27-un jeu de regards

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chapitre 27

Le week-end chez moi avançait, et chaque instant avec Gabriel semblait empli d'une intensité nouvelle. Après la fête, nous avions décidé de passer la journée ensemble, loin du bruit et des regards curieux de ses amis. Une balade improvisée nous emmena vers un petit parc tranquille, et, sans vraiment le prévoir, nous nous installâmes sur un banc face à un lac scintillant sous le soleil d'automne.

Le silence entre nous était lourd, presque solennel. Gabriel jouait nerveusement avec une feuille tombée à ses pieds, et moi, je l'observais, le cœur battant. Il finit par rompre le silence.

« Anna... je pense souvent à toi. Et quand tu n'es pas là, tout me paraît fade, » murmura-t-il, comme s'il avouait une vérité qu'il gardait enfouie depuis trop longtemps.

Ces mots résonnèrent profondément en moi, mais je ne savais pas si j'étais prête à m'ouvrir de la même manière. J'avais peur de la vulnérabilité que cela impliquait.

« Tu me manques aussi, » finis-je par dire, baissant les yeux. « Mais tout est si compliqué. Avec ma famille, avec Émilie... et avec toi, parfois, je ne sais pas où on en est. »

Gabriel soupira et se tourna vers moi, ses yeux intenses cherchant à percer mes barrières. « Je sais que c'est compliqué, Anna. Mais peut-être que ce qu'on ressent ne doit pas toujours être logique. Parfois, il faut juste... lâcher prise. »

Je le regardai, cherchant un soutien dans ses yeux. « C'est difficile pour moi. J'ai toujours l'impression que si je me laisse aller, je pourrais tout perdre. »

Il posa doucement sa main sur la mienne, créant un contact rassurant. « Et si, pour une fois, tu t'accordais le droit de vivre quelque chose pour toi, sans te soucier du reste ? Juste être là, avec moi, et voir où ça nous mène ? »

Une vague d'émotion me submergea, et je sentis mes barrières faiblir. Peut-être que Gabriel avait raison. Peut-être que, malgré toutes mes peurs, je devais lui donner une chance. Je pris une profonde inspiration.

« D'accord, Gabriel. Essayons. Mais... pas de promesses, pas de précipitation, d'accord ? »

Il hocha la tête, un sourire soulagé et sincère illuminant son visage. « Pas de promesses. Juste nous, ici et maintenant. »

Ce fut un moment doux, un premier pas vers quelque chose de nouveau et d'inconnu. Alors que nous marchions côte à côte, je sentis pour la première fois depuis longtemps que je pouvais peut-être baisser ma garde. Le chemin était encore flou, mais pour une fois, cela ne me dérangeait pas.

Alors que nous continuions de marcher, le silence entre nous se transforma, prenant une teinte plus douce, presque complice. Le parc était tranquille, et les arbres autour de nous semblaient nous isoler du reste du monde, créant une bulle intime où seul comptait le présent.

Gabriel me jetait des regards de temps en temps, comme s'il craignait de briser cette paix fragile. Nous nous arrêtâmes près d'un grand saule dont les branches retombaient en rideau, et Gabriel s'appuya contre le tronc, son regard se perdant dans le feuillage.

« Tu sais, Anna... je ne pensais pas que ce serait aussi compliqué de te connaître, » dit-il, sa voix empreinte d'une sincérité qui me troubla. « Parfois, j'ai l'impression que tu me fuis, comme si tu avais peur de ce qu'on pourrait devenir. »

Je sentis une pointe de culpabilité, car il avait raison. « Ce n'est pas que je te fuis... C'est juste que je ne veux pas me perdre dans quelque chose de trop intense. J'ai toujours peur d'aimer, de m'attacher... »

Il hocha la tête, comprenant. « Je crois que je comprends. Mais tu n'as pas besoin d'avoir peur avec moi, Anna. Je veux juste être là, sans pression, sans attente. »

Sans vraiment y penser, je posai ma tête contre son épaule, et il glissa doucement son bras autour de mes épaules. Ce geste, si simple, mais si rempli de tendresse, m'apporta un apaisement inattendu. Nous restâmes ainsi un moment, chacun perdu dans ses pensées.

Puis, Gabriel se pencha légèrement et murmura, presque comme un secret : « Promets-moi seulement une chose. Que tu ne fuiras pas la prochaine fois que je m'ouvrirai à toi. »

Je sentis mon cœur se serrer. Sa voix tremblait légèrement, et pour la première fois, je réalisai que sous ses airs sûrs de lui, Gabriel cachait aussi des insécurités. Peut-être avait-il, lui aussi, peur d'être blessé.

Je relevai les yeux vers lui, plongeant dans son regard. « Je te le promets, » murmurai-je, le cœur battant. Et pour la première fois, j'étais prête à tenir cette promesse.

Ensemble, nous quittâmes le parc, marchant lentement sous les arbres aux feuilles dorées. C'était comme si la nature elle-même célébrait ce moment avec nous, chaque rayon de soleil illuminant un chemin que je n'avais pas prévu de prendre, mais que j'étais prête à explorer avec lui.

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