3- La tentation

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Chapitre 3 :

Les jours qui suivirent, je m'efforçais de me concentrer sur mon nouvel emploi. C'était un poste d'assistante dans un cabinet de relations publiques, pas exactement ce dont j'avais rêvé, mais c'était un début. Cependant, chaque fois que je rentrais chez moi le soir, épuisée mais satisfaite de mes progrès, il y avait toujours une ombre qui assombrissait ma bonne humeur : Gabriel.

Il continuait à m'agacer de toutes les manières possibles. Parfois, il laissait sa musique un peu trop forte, ou alors je l'entendais discuter dans le couloir, avec ce ton chaleureux qui me faisait rougir d'irritation. Une fois, je l'avais même surpris en train de parler à une autre voisine dans le hall de l'immeuble. Elle gloussait comme une collégienne, et lui... il affichait ce sourire en coin. Pourquoi cela m'avait-il agacée autant ? Après tout, ce n'était qu'un voisin. Mais cette pensée ne parvenait pas à étouffer la vague d'irritation qui montait en moi.

Un soir, alors que je sortais les poubelles, je le vis près de l'ascenseur. Il portait une chemise décontractée et une veste sombre, et son regard s'illumina en me voyant arriver. J'essayais de me convaincre que je pouvais passer à côté de lui sans rien dire, sans que mon cœur ne batte la chamade. Mais dès que nos regards se croisèrent, il lança, moqueur :

« Tu as passé une bonne journée, Anna ? »

Sa voix profonde résonna en moi plus que je ne voulais l'admettre. J'ignorais pourquoi chaque mot qu'il prononçait m'affectait autant.

« Oui, merci. » Je tentai de rester neutre, mais il semblait lire en moi comme dans un livre ouvert.

« On dirait que quelqu'un est de bonne humeur ce soir, » continua-t-il avec un sourire en coin. « Tu as enfin trouvé un travail ? »

Son ton, mi-moqueur mi-intéressé, m'irritait. Il se croyait tellement supérieur, mais au fond, je ne pouvais nier que cette attention constante me troublait plus que je ne voulais l'admettre.

« En effet. Alors tu peux arrêter de te moquer de moi maintenant, » répliquai-je, une lueur de défi dans les yeux.

Il rit doucement, et j'eus l'impression que le monde s'arrêtait pendant une seconde. Cette tension entre nous devenait insupportable, et pourtant, je n'avais aucune envie qu'elle cesse.

« Très bien, mademoiselle travailleuse acharnée, » dit-il en prenant un ton faussement respectueux. « J'espère que tes collègues sauront te supporter. Tu es... pleine de caractère. »

« Et toi, tu es insupportable. »

Mon commentaire le fit sourire de plus belle, comme si mon agacement était un compliment.

« Insupportable ? » dit-il en haussant un sourcil. « Je préfère dire... intrigant. Avoue-le, Anna. Tu es intriguée. »

J'ouvris la bouche pour répliquer, mais aucun mot ne sortit. Il avait vu juste. Je n'étais pas simplement agacée par lui. Une partie de moi voulait percer ce mystère qui entourait Gabriel, comprendre pourquoi il suscitait chez moi autant de confusion et de frustration.

Voyant mon silence, il sembla savourer sa victoire. « C'est bien ce que je pensais. »

Sans ajouter un mot, il se retourna et s'éloigna vers son appartement, me laissant plantée là, le cœur battant, incapable de remettre de l'ordre dans mes pensées. Pourquoi est-ce que ce simple échange m'affectait autant ? Je savais que je devais rester concentrée sur mes objectifs, sur ma nouvelle vie, mais Gabriel occupait une place de plus en plus importante dans mon esprit.

Les jours suivants, je fis de mon mieux pour éviter Gabriel. Je partais tôt et rentrais tard, espérant qu'il serait occupé ailleurs. Mais chaque fois que je pensais l'avoir échappé, il était là, un sourire malicieux aux lèvres, prêt à me lancer une remarque ou à me faire perdre mes moyens.

Et un soir, alors que je rentrais tard après une longue journée de travail, je le trouvai assis sur les marches de notre immeuble, comme s'il m'attendait. Mon cœur s'emballa, et une partie de moi avait envie de faire demi-tour. Mais avant que je ne puisse réagir, il leva la tête et me sourit.

« Toujours aussi déterminée, à ce que je vois, » dit-il en me regardant, son regard perçant ancré dans le mien.

« Qu'est-ce que tu fais là, Gabriel ? » demandai-je, un peu sur la défensive.

Il haussa les épaules. « J'avais besoin d'un peu d'air, et je me disais que tu pourrais avoir besoin d'une pause. »

Une part de moi savait que je devais refuser. Je ne voulais pas qu'il pense que j'étais si facilement influençable. Mais la tentation d'accepter, juste une fois, était trop forte.

Sans trop réfléchir, je m'assis à côté de lui. Les mots ne venaient pas facilement, mais cela n'avait pas d'importance. Pendant un moment, le silence nous enveloppa, et ce fut comme si la tension entre nous disparaissait, remplacée par une paix inattendue.

Alors que je me tournais vers lui, il posa son regard sur moi, un éclat mystérieux dans les yeux. Mon cœur battait si fort que j'étais sûre qu'il pouvait l'entendre.

« Pourquoi tu fais tout ça, Gabriel ? Pourquoi tu... m'énerves autant ? » murmurais-je finalement.

Il resta silencieux un instant, son regard se faisant plus intense.

« Peut-être parce que tu es la première personne que je rencontre ici qui a du caractère. Ça me plaît, » dit-il finalement, en un murmure.

Et avant que je ne puisse réagir, il s'était penché vers moi, ses lèvres effleurant les miennes, un baiser si bref, si inattendu, qu'il laissa mon cœur en suspens.

Lorsqu'il se recula, un sourire satisfait étira ses lèvres.

« Bonne nuit, Anna, » dit-il en se levant, me laissant là, le souffle coupé, le cœur battant encore plus fort qu'avant.

Je ne savais pas ce que cela signifiait, ni où cette histoire nous mènerait. Mais une chose était certaine : Gabriel était loin d'être un simple voisin, et mon cœur, malgré moi, semblait prêt à lui accorder une place bien plus grande que je ne l'aurais jamais imaginé.

mon voisin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant