Le Destin d'Aëdan [Original Story]

Chapitre 65 : Une bataille sans merci

Un silence funeste pesait sur For'Mor, lourd comme un suaire recouvrant la ville en attente du carnage. L'aube à peine levée, les rues semblaient figées dans un instant suspendu, un souffle retenu avant l'orage. L'air était froid et humide, chargé de l'odeur âcre de la fumée et de la peur. Autour de moi, les soldats d'Aether et d'Umbraxis s'étaient positionnés, barricadant les ruelles avec des chariots renversés et des meubles brisés, préparant des pièges et affûtant leurs lames avec la méticulosité d'un artisan façonnant une œuvre macabre. Leurs visages étaient tendus, leurs regards fixés sur l'horizon, guettant l'arrivée de l'ennemi.

Soudain, le son strident d'un cor déchira l'air, brisant le silence comme un couteau fendant une toile de soie. Le temps reprit sa course, brutal et implacable. Un rugissement bestial monta du camp adverse, et l'armée de Noctélyn s'abattit sur nous comme une marée noire, un déferlement de lames et d'armures, de cris et de chaos. Les ruelles de For'Mor, trop étroites pour contenir tant de violence, se transformèrent en un maelström de combats, un enfer où chaque souffle était arraché à la gorge d'un mourant.

Je ne réfléchis pas, je me battais. L'instinct avait pris le dessus, et mon corps réagissait avec une efficacité mortelle. Ma lame fusa dans l'air, tranchant la première gorge qui se présenta. Un jet de sang chaud éclaboussa ma joue, et l'homme s'effondra sans un cri, son corps inanimé s'ajoutant au tas grandissant de cadavres qui jonchaient le sol. Je pivotai aussitôt, esquivant un coup de hache d'un mouvement instinctif. L'escrime Braïme m'avait appris à voir au-delà du combat, à anticiper les gestes, à être toujours un pas en avance.

Reste concentré, Aëdan, me dis-je. Ne baisse pas ta garde.

L'ennemi ne me laissait aucun répit. Deux autres soldats se ruèrent sur moi, leurs visages déformés par la rage. Le premier leva son épée, mais je lui enfonçai mon genou dans l'abdomen avant de lui trancher les tendons d'un coup sec. Il hurla, s'effondrant au sol, sa jambe tordue sous un angle impossible. Le second tenta une estocade, mais je déviai sa lame et d'un revers précis, j'ouvris sa poitrine. Du sang jaillit, tacheta mon armure et mon visage. L'homme chança la, les yeux écarquillés par la surprise, puis s'écroula à son tour.

Ils tombent si facilement... trop facilement. Le poids de mes actes s'insinua dans mon esprit, comme une ombre froide et menaçante. Ce sont des hommes, des guerriers, peut-être des pères, des fils, des frères... Mais il n'y avait pas de place pour les regrets. Si je baissais ma garde, c'était moi qui tomberais. Je devais rester concentré, déterminé.

À ma gauche, Daemon était un tourbillon de griffes et de crocs. Le chat-garou bondissait avec une agilité meurtrière, lacérant les jambes, arrachant les gorges, semant la terreur parmi les soldats de Noctélyn. Son pelage sombre était éclaboussé de sang, mais il continuait, implacable.

« Tiens bon, Sylthis ! », hurla-t-il en direction de la jeune fille qui se tenait derrière une barricade de fortune, les yeux écarquillés par la peur.

« Oui... Daemon ! », répondit-elle d'une voix fragile, mais ferme. « Fais attention à toi ! »

Malgré la violence des combats, je ne pus m'empêcher de sourire. Sylthis, malgré sa fragilité, faisait preuve d'un courage remarquable. Elle ne se laissait pas abattre par la peur.

Non loin de moi, Aremya et Vael menaient leurs hommes, épées au clair, abattant leurs adversaires avec la précision des vétérans de guerre. Les corps s'empilaient, formant des monticules de chair mutilée, de visages figés dans l'horreur. Le sol pavé de For'Mor n'était plus qu'une mosaïque sanglante, un tableau de ruine et de désespoir. L'air était saturé de l'odeur du sang, de la sueur et de la mort. Des cris de douleur et de rage se mêlaient au fracas des armes et au crépitement des flammes.