Le Destin d'Aëdan [Original Story]

Chapitre 57 : L'interrogatoire de Camilla

Le silence régnait dans la pièce, un silence pesant, étouffant. L'air était lourd, imprégné d'une odeur de sueur, de sang séché et de bois moisi. Camilla gisait inconsciente sur le sol, sa respiration superficielle soulevant à peine sa poitrine. Une plaie fine marquait sa joue, souvenir de son duel contre Styx. La déesse, elle, était assise sur une chaise branlante, sa faux posée en équilibre contre son épaule. L'ombre de la lame dansait sur le sol, comme une présence menaçante. Ses yeux gris, perçants et dépourvus de toute patience, fixaient la prisonnière avec une froide intensité.

Daemon, perché sur le rebord du bureau en bois vermoulu, observait la scène en se léchant distraitement la patte.

« Tu crois qu'elle va tenir longtemps ? », murmurai-je, inquiet.

Le chat-garou haussa un sourcil. « Elle va surtout jouer la comédie aussi longtemps que possible. Ce genre de femme adore tester ses bourreaux. »

Je soupirai. Il n'avait pas tort. Camilla était fière, arrogante. Elle ne céderait pas facilement.

Un gémissement rompit le silence. Un spasme parcourut le corps de Camilla. Ses paupières tressaillirent, son souffle s'accéléra légèrement avant qu'elle ne rouvre les yeux. Son regard vert, vibrant d'intelligence et de mépris, balaya lentement la pièce. Lorsqu'elle nous aperçut, un rictus amusé étira ses lèvres.

« Oh. Je suis encore en vie. » Sa voix était rauque, mais on y devintait une pointe de moquerie.

Je m'accroupis à sa hauteur. «Pour l'instant.»

Elle rit doucement, un rire presque félin, glissant sa langue sur ses lèvres gercées. «Touchant. Vous auriez pu me tuer sur le champ, mais vous avez préféré m'attacher. Alors ? C'est quoi le plan ? Vous espérez que je me mette à pleurer et supplier pour ma vie ?»

Styx ne bouge pas, son visage était une sculpture de marbre, mais la lame de sa faux glissa lentement sur le sol, effleurant les lattes de bois avec un crissement sinistre.

« Je n'ai pas ton temps, Camilla», murmura-t-elle. «Parle. Maintenant. »

L'humaine leva les yeux vers elle, l'air faussement impressionnée. « Parler de quoi ? De la pluie et du beau temps ? Ah... non. Vous voulez parler de Fläme, n'est-ce pas ? »

Styx s'accroupit à son tour, posant un doigt sous le menton de Camilla, forçant son regard à croiser le sien.

« Écoute-moi bien, vermine», murmura-t-elle d'une voix glaciale. «J'ai très peu de patience. Et encore moins de remords. Tu es un pion insignifiant dans ce jeu, et ta seule utilité maintenant, c'est de nous donner des réponses. »

Camilla déglutit, mais conserva son air bravache. Styx ne sourit pas. Elle ne montra rien. Son regard était celui d'un être sans âme, un gouffre de ténèbres où ne subsistait que la nécessité d'obtenir des réponses.

« Voyons combien de temps tu garderas cette arrogance. »

« Voyons combien de temps tu garderas cette arrogance. »

La lame de Styx fendit l'air avec un sifflement qui me glaça le sang. Camilla hurla, un son aigu et déchirant qui résonna dans le manoir. Du sang jaillit de la plaie béante sur sa joue, tacheta le sol et les murs. Les dieux... qu'est-ce qu'elle fait ? Camilla se cabra, son corps secoué de spasmes, ses yeux exorbités. L'odeur métallique du sang emplit la pièce, mélangée à la puanteur de la peur qui émanait de Camilla.