La nuit enveloppait For'Nian lorsque je franchis les remparts, le cœur tambourinant dans ma poitrine. Le silence pesant des plaines semblait amplifié par le moindre de mes mouvements, le vent sifflant à travers les herbes hautes et le bruissement des feuilles se mêlant à mes pas prudents. Chaque bruit, aussi infime soit-il, résonnait comme un avertissement dans l'obscurité.
Alors que j'approchais du camp elfique, mon rythme ralentit, instinctivement guidé par la prudence. Je m'accroupis derrière une rangée d'arbustes, ma respiration se calmant pour s'harmoniser avec le murmure de la nuit. Devant moi, une scène saisissante se dévoila : des dizaines de tentes blanches, impeccablement alignées, formaient un cercle presque parfait, comme si même la géométrie de leur organisation témoignait de leur discipline. Les lanternes magiques suspendues diffusaient une lumière douce, irréelle, qui semblait flotter entre les ombres. Des patrouilles circulaient avec une régularité mécanique, leurs pas résonnant sur le sol dur.
Respire, Aëdan. Prends ton temps.
Mes yeux balayaient le camp, cherchant une faille dans cette organisation redoutable. Sur le flanc est, légèrement à l'écart, une tente isolée se dressait à côté d'une pile de caisses. Un point faible. Je ramassai mon sac et me faufilai entre les herbes, veillant à rester dans les zones d'ombre. Chaque pas semblait durer une éternité, chaque battement de cœur amplifiait la tension dans mes veines.
Arrivé à destination, je posai mon sac au sol et l'ouvris avec précaution. L'huile imprégnait déjà mes doigts alors que je dévissais la fiole et la répandais méticuleusement sur les caisses et les tissus environnants. L'odeur âcre se mêlait à celle de la terre humide et du bois.
Une étincelle, et tout commence.
Je sortis un silex et une pierre, mes mains tremblant légèrement sous l'effet de l'adrénaline. Après plusieurs essais, une étincelle jaillit, embrasant instantanément l'amadou. Le feu crépita doucement avant de s'étendre avec une avidité terrifiante, s'accrochant aux caisses et grimpant le long des parois de la tente adjacente. La lumière orange et rouge dansait sur les toiles, projetant des ombres mouvantes qui donnaient à la scène une allure surréaliste, presque infernale.
Des cris éclatèrent, tranchant le calme de la nuit. Des silhouettes émergèrent des tentes voisines, courant dans toutes les directions pour éteindre les flammes. Je reculai instinctivement, me réfugiant dans l'ombre dense d'un bosquet proche. Le chaos s'installa rapidement, chaque seconde augmentant la confusion dans le camp.
C'est le moment. Je dois bouger avant qu'ils ne me repèrent.
Profitant du chaos, je repérai un garde isolé, assommé par la confusion. Je le neutralisai d'un coup précis derrière la tête, sentant la résistance de son corps céder sous l'impact. Mon souffle s'accéléra tandis que je m'agenouillais pour lui arracher sa tenue. La cuirasse légère, ornée de motifs elfiques semblant danser sous la lumière des flammes, s'ajustait mal à ma carrure, mais suffisait à me donner une apparence crédible.
Me mêlant aux soldats qui couraient dans tous les sens, je reproduisis leurs gestes frénétiques, prenant soin de calquer mes mouvements sur les leurs. Mon cœur battait à tout rompre, chaque regard jeté dans ma direction amplifiant la tension dans ma poitrine. La sueur perlait sur mon front, et j'avais l'impression que la moindre hésitation trahirait ma couverture.
Ils ne doivent pas me reconnaître. Continue d'avancer.
Un soldat hurla un ordre à proximité, et je fis mine de répondre, mimant une obéissance sans faille. Chaque pas me rapprochait du centre du camp, mais le poids de l'armure et la peur d'être découvert me faisaient vaciller. Les ombres dansantes des flammes sur les tentes rendaient le décor irréel, comme un cauchemar vivant.
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Le Destin d'Aëdan [Original Story]
FantasyDans les ruelles sombres de For'Royal, la misère côtoie la majesté des tours elfiques. Aëdan, un jeune humain marqué par la brutalité du monde qui l'entoure, grandit dans l'ombre et la violence. Chaque nouveau matin pourrait être son dernier, tandis...