Le Destin d'Aëdan [Original Story]

Chapitre 19 : Le village caché

La lune s'éleva majestueusement dans le firmament, drapée d'une robe d'argent étincelante. Je la contemplais, émerveillé, tandis que le ciel nocturne s'ouvrait pour la recevoir, accueillant son cortège d'étoiles, telles des joyaux scintillants. Elles entouraient la lune, rivalisant d'éclat, illuminant l'obscurité céleste d'une lueur incandescente.

Un vent doux et tiède caressait ma peau pendant ma veille, apportant avec lui une symphonie de parfums. Les premières effluves étaient celles de l'herbe fraîche et du feu qui crépitait à proximité. Puis, se mêlaient à ces senteurs des fragrances plus subtiles, les parfums des fleurs endormies, réveillées seulement par la nuit. Les sons se faisaient également présents, venant de tous les horizons. La nuit orchestrée une symphonie envoûtante : les murmures de la rivière voisine, les chuchotements des feuilles caressées par la brise, et les déplacements furtifs des créatures nocturnes. J'étais témoin d'un spectacle merveilleux, un émerveillement pour l'âme d'un citadin égaré dans la capitale.

Ces instants privilégiés offerts par la nature m'ébranlaient profondément, une palette d'émotions colorait mon être. Tout d'abord, l'impression d'être conquis, captivé par chaque nouveauté qui se dévoilait. Mais aussi une légère angoisse face à l'immensité du monde extérieur, à sa sauvagerie inhérente. Et enfin, une tristesse voilée m'enveloppait, car je partageais ce spectacle grandiose, commun mais pourtant fantastique, en l'absence de celle que j'aimais : Isil.

Où vous trouvez-vous dans ce ciel majestueux ?

De plus, quelque chose me tracassait toujours autant. Lorin m'avait enfin parlé de l'histoire de cette déesse que je cherche. Et il y avait sa révélation : « Tu sembles posséder une force similaire ». 

Comment était-ce possible ?

Je baissais le regard, observant une minuscule fourmi en train de graver un petit gravier.

Naturellement, beaucoup de questions se posent... Commençons par poser les choses : les humains sont capables, de manière très limitée, d'user de la magie ; c'est déjà une information capitale que j'ignorais. Ensuite, Styx était une humaine qui a outrepassé ces limites ; enfin, il semblerait que je possède une force similaire. 

Mais alors pourquoi tout n'apparaît que maintenant ? Pourquoi tout ceci n'arrive que maintenant ? Pourquoi n'avais-je pas ces capacités auparavant ? Aurais-je pu sauver Isil avec ces compétences ?

Je relevais le regard vers l'immense étendue d'étoiles. L'une d'entre elles fila parmi les autres, éclairant le ciel de son éclat.

Si tu étais encore là, tu aurais su m'aider à résoudre ces problèmes Isil.

Je ne luttais pas beaucoup avant que les larmes ne coulent d'elles-mêmes, témoignant de la profondeur de ma peine et de ma perte. La princesse me manquait terriblement. Et malgré le temps qui filait, je ne parvenais pas à faire le deuil.

Auriez-vous approuvé mon acte de fugitif ? M'auriez-vous dit de m'allier à cette femme, Lorin ?

Des questions sans réponses. Et qui le resteraient très longtemps. Lorsque les larmes cessèrent, un sourire léger se dessinait sur mon visage. Un sourire nostalgique. Car mes pensées se tournèrent vers le passé, me remémorant tous ces bons moments en sa compagnie. Me remémorant ces derniers instants, durant lesquels j'avais réussi à me rapprocher de celle qui semblait être ma moitié. Je me mis sur les genoux et penchai la tête en joignant mes mains vers les cieux.

« Isil, peu importe l'endroit où vous vous trouvez, je vous prie de m'attendre un peu. Je vous prie de me regarder faire, de contempler ce monde que je créerai selon vos souhaits : un jour, tous les peuples vivront en harmonie, s'entraideront et l'idée des guerres sera loin. Je vous en fais la promesse, dame Isil. »