29-Confrontations et révélations

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Chapitre 29 :

Le lendemain de notre rencontre avec Émilie, je ne parvenais pas à oublier son regard rempli de reproches. Sa silhouette fuyante me hantait, et une culpabilité écrasante s'installait en moi. Gabriel tentait de me rassurer, mais même ses mots doux et ses promesses ne pouvaient effacer cette douleur.

Au réveil, un message m'attendait. Émilie voulait me voir. Mon cœur se serra, partagé entre la peur et l'envie de lui parler. Je savais que cette confrontation serait difficile, mais il était temps de mettre les choses au clair.

Nous nous retrouvâmes dans un café du centre-ville. L'ambiance était froide et tendue, rien à voir avec les moments de complicité que nous partagions autrefois. Émilie me fixait, les bras croisés, un mélange de tristesse et de colère dans les yeux.

« Anna, pourquoi tu ne m'as rien dit ? » demanda-t-elle d'une voix brisée. « Je pensais qu'on se disait tout. »

Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard. « Je suis désolée, Émilie. Tout ça est arrivé si vite, et je ne voulais pas te blesser. Je ne savais pas comment te l'avouer... »

Elle secoua la tête, visiblement déçue. « Je n'ai rien contre Gabriel. Mais je t'ai vue t'éloigner de moi, de notre amitié. Tu n'as même pas pris le temps de m'en parler, de me demander ce que j'en pensais. »

Sa voix se brisait, et je pouvais voir les larmes dans ses yeux. Elle continua : « Je t'ai toujours soutenue, dans les bons comme dans les mauvais moments, et là... tu m'as laissée de côté. »

Ces mots résonnèrent douloureusement en moi. Elle avait raison. Dans mon tourbillon d'émotions et de doutes, j'avais négligé celle qui avait toujours été à mes côtés. Je pris une profonde inspiration, tentant de contenir mes propres larmes.

« Émilie, tu comptes énormément pour moi. Ce n'est pas parce que je suis avec Gabriel que je veux te perdre. » Ma voix tremblait légèrement, mais je continuai : « J'étais juste tellement perdue dans mes propres sentiments que je n'ai pas su comment agir. Je te demande pardon. »

Elle resta silencieuse un moment, observant mes yeux humides avec une expression mitigée. Puis, lentement, elle hocha la tête.

« Je vais essayer de comprendre, Anna. Mais ça prendra du temps. »

Le soulagement me traversa, même si je sentais que notre relation avait changé. Émilie se leva pour partir, et je restai assise, repensant à tout ce qui venait de se passer. Ma relation avec Gabriel avait un prix, et il était plus lourd que je ne l'avais imaginé.

En rentrant chez moi ce soir-là, je trouvai Gabriel qui m'attendait devant la porte. Son sourire s'effaça lorsqu'il vit mon visage fatigué, et sans un mot, il m'attira dans ses bras.

« Ça va aller, » murmura-t-il, caressant mes cheveux avec tendresse.

Je m'appuyai contre lui, profitant de cette chaleur rassurante. Pourtant, même dans ses bras, un doute subsistait. Serais-je prête à accepter ce que cette relation allait me coûter ?

Cette nuit-là, je ne trouvai pas le sommeil. Mon esprit était en proie à une tempête de pensées, d'incertitudes, et de regrets. Dans ma vie, tout semblait s'effondrer et se reconstruire en même temps. Gabriel m'apportait une intensité et une passion que je n'avais jamais connues, mais à quel prix ?

Le lendemain, alors que nous étions assis dans un café, Gabriel posa sa main sur la mienne et, comme s'il lisait dans mes pensées, il me demanda doucement : « Tu regrettes tout ça, Anna ? »

Je relevai les yeux, troublée par l'intensité de son regard. Les mots me manquaient, mais je savais qu'il attendait une réponse sincère.

« Non, Gabriel. Je ne regrette pas d'être avec toi. Mais je regrette... que ce soit si compliqué. »

Il hocha la tête, l'ombre d'une tristesse passant dans ses yeux. « Je comprends. Rien n'est simple quand on est ensemble, et je sais que notre relation bouscule ta vie.

Gabriel me regardait avec une sincérité désarmante. « ...mais tu dois savoir que je suis là, que je tiens vraiment à toi, Anna. »

Ces mots me frappèrent en plein cœur. Pendant longtemps, j'avais voulu entendre quelqu'un me dire ça, me rassurer, me promettre qu'il resterait malgré mes doutes et mes peurs. J'étais toujours celle qui repoussait, celle qui bâtissait des murs, mais Gabriel semblait prêt à les franchir un par un.

« C'est juste que... » Ma voix trembla légèrement. « C'est difficile pour moi d'ouvrir mon cœur, Gabriel. J'ai tellement peur que ça finisse mal, que je perde pied. »

Il hocha la tête en silence, comprenant, sans pour autant lâcher ma main. « Et si on prenait notre temps, alors ? On n'a pas besoin de précipiter les choses, ni de chercher à tout définir. Ce qui compte, c'est ce qu'on ressent l'un pour l'autre, ici, maintenant. »

Un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Ce qui me faisait peur, c'était aussi ce qui rendait cette relation si belle : l'inconnu, l'imprévu, la possibilité d'un bonheur inattendu.

« D'accord, » murmurai-je, le cœur battant. « Prenons notre temps. »

Gabriel sourit en retour, et dans ce sourire, je sentis la promesse silencieuse de quelqu'un prêt à attendre, à être là sans imposer de limites. Il m'attira doucement dans ses bras, et pour la première fois, je me laissai aller, posant ma tête contre son épaule, profitant de cette proximité.

Le silence qui suivit n'avait rien de lourd ni de pesant. C'était un silence de compréhension, un moment de paix partagée. Assis sur ce banc, au bord du lac, je compris que, malgré mes craintes, Gabriel faisait partie de mon chemin. Peut-être que nous allions affronter des tempêtes, peut-être que nous allions nous blesser, mais ce moment-là, dans ses bras, était tout ce qui comptait.

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