Le Destin d'Aëdan [Original Story]

Chapitre 75 : Un duel perdu d'avance

Le vent balayait la plaine, soulevant l'herbe en vagues silencieuses qui s'étendaient à perte de vue. Chaque brise portait une tension invisible, un frisson d'anticipation qui s'infiltrait jusque dans mes os.

Je me souvenais du combat de Styx contre Camilla... Si ça ne tenait qu'à moi, je serais déjà loin.

L'air était chargé d'une électricité étrange, comme si le monde lui-même pressentait l'affrontement à venir. L'odeur de terre humide, imprégnée de la chaleur du soleil déclinant, me rappela un instant la ferme de George...

... jusqu'à ce que je croise son regard.

Styx.

Elle se tenait là, bras croisés, un sourire en coin, nonchalante, presque désintéressée. Pourtant, cette attitude n'avait rien de rassurant. C'était le calme avant la tempête. Elle n'était pas en garde. Elle ne se préparait même pas. Elle n'en avait pas besoin.

Je raffermis ma prise sur la garde de mon épée.

« En garde, Aëdan. »

Sa voix était douce, trop calme, comme si elle savait déjà comment tout cela allait se terminer.

Je tentai d'ignorer le poids de son regard sur moi, l'instinct primal qui me hurlait de fuir. Je pris une profonde inspiration et fit le vide. Analyser. Réfléchir. Attaquer en premier.

Mon corps bougea avant même que mon esprit ne finisse de peser mes options.

Une feinte. Un coup rapide vers la tête. Une attaque lisible, volontairement évidente. Juste un leurre.

Puis, au dernier moment, je modifiai l'angle, faisant plonger ma lame droit sur son flanc exposé.

CLANG.

L'impact me figea. Une onde de choc remonta le long de mon bras.

Mon épée s'était arrêtée net.

Pas contre une arme. Pas contre une armure. Contre rien.

Une fine barrière invisible la séparait de sa cible, un mur intangible qui avait neutralisé mon attaque comme si elle n'avait jamais existé.

Mon souffle se coupa, mes doigts se crispèrent sur la garde de mon épée.

Impossible.

Styx inclina légèrement la tête, son sourire s'élargissant.

« Trop lent. »

Et avant que je ne puisse réagir, elle attaqua.

Son poing transperça ma garde comme si elle n'existait pas.

Un choc. Une explosion de douleur dans mon ventre.

L'air fut violemment expulsé de mes poumons et mon corps se replia sous l'impact. La douleur se répandit comme une onde brûlante, irradiant mes côtes, ébranlant mes entrailles.

Avant même que mon esprit n'assimile ce qu'il venait de se passer, j'étais projeté en arrière.

Mais Styx me poursuivit.

Une ombre. Un spectre insaisissable.

Un bruissement à ma gauche. Je tentai de pivoter pour parer, mais c'était déjà trop tard.

Un éclair blanc jaillit dans mon angle mort.

Son pied s'écrasa contre mes côtes avec une force inhumaine.

CRACK.

Un bruit sinistre, irrévocable.

Un ouragan de douleur explosa dans mon torse, irradiant jusque dans ma colonne vertébrale.