5- Prendre ses Marques

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Chapitre 5 :

Les semaines passaient, et petit à petit, je commençais à m'adapter à la vie à New York. Entre les cours et les recherches d'emploi, mes journées étaient bien remplies, mais un sentiment de solitude persistait malgré tout. Heureusement, il y avait Mia.

Mia était ma voisine de palier et rapidement devenue ma meilleure amie. Elle était tout ce que je n'étais pas : spontanée, audacieuse, et avec une répartie que j'admirais secrètement. Elle travaillait dans un café, le « Blue Corner », situé à quelques rues de chez nous. Ce café, avec ses murs en briques apparentes et ses grandes baies vitrées, était devenu notre repaire. Mia avait cette capacité à rendre tout amusant, même les longues heures de travail. Elle me racontait des anecdotes sur les clients, m'aidait à relativiser mes petites frustrations, et ne manquait jamais une occasion de me rappeler que je ne devais pas prendre Gabriel trop au sérieux.

Un après-midi, alors que je terminais mes cours plus tôt, je décidais d'aller la rejoindre au « Blue Corner » pour prendre un café et décompresser. En arrivant, j'aperçus Mia en pleine conversation avec un client, tout sourire. Elle était dans son élément, comme si ce café était un prolongement de sa personnalité.

« Eh bien, mademoiselle la travailleuse acharnée, tu te décides enfin à venir nous rendre visite ? » lança-t-elle en me voyant entrer.

Je lui souris et m'installai à une table près du comptoir. Quelques minutes plus tard, elle me rejoignit pendant sa pause, une tasse de cappuccino dans chaque main.

« Alors, comment ça se passe tes recherches d'emploi ? » demanda-t-elle en prenant une gorgée de sa boisson.

« Toujours rien de concret, » répondis-je en soupirant. « J'ai fait des entretiens, mais les réponses se font attendre... »

Mia posa sa main sur la mienne et me lança un sourire réconfortant. « Ne t'inquiète pas, ça va finir par marcher. En attendant, tu peux toujours travailler ici avec moi. »

Avant que je ne puisse répondre, un son familier attira mon attention. Gabriel venait d'entrer dans le café. Vêtu d'une chemise légèrement déboutonnée et d'un manteau bien coupé, il avait cet air décontracté qui attirait tous les regards. À peine l'avais-je remarqué que Mia me fit un clin d'œil malicieux.

« Ne me dis pas que c'est... »

Je levai les yeux au ciel. « Oui, c'est lui. Et oui, c'est agaçant. »

Gabriel sembla me repérer immédiatement, et comme s'il avait lu mes pensées, il s'approcha de notre table avec un sourire en coin.

« Anna, quelle surprise ! On dirait que tu as trouvé un refuge ici, » lança-t-il en jetant un regard complice à Mia.

« Et toi, Gabriel, tu n'as pas autre chose à faire que de me suivre partout ? » rétorquai-je, décidée à ne pas lui laisser la satisfaction de voir qu'il me troublait.

Il éclata de rire, et Mia, amusée, lança : « Alors, c'est toi le fameux voisin dont elle parle tout le temps ! »

Je la fusillai du regard, mais elle ignora complètement mon agacement, observant Gabriel avec un intérêt évident.

Gabriel hocha la tête, le sourire toujours accroché à ses lèvres. « Eh bien, je suis flatté d'être un sujet de conversation. Mais rassure-toi, Anna, je suis simplement ici pour mon café habituel. »

Alors qu'il faisait la queue pour commander, Mia se pencha vers moi, un air taquin dans les yeux. « Je vois pourquoi tu es si agacée... mais honnêtement, je ne comprends pas pourquoi tu lui résistes. »

« Mia, c'est plus compliqué que ça. Il est... agaçant, » répondis-je, tentant de me convaincre moi-même.

Elle éclata de rire. « Agacée, peut-être, mais pas indifférente. »

Gabriel revint peu après avec son café, et, bien sûr, choisit la table juste à côté de la nôtre. Même s'il ne disait rien, sa simple présence semblait remplir tout l'espace. Et je détestais l'admettre, mais Mia avait raison : une partie de moi n'était pas aussi indifférente que je le prétendais.

Les jours suivants, je continuai de passer du temps avec Mia au café, tentant de me concentrer sur ma recherche d'emploi. Parfois, elle m'entraînait dans ses discussions avec les clients ou me présentait à ses amis, ce qui me permettait de m'intégrer davantage dans la ville. Cependant, Gabriel trouvait toujours un moyen de s'incruster dans mes pensées, que ce soit en apparaissant au café ou en me croisant dans le couloir de l'immeuble.

Un soir, alors que Mia et moi discutions de nos rêves pour l'avenir, elle me posa une question qui me prit de court.

« Anna, si tu avais le choix, tu ferais quoi dans la vie ? Vraiment. Pas juste un boulot pour payer les factures. »

Je pris un moment pour réfléchir. « Je suppose que... j'aimerais peut-être écrire. Des histoires, des articles... quelque chose qui touche les gens. »

Mia me fixa, un sourire émerveillé aux lèvres. « Tu devrais essayer, Anna. Écrire, je veux dire. Qui sait où ça pourrait te mener ? »

Ses mots résonnèrent en moi. Peut-être que j'avais trop cherché à fuir mes propres passions, trop focalisée sur l'idée de trouver un emploi « normal ». Cette conversation alluma une petite flamme en moi, une envie d'explorer cet aspect de moi-même que j'avais laissé de côté.

Mais ce chemin vers la découverte de soi n'était pas simple, surtout avec Gabriel qui continuait de hanter mes pensées et de troubler mon quotidien. Entre mes moments au café, mes discussions profondes avec Mia, et les rencontres imprévues avec Gabriel, ma vie à New York devenait un véritable tourbillon d'émotions.

Et au fond de moi, je savais que tôt ou tard, je devrais décider de ce que je voulais vraiment.

mon voisin Où les histoires vivent. Découvrez maintenant