Un jour, Mona Moon sera une rebelle

Chapitre 183 : 1980 : Terence va être tonton

Chapitre 183 : 1980 : Terence va être tonton

– Comment va Waha ? demanda brusquement Irène. Je sais que je change de sujet, mais je n'ai pas eu de nouvelles d'elle depuis des lustres.

Elle ne nous manque pas à nous.

– Je ne l'ai pas vue non plus depuis longtemps, confia Mona. On s'est croisées chez Lily. Mais depuis que je suis énorme, je ne sors plus de chez moi. Et Waha ignore tout de ma grossesse.
– Ça doit être tendu entre vous deux quand même, dit Grace. S'il me prend l'envie d'ensorceler quelqu'un, j'espère que tu ne me feras pas le même coup.
– Parce que tu as l'intention d'ensorceler quelqu'un ? demanda Mona avec un sourire amusé.
– Non, mais un jour peut-être...

Voilà l'explication : elle a ensorcelé Mona pour qu'elles soient amies. Je savais bien qu'il y avait quelque chose de louche là-dessous.

– Tu peux lui promettre que tu ne feras rien, assura Irène à Mona. Je me chargerai de désensorceler le pauvre garçon.
– Ça doit être pour ça qu'Evans n'a rien fait, reprit Grace en ignorant la remarque. Elle savait forcément ce qui se tramait. Elle n'a pas voulu trahir son amie, la traînée.
– Potter, corrigea Mona. Elle ne s'appelle plus Evans.

Tu corriges son nom, mais ps l'insulte ? T'es pas une super pote Mona.
– Ah oui, c'est vrai, dit Grace.
– Lorsque Lily et James se sont mariés, j'étais persuadée que Lily était enceinte, confia Irène. Et finalement, c'est toi qui vas mettre au monde le premier enfant de notre génération.

Malheureusement, la rebelle aurait pu attendre.

– Tu lui as trouvé un prénom ? demanda Irène.

Ouais, un prénom moldave. D'Europe de l'Est. Dommage, elle n'a qu'un bouquin avec des prénoms de l'Europe de l'Ouest.

– Grace, c'est un joli prénom, dit aussitôt Grace.
– Si c'est une fille, ma famille veut qu'elle porte un prénom qui commence par un M, dévoila Mona.

Elle ne s'appellera pas Grace du coup, flûte alors !

– Et si c'est un garçon ? questionna Irène.

Prem's pour proposer Anatole.

– Je ne sais pas, j'aime bien Harry.

Ben voyons.

– Un peu vieillot, commenta Grace.

Tu crois que c'est mieux « Graisse » ?

– J'ai encore un peu de temps pour y penser.

Pas vraiment, on est le jour 3 et tu accouches forcément avant le jour 7. Ou le jour 7.

– Bon, je dois y aller, dit Grace en se levant. Tu me préviens dès que le représentant de la nouvelle génération des Moon est né !
– Je n'aurais pas la tête dans la cheminée, dit Mona. Mais je pense que mon frère Hugh sera assez gentil pour se charger de vous prévenir.

La blonde s'en alla, et quelques minutes plus tard, Irène s'apprêta à la suivre lorsqu'on cogna vivement à la porte.
Je trouve qu'elle reçoit beaucoup de visites. Depuis quand ça sociabilise, d'avoir un bâtard ?
Mona ouvrit la porte, s'attendant à trouver sa mère avec le lit promis. Visiblement, Terence avait hérité de la corvée.

– Tu en mets du temps pour ouvrir cette satanée porte, dit-il.
– Je suis enceinte, rappela Mona.
– Vraiment ? Tu te pousses maintenant, dit-il en montrant l'encombrante planche en bois qu'il tenait entre ses doigts.
– Je dois vérifier que c'est bien toi, la porte ne te laisserait pas passer autrement.
– C'est très bien, mais on va faire ça plus tard, dit-il.

Il entra sans problème dans l'appartement.

– Je le dépose dans la chambre du bébé ! hurla Terence qui parcourait déjà le couloir.
– Tu es censée arrêter les intrus, dit Mona à sa porte. Et lui, même s'il est déjà venu et qu'il n'est pas ensorcelé, c'est un intrus.
– Je devrais peut-être y aller avant que ton frère se rende compte de ma présence, dit Irène.

Son visage avait perdu la gaieté que même les piques de Grace n'avaient pas réussi à effacer.

– Je ne peux que te comprendre, avoua Mona.
– Voilà, dit le garçon en revenant. Il est posé et monté, tu pourras... qu'est-ce que tu fais là toi ?

Terence venait enfin de remarquer la présence d'Irène.

– Je l'ai invitée à prendre le thé, expliqua Mona.

Terence se tourna vers sa sœur en écarquillant les yeux. Sans prononcer un mot, il pointa un doigt sur Irène et forma les mots : « Elle sait ? »

– Je suis là, rappela Irène avec un signe de la main.
– Je pèse trois cents kilos, rappela Mona. Si je ne lui ai pas dit, elle l'a parfaitement deviné.
– Comment ça, elle sait ? s'indigna Terence. Elle ne devrait pas savoir.
– Elle est toujours là, s'écria Irène avec un plus grand signe de la main.
– Ne commence pas, prévint Terence en lui accordant un deuxième regard.
– Moi ? dit Irène, je n'ai rien dit. C'est toi qui m'ignores.
– Cette grossesse est un secret familial que tu ne devrais pas connaître, dit-il.

Il commença à sortir sa baguette magique.

– Tu fais quoi ? demanda Irène en pâlissant.
– Tu vas oublier ce secret.
– Elle ne va rien oublier du tout, dit Mona en sortant sa propre baguette. Fais-moi confiance, petit frère, je suis bien plus douée que toi lorsqu'il s'agit de sortilèges.

Terence fixa la baguette de sa sœur pendant une seconde, puis rangea la sienne. Irène en profita pour se glisser derrière Mona, au cas où Terence changerait d'avis.

T'as raison, cache-toi derrière une femme enceinte, elle stoppera très bien les sorts.

– Dommage que tu ne sois pas plus douée en ce qui concerne l'honneur de notre famille.
– Tu es la honte de votre famille, dit Irène en reprenant des couleurs.
– Alors toi, l'emmerdeuse, ne te mêle pas de ça !
– Mona est mon amie, elle est enceinte et tu l'embêtes. Je prends sa défense. Ce que tu devrais faire, alors qu'elle est à huit mois de grossesse.
– Huit mois et demi, corrigea Mona.
– Huit mois et demi ! répéta Irène en hurlant.
– Je suis très prévenant avec ma sœur, dit Terence. Je voulais cacher son ignominie.
– Quelle ignominie ? hurla Irène par-dessus l'épaule de Mona. Tu vas être tonton !

Terence se figea soudain et tourna son regard surpris vers le ventre de sa grande sœur.

– J'aurais peut-être dû le formuler comme ça, dit Mona, songeuse.
– Tu vas l'appeler comment ? demanda Terence, d'une voix redevenue normale.

Je rêve ou nous assistons en direct live à une émotion positive de la part de Terence ?