Chapitre 11Travailler au café m'avait offert une bouffée d'air frais. C'était un petit établissement charmant, avec une ambiance feutrée, des murs en briques apparentes et des étagères remplies de livres que les clients laissaient parfois derrière eux. Le contact avec les clients, les arômes de café qui flottaient dans l'air, et la satisfaction de m'occuper moi-même de mes dépenses... Tout cela me donnait un sentiment de liberté que je n'avais jamais vraiment ressenti.
Un après-midi, en plein service, alors que j'étais concentrée à faire mousser du lait pour un latte, j'ai entendu un éclat de rire que je reconnaîtrais entre mille. J'ai levé les yeux, et bien sûr, c'était lui. Gabriel, avec son sourire insolent et son air provocateur, venait d'entrer dans MON café. À ce moment-là, j'ai prié pour qu'il ne m'ait pas vue, mais évidemment, mon souhait n'a pas été exaucé.
Il s'est approché du comptoir, et pendant une fraction de seconde, nos regards se sont croisés. J'ai senti un mélange d'agacement et de chaleur m'envahir. Gabriel s'appuya sur le comptoir, me fixant avec ce petit sourire narquois qui me faisait toujours bouillonner.
« Alors, Anna, tu joues à la barista maintenant ? » lança-t-il, amusé.
Je me suis contentée de le regarder sans répondre, essayant de garder mon calme. Après tout, c'était mon lieu de travail. Je ne pouvais pas me permettre de lui montrer qu'il me perturbait. Je pris une grande respiration, puis lui demandai d'un ton neutre :
« Tu veux commander quelque chose ou tu es juste là pour m'embêter ? »
Gabriel haussa les sourcils, clairement amusé par ma question. Il prit le temps de réfléchir, comme s'il évaluait le meilleur moyen de me taquiner.
« Eh bien... Je vais prendre un café, mais seulement si c'est toi qui le fais. »
J'ai senti mes joues chauffer. Comment faisait-il pour transformer la commande la plus banale en quelque chose d'aussi agaçant ? Je me mis au travail, en silence, espérant qu'il ne dirait rien de plus. Mais, bien sûr, Gabriel n'était pas du genre à rester silencieux.
« Tu sembles bien dans ton rôle ici. Je ne t'aurais jamais imaginée à servir du café. C'est mignon, » ajouta-t-il avec un sourire moqueur.
Je lui tendis son café, évitant son regard. « Voilà. Maintenant, tu peux aller t'asseoir et boire ton café tranquillement comme tout le monde. »
Il me remercia avec un sourire en coin avant de partir s'installer à une table près de la fenêtre. Pourtant, même de loin, je pouvais sentir son regard sur moi. Cela m'agaçait et m'intriguait en même temps.
Pendant le reste de mon service, j'essayais de me concentrer sur mes clients, mais chaque fois que je passais près de sa table, Gabriel ne manquait pas de me faire une remarque, toujours avec ce même air sûr de lui.
Vers la fin de la journée, Sophie est passée me voir au café. Elle était rayonnante, comme toujours, et j'ai tout de suite compris qu'elle avait quelque chose à me dire. En apercevant Gabriel installé près de la fenêtre, elle ne put s'empêcher de sourire et de me lancer un regard complice.
« Alors... il vient ici juste pour toi, ou c'est une coïncidence ? » me murmura-t-elle en souriant.
« Il est là pour m'embêter, rien de plus, » soupirai-je, exaspérée.
« Ou peut-être pour quelque chose de plus, » insista-t-elle en haussant les sourcils.
Je roulai les yeux, tentant de changer de sujet, mais Sophie était obstinée. Elle s'approcha de la table de Gabriel, à ma grande surprise, et engagea la conversation. Ils discutèrent quelques instants, et je voyais Gabriel sourire, visiblement amusé par la situation. Puis, Sophie revint vers moi, avec un sourire encore plus large.
« Il dit qu'il aime beaucoup ce café et qu'il reviendra. Je pense qu'il a trouvé une nouvelle excuse pour te voir. »
Je secouai la tête. Ce n'était qu'un jeu pour lui, rien de plus. Pourtant, quelque chose au fond de moi se demandait s'il y avait une part de vérité dans les mots de Sophie.
Ce soir-là, en fermant le café, j'ai repensé à Gabriel. Sa présence constante me troublait plus que je ne voulais l'admettre. Pourquoi ne pouvait-il pas me laisser tranquille ? Pourquoi revenait-il, encore et encore, avec ce sourire mystérieux ?
Alors que je m'apprêtais à quitter le café, Gabriel m'attendait dehors, adossé contre le mur.
« Tu as fini pour aujourd'hui ? » demanda-t-il.
Je le regardai, surprise. « Oui, mais ça ne te regarde pas. »
Il rit doucement, puis marcha à mes côtés alors que je m'éloignais du café. Le silence s'installa entre nous, et pour une fois, il ne semblait pas chercher à me taquiner. C'était étrange, comme un moment de calme entre deux tempêtes.
Enfin, il brisa le silence. « Tu sais, tu es différente ici. On dirait que ce travail te rend heureuse. »
Cette remarque me surprit. C'était inhabituel, presque... sincère. J'hésitai, puis répondis, plus honnêtement que je ne l'aurais voulu.
« Oui, ça m'apporte quelque chose de différent. J'aime l'indépendance que ça me donne. »
Il hocha la tête, pensif, et un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Puis, avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, il tourna les talons et s'éloigna, me laissant seule dans la rue, perturbée par cette conversation étrange et inattendue.
Alors que je le regardais s'éloigner dans la nuit, je sentis un étrange pincement au cœur. Je détestais admettre que sa présence, ses remarques, même ses moqueries, commençaient à faire partie de mon quotidien. Pourquoi, alors, ressentais-je ce vide quand il s'en allait ?
Je secouai la tête, refusant de céder à cette pensée. Gabriel n'était rien de plus qu'un voisin envahissant, quelqu'un qui adorait se moquer de moi. Pourtant, une petite voix murmurait, presque imperceptible, que peut-être, derrière ce sourire narquois, il y avait autre chose.
Avec un soupir, je fermai la porte du café et pris la direction de chez moi, prête à mettre cette journée derrière moi. Mais l'image de Gabriel, adossé contre le mur, continuait de flotter dans mon esprit bien après qu'il ait disparu de mon champ de vision.
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mon voisin
RomanceMoi, c'est Anna, j'ai 20 ans et je suis étudiante en lettres. Je suis une fille indépendante, passionnée par la littérature et les arts. La vie m'a toujours appris à me battre pour ce que je veux, et je n'ai jamais laissé quoi que ce soit m'arrêter...