Chapitre 10 :
Ces derniers jours, je sentais que quelque chose avait changé entre Gabriel et moi. Nous continuions à échanger des piques comme d'habitude, mais il y avait aussi ces regards, ces moments où le silence entre nous disait plus que les mots. La tension était palpable, et même mes amis avaient remarqué que nos échanges prenaient une autre tournure.
Ce matin-là, je retrouvai Sophie pour prendre un café avant nos cours. Elle n'arrêta pas de me taquiner sur Gabriel.
« Alors, tu ne peux plus nier que tu as un faible pour lui ! » lança-t-elle, un sourire malicieux aux lèvres.
Je soupirai, détournant le regard pour éviter qu'elle ne voit la rougeur sur mes joues. « Sophie, c'est... compliqué. Il m'agace, il est insupportable, et pourtant... »
« Et pourtant, tu ne peux pas t'empêcher de penser à lui, c'est ça ? » Elle m'observa, l'air satisfaite. « Anna, parfois, les gens qui nous mettent au défi sont ceux dont on a le plus besoin. Peut-être qu'il t'aide à voir un côté de toi que tu refuses d'accepter. »
Je restai silencieuse, réfléchissant à ses paroles. Sophie avait souvent raison dans ses intuitions, même si je détestais l'admettre.
Après les cours, je me rendis à mon travail au café. Pour une fois, la journée était calme, et j'appréciai de pouvoir me plonger dans mes pensées sans être interrompue. Mais bien sûr, cette tranquillité fut de courte durée, car Gabriel fit son entrée.
Il s'installa au comptoir, l'air faussement innocent. « Alors, Anna, tu as eu le temps de penser à moi ? »
Je roulai des yeux, essayant de garder mon calme. « Ça ne va pas, toi ? Tu viens juste pour m'embêter ? »
Il me sourit, ce sourire qui me mettait toujours sur les nerfs. « Peut-être. Mais avoue que ça te plaît, quand je suis là. »
Je tentai de l'ignorer, mais Lucas arriva à son tour, hilare en voyant notre petite scène. « Vous devriez voir vos têtes, on dirait un vieux couple ! »
Je lançai un regard assassin à Lucas, mais Gabriel en profita pour renchérir. « Eh bien, Anna et moi, on se complète parfaitement, pas vrai ? »
Je m'apprêtai à répliquer, mais une cliente entra soudainement, une femme élégante dans la trentaine, qui s'approcha de Gabriel en lui souriant chaleureusement.
« Gabriel ! Quelle surprise de te voir ici ! » dit-elle, en posant une main sur son épaule.
Je fus prise de court. Elle était belle, confiante, et Gabriel semblait la connaître. Mon estomac se serra sans raison apparente.
« Hé, Carine ! » répondit-il, visiblement content de la voir. « Qu'est-ce que tu fais dans le coin ? »
Elle haussa les épaules en riant. « J'avais quelques rendez-vous professionnels, alors j'en ai profité pour passer te voir. »
Leur complicité me dérangea plus que je ne voulais l'admettre. Sophie, qui venait d'entrer, remarqua immédiatement mon malaise et s'approcha pour me murmurer à l'oreille.
« Oh là là, tu es jalouse, Anna ? »
« Quoi ? Non, absolument pas ! » protestai-je, trop rapidement peut-être.
Carine et Gabriel continuèrent de discuter, et chaque éclat de rire de Carine me paraissait comme un coup de poignard. J'essayai de ne pas montrer mon agacement, mais Sophie ne se priva pas de me lancer des regards malicieux.
Après quelques minutes, Carine annonça qu'elle devait partir, mais elle ne quitta pas Gabriel sans lui faire un petit clin d'œil.
« À bientôt, j'espère. On doit se revoir pour ce projet dont on a parlé, d'accord ? »
Gabriel acquiesça avec un sourire, et elle s'éloigna en lui jetant un dernier regard. Je n'avais jamais ressenti une telle envie de rivaliser avec quelqu'un. Carine semblait si parfaite, si sûre d'elle... et Gabriel semblait vraiment l'apprécier.
Une fois qu'elle fut partie, je ne pus m'empêcher de laisser échapper : « Alors, elle, c'est qui ? »
Gabriel haussa un sourcil, amusé. « Tu es curieuse, maintenant ? Carine est une amie d'enfance. On se connaît depuis toujours. »
« Une amie, vraiment ? Parce qu'elle n'avait pas l'air d'être juste une amie. »
Gabriel rit en secouant la tête. « Tu es jalouse, Anna ? »
« Pas du tout ! » répliquai-je, piquée au vif. « Je voulais juste m'assurer que tu n'apportes pas plus de problèmes dans ce café. »
Il éclata de rire, et Lucas lança une autre pique. « Allez, Anna, avoue que ça t'a un peu piqué de le voir avec quelqu'un d'autre. »
Je sentais mes joues rougir, mais je refusai de leur donner raison. « Vous êtes insupportables, tous les deux ! »
Les jours suivants, je fis de mon mieux pour éviter Gabriel. Mais c'était impossible : il semblait apparaître partout où j'allais. Et à chaque fois que je croisais Carine ou qu'elle apparaissait dans la conversation, une petite pointe de jalousie revenait. Mélanie remarqua mon trouble un soir où je passais la voir.
« Anna, tu es sûre de toi ? Parce que d'après ce que je vois, tu es en train de tomber pour Gabriel. »
Je soupirai, sentant le poids de cette vérité que je n'osais pas affronter. « Je ne sais pas, Mélanie. J'ai l'impression que quelque chose m'attire vers lui, mais c'est absurde. On est si différents. Et puis, je n'ai aucune envie de me lancer dans quelque chose d'aussi compliqué. »
Mélanie me sourit avec une douceur apaisante. « Parfois, les choses compliquées sont les plus belles. Ne le laisse pas partir si c'est vraiment ce que tu ressens. »
Plus tard, alors que je rentrais chez moi, Gabriel m'attendait devant ma porte, les mains dans les poches.
« Anna, tu comptes m'ignorer encore longtemps ? » dit-il, son regard sérieux, presque inquiet.
Je restai silencieuse, prise entre mon désir de fuir et cette attraction que je ne pouvais plus nier.
« C'est difficile de t'ignorer quand tu es partout, Gabriel. »
Il s'approcha, et je sentis mon cœur s'emballer. « Et si j'ai envie d'être partout où tu es ? Et si je te disais que je ne peux pas m'arrêter de penser à toi, malgré nos disputes, malgré tout ? »
Je le fixai, incapable de répondre, ma gorge nouée par l'émotion. Mais avant que je ne puisse prononcer un mot, il se pencha et déposa un baiser léger sur ma joue, tout près de mes lèvres.
« Réfléchis-y, Anna », murmura-t-il avant de s'éloigner, me laissant seule et bouleversée.
Je restai là, le cœur battant, sachant que ce moment allait tout changer. Gabriel avait brisé une barrière entre nous, et désormais, il ne restait plus qu'à savoir si j'étais prête à m'ouvrir à cette histoire...
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mon voisin
RomanceMoi, c'est Anna, j'ai 20 ans et je suis étudiante en lettres. Je suis une fille indépendante, passionnée par la littérature et les arts. La vie m'a toujours appris à me battre pour ce que je veux, et je n'ai jamais laissé quoi que ce soit m'arrêter...