau, sa voix vibrante d'émotion. Doucement, princesse, je te le promets.

Je ferme les yeux, m'abandonnant à ses lèvres, à ses mains qui glissent doucement le long de mon dos. Une vague de désir monte en moi, et je me laisse emporter par ce moment, par lui. Parce que pour la première fois, je me sens en sécurité, prête à essayer, à découvrir ce que nous pouvons être ensemble.

Malgré le froid de la nuit, ses gestes suffisent à me réchauffer, une chaleur douce qui se répand dans chaque fibre de mon être. Nous reculons ensemble, nos mouvements désordonnés, maladroits, jusqu'à ce que nous tombions sur le canapé du toit, couvert de neige fondue.

Un cri de surprise m'échappe en sentant l'humidité glaciale traverser mes vêtements, suivi d'un éclat de rire que je ne parviens pas à retenir.

— C'est gelé ! fais je remarquer, secouée de rire alors que la fraîcheur mord ma peau.