4-Les doutes

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Chapitre 4 :

Les jours suivants, j'étais comme en apesanteur. Ce baiser volé hantait mes pensées, et malgré moi, je le revivais encore et encore. Je n'arrivais pas à me concentrer sur quoi que ce soit. Au travail, mes collègues me demandaient si tout allait bien, et je n'osais pas leur dire la vérité. Je n'allais tout de même pas avouer qu'un voisin insupportable, mais diablement séduisant, occupait mon esprit à longueur de journée.

Pourtant, une partie de moi luttait contre cette attirance. Gabriel représentait tout ce que j'essayais d'éviter : l'arrogance, la légèreté, et cette tendance à se moquer de moi. Ce genre de gars n'était pas fait pour moi, et je le savais bien. J'avais des objectifs, des rêves, et je ne pouvais pas me permettre de me laisser distraire.

Un soir, alors que je rentrais d'une autre journée éreintante, je trouvai un petit mot glissé sous ma porte. Mon cœur fit un bond. Qui pouvait bien m'écrire ? Je m'empressai de ramasser le papier, et lorsque je reconnus l'écriture, un mélange de curiosité et d'appréhension s'empara de moi.

« Tu es libre ce soir ? Une discussion serait peut-être... nécessaire. Gabriel. »

Je me mordis la lèvre, indécise. Une discussion ? Qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir dire ? L'idée de le retrouver m'angoissait autant qu'elle me plaisait. Devais-je accepter ?

Après quelques minutes d'hésitation, je me décidai finalement à y aller. Il fallait mettre les choses au clair, comprendre où il voulait en venir. Je frappai à sa porte, le cœur battant, et après quelques secondes, il apparut, un sourire satisfait étirant ses lèvres.

« Je ne pensais pas que tu viendrais, » dit-il en me laissant entrer.

« Pourquoi ce mot, Gabriel ? » demandai-je, sans détour. « Qu'est-ce que tu cherches à prouver ? »

Il haussa un sourcil, visiblement amusé par mon ton direct.

« Je ne cherche rien à prouver, Anna. Peut-être que... je voulais juste te connaître un peu mieux. »

Je fronçai les sourcils. Tout chez lui était un mystère, un jeu. Mais son regard, ce soir-là, semblait sincère.

Nous nous assîmes sur le canapé de son petit salon, et pour la première fois, une vraie conversation s'engagea entre nous. Il m'apprit qu'il avait déménagé ici pour échapper à son passé, une relation compliquée qui l'avait laissé avec un goût amer. En l'écoutant, je voyais une autre facette de Gabriel, une qui n'était pas faite de sourires moqueurs et de sarcasme. Il y avait une vulnérabilité que je n'avais jamais imaginée chez lui.

« Et toi, Anna ? Pourquoi New York ? » demanda-t-il finalement, après un silence.

Je baissai les yeux, un peu embarrassée. La vérité était bien plus simple que la sienne, mais tout aussi importante pour moi.

« J'avais besoin de changement, de nouveaux horizons. Un peu comme toi, peut-être. »

Il hocha la tête, pensif, et pendant un instant, ce silence partagé nous rapprocha davantage que tous les mots échangés.

Alors que la nuit avançait, je me sentais de plus en plus à l'aise avec lui. Mais au moment où je pensais que tout devenait enfin clair entre nous, il se leva et me dit, d'un ton énigmatique :

« Ne pense pas que ce sera facile, Anna. Je ne suis pas le genre d'homme qu'on apprivoise facilement. »

Sa remarque fit retomber toute la tension, et mon irritation envers lui reprit le dessus. Ce jeu de chat et de souris, cette arrogance ! Pourquoi ne pouvait-il pas simplement être honnête, sans cette barrière qu'il érigeait constamment ?

Je me levai, prête à partir. Mais avant de franchir la porte, je me retournai et le regardai dans les yeux.

« Moi non plus, je ne suis pas du genre à me laisser faire. Si tu veux jouer, Gabriel, sois prêt à en assumer les conséquences. »

Il éclata de rire, ce rire profond qui me faisait frémir. Mais cette fois, je ne laissai pas mon cœur s'emballer. Je partis sans un mot de plus, laissant derrière moi un homme aussi frustrant qu'irrésistible.

Dans l'ascenseur qui me ramenait chez moi, je pris une grande inspiration, décidée à ne plus me laisser distraire. Gabriel ne pouvait pas être plus qu'un voisin. Je ne pouvais pas me permettre de me perdre dans ses jeux.

Pourtant, en rentrant chez moi, la silhouette de Gabriel et ce sourire provocateur ne quittaient pas mes pensées. C'était une bataille entre mon cœur et ma raison. Et je savais que, tôt ou tard, l'un des deux finirait par l'emporter.

À suivre...

mon voisin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant