Chapitre 77 : Le temps de la revanche

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L'entrainement touchait à sa fin.

Deux mois étaient passés.

Je me tenais débout, le regard pensif vers l'horizon infini de ces plaines. Mon corps était meurtri de tous mes affrontements avec Styx. La force de la déesse me dépassait toujours et je ne lui arrivai toujours pas à la cheville.

Mais j'ai progressé.

Un cercle d'herbe brûlé d'environ trois mètres était dessiné par terre. Mon territoire, songeai-je.

Dans ce périmètre, je pouvais aisément modifier les éléments : rendre le sol boueux, intensifié la force du vent, déclencher des flammes sortant du sol. Mon imagination était mon arme la plus aiguisée à présent.

D'un simple effort de concentration, je modifiai la densité du sol sous mes pieds. L'herbe disparut, remplacée par une surface aussi dure que la pierre. Puis, aussi naturellement que si je respirais, je relâchai mon emprise. L'herbe reprit sa place, comme si rien n'avait changé.

Je serrai le poing.

J'y arrive enfin.

« Impressionnant. »

La voix de Styx me tira de mes pensées. Je me tournai vers elle. Elle se tenait à quelques pas, les bras croisés, son regard argenté braqué sur moi avec cette lueur d'évaluation qui m'était devenue familière.

Beeus était juste derrière, perché sur un rocher, impassible comme toujours. Ses yeux dorés scrutaient mon territoire avec un calme analytique.

« Tu as mis un mois à stabiliser trois mètres. »

Le commentaire me fit grincer des dents.

« Et pourtant, il y a deux mois, je n'étais même pas capable d'imposer quoi que ce soit », rétorquai-je.

Styx esquissa un sourire.

« C'est vrai. Et maintenant, tu peux altérer ton environnement instantanément. Modifier la densité, la température, la consistance et créer à l'intérieur. Pas mal pour un humain. »

Beeus descendit de son perchoir, s'approchant lentement.

« C'est un bon début. » Sa voix était aussi neutre que le vent dans cette plaine infinie. « Mais est-ce suffisant ? »

Je soutins son regard.

« Pour battre Targal ? »

Un silence s'installa.

Beeus se contenta d'un sourire énigmatique.

Je savais ce qu'il voulait dire.

Non.

Targal n'était pas un simple adversaire. Il était un Tigera, une bête née pour le combat. Mon territoire me donnait un avantage, mais ce n'était pas encore assez.

Je devais m'améliorer.

« Ton entraînement ici est terminé, repris Styx. Affronter Targal constituera une première épreuve puis nous reprendrons l'entrainement. »

Elle fit un geste de la main et le décor bascula. La lumière du Puits s'effaça, remplacée par la teinte familière du monde réel.

Nous étions de retour dans les champs. La ferme de George. 

Je pris une profonde inspiration.

Le vent portait l'odeur du foin et de la terre humide. L'aube s'étendait lentement, les premiers rayons du soleil effleurant les champs.

Je m'étais presque habitué à l'air du Puits, pur, sans la moindre impureté, presque irréel. Mais ici... il y avait une vie, une chaleur, quelque chose d'inexplicablement rassurant.

Le Destin d'Aëdan [Original Story]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant