Chapitre 35 : Déguisement

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Le matin s'insinua doucement dans la chambre, la lumière grise de l'aube glissant à travers les volets mal ajustés. Le murmure lointain de la ville commençait à émerger du silence nocturne, accompagné du craquement léger des murs en bois fatigués par le temps.

J'ouvris les yeux, encore enveloppé par le voile du sommeil, pour découvrir qu'Erina était... très proche. Trop proche.

Son visage reposait à quelques centimètres du mien, ses cheveux noirs s'éparpillant en mèches soyeuses sur l'oreiller. Sa respiration régulière, calme et apaisante, tranchait avec l'embarras immédiat qui me saisit. Ses cils longs et sombres projetaient de petites ombres sur sa peau pâle, et l'éclat argenté de la lumière filtrant à travers les volets accentuait les contours délicats de son visage.

Je restai figé un instant, mon esprit encore embrumé essayant de remettre les choses en ordre. La mission. La pénurie de chambres. Juste une contrainte logistique.

Je retins ma respiration et, avec une lenteur exagérée, glissai hors du lit. Le sol froid contre mes pieds m'aida à chasser les dernières brumes du sommeil. Alors que je me levais, un bruissement subtil attira mon attention. Une enveloppe blanche dépassait de sous la porte.

Je me penchai pour la ramasser, mes doigts effleurant le papier qui semblait inhabituellement épais. Le sceau rouge marqué du symbole de la Résistance me fit immédiatement froncer les sourcils. Ce n'était pas une simple missive.

Un mouvement derrière moi me fit tourner la tête. Erina s'étirait lentement, ses bras gracieux se levant au-dessus de sa tête tandis qu'un soupir léger brisait le silence. Ses cheveux en bataille encadraient son visage d'une manière presque... attendrissante. Ses yeux dorés, encore alourdis par le sommeil, captèrent rapidement le pli dans ma main.

« Qu'est-ce que c'est ? » demanda-t-elle, sa voix encore douce et légèrement rauque au réveil.

Je lui tendis l'enveloppe sans répondre immédiatement. « La Résistance, je suppose. »

Elle se redressa sur le lit, ses gestes précis et presque mécaniques, comme si elle effaçait rapidement les traces de sommeil pour redevenir la mage déterminée que j'avais appris à respecter. Ses doigts agiles déplièrent le papier avec une habileté naturelle, et je restai silencieux, observant l'intensité qui se peignait sur ses traits alors qu'elle lisait à voix haute.

"À l'attention de ceux qui comptent intervenir lors de la vente.
Nous savons ce que vous avez prévu. Nous vous déconseillons fortement de passer à l'action.
Ce n'est pas le moment. Les pertes seraient bien trop importantes, et vos efforts vains.
Nous vous attendrons à la Maison des Fûts, à midi. Il y a des choses que vous devez comprendre avant d'agir."

Ses traits se durcirent à mesure qu'elle parcourait les lignes. Lorsqu'elle termina, elle replia soigneusement la lettre et la posa sur la petite table de chevet à côté du lit. Ses yeux, fixés un instant sur le document, semblaient peser chaque mot, chaque intention.

Elle inspira profondément, ses épaules se soulevant légèrement avant de retomber, comme si elle contenait une émotion prête à éclater. Lorsqu'elle parla, sa voix était basse mais chargée de détermination. « Nous irons. Mais qu'ils ne s'imaginent pas nous dissuader. Ces enfants ont déjà trop attendu. »

Je hochai la tête, partagé entre admiration et inquiétude. Son regard, ancré dans une résolution inébranlable, ne laissait aucun doute sur sa décision. Rien ne semblait pouvoir l'ébranler.

Je brisai le silence après un instant. « Et si... ils ont raison ? Si c'est vraiment trop dangereux ? »

Ses yeux dorés se posèrent sur moi, brillant d'une intensité presque douloureuse. « Aëdan, si nous laissons la peur dicter nos choix, alors nous avons déjà perdu. Ces enfants n'ont pas le luxe d'attendre une opportunité idéale. »

Le Destin d'Aëdan [Original Story]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant