Un jour, Mona Moon sera une rebelle

Chapitre 112 : 1977 : Les Zigues qui émoustillent les filles

Jour 6

Mona servit son assiette de purée puis celle de Hugh.

– Je peux le faire tout seul, tu sais.

– Et moi, je ne peux jouer les grandes sœurs qu'une fois de temps en temps, dit-elle. Alors laisse-moi savourer mon plaisir.

– T'as pas intérêt à me servir, prévint Terence.

– T'es pas fou, les gens pourraient croire qu'on a un lien de parenté.

Terence lui lança un regard noir.
C'est bien, jeune fille. C'est bien.

Mona déjeunait en compagnie de ses frères et de leurs amis. Grace avait abandonné Mona pour déjeuner à la table des Serdaigle avec son petit ami.

– Ça marche plutôt bien entre Grace et Dirk, remarqua Bertram.

– Oui, dit Mona avec un sourire. J'ai l'impression qu'ils sont de plus en plus amoureux.

Malgré son béguin pour Clive, Mona ressentait une certaine satisfaction à voir que Bertram ne semblait absolument pas perturbé par le nouvel amoureux de Grace. Ça lui laissait le champ libre.

– Et toi ? demanda Lorcan froidement. Tu as un petit ami ?

Mona évita de regarder le demi-vampire qui avait rempli son assiette de viande.

– Bien sûr que non, répondit Terence à sa place.

– Fréquenter un garçon ne m'est pas interdit, que je sache, répliqua Mona à son frère.

Ah si, ça t'est interdit. Moi, je ne veux pas que tu fréquentes qui que ce soit. Ni que tu embrasses qui que ce soit tard après le couvre-feu dans un couloir peu fréquenté.

– À condition qu'il soit de notre rang, ajouta Terence. Et tu n'as demandé la permission à personne.

– Je n'ai pas demandé la permission quand je suis sortie avec James, rappela Mona. Et je n'ai pas été disputée.

– C'était il y a longtemps. À présent, tu es en âge de te marier, déclara Terence. Et puis, James est un Potter. De plus, il n'était pas encore le crétin qu'il est devenu.

– Je suis en âge de quoi ?

J'allais poser la même question.

– Tu te doutes bien que des prétendants se feront connaître dès ta sortie de Poudlard, dit-il. Nos parents doivent déjà penser à ton mariage.

Mona lui lança un regard horrifié. Hugh feignait de s'intéresser à son assiette. Lorcan mâchait lentement sa viande, Bertram lui adressa un regard compatissant, et Regulus sculptait un petit volcan dans sa purée, insensible à la conversation.

Ok, là je flippe grave ma race. Edgar et Magda n'ont quand même pas l'intention de la marier à dix-sept ans ?

– Il a raison, déclara Regulus. Mes parents me laissent jusqu'à mes trente-cinq ans pour trouver seul une fiancée. Si je n'ai pas trouvé d'ici là, ils me donneront le choix entre plusieurs filles de bonne famille, et je devrai me marier. Si tu es dans la liste, c'est toi que je choisirais.

Quoi ? Non mais ça va pas la tête !

Mona adressa un regard surpris à l'ami de son frère.

– Mais uniquement si j'atteins l'âge limite, ajouta Regulus. J'espère trouver une vraie fille d'ici là.

– Parce que je ne suis pas une vraie fille ? dit Mona en se redressant.

– C'est une vraie fille, coupa Lorcan. Elle sent comme, elle est même dans une période où ses hormones s'agitent.

Quoi ? Ta gueule, toi !

– Merci Lorcan, arrêta Mona. Maintenant, je suis très mal à l'aise.

– La moitié des filles de ton âge sont dans cet état, tenta-t-il de la rassurer. Je me demande ce que vous avez en tête.

– On ne parle pas de ces choses-là à une fille du rang de ma sœur, déclara Terence d'une voix glaciale.

Enfin il proteste, c'est pas trop tôt.

Le silence retomba sur le petit groupe.

– De toute façon, tu n'auras aucun mal à trouver un gentil prétendant de ton rang, dit Bertram. Tu as beaucoup de qualités. Tu ne devrais pas t'inquiéter pour ça.

Le cœur de Mona fit un petit looping.

– C'est évident, dit Terence. C'est une Moon.

– Je ne parlais pas seulement de ça, ajouta Bertram.

Il adressa un petit sourire à Mona, dont le cœur refit un looping.
Ils sont combien de zigues à t'agiter les hormones ?

– Je serais gêné si c'était toi, lança Terence à Regulus.

– Moi aussi, répondit celui-ci. Mais si ça devait être un Black, ça ne serait pas moi.

Combien on parie que la moitié des lectrices trépignent d'impatience quant à ce que pourrait dire Regulus. Je serais vache, je couperais le texte. Mais non, je suis gentil et pas seulement parce que j'ai aussi envie de connaître la suite.

– Comment ça ? demanda Mona, surprise.

– Aux yeux de mes parents, j'honore très bien notre nom, expliqua Regulus. Mon mariage n'est pas pressé. En revanche...

Il hésita et reconstruit son volcan de purée.

– Ce n'est pas nouveau si je te dis que mon frère pose beaucoup de problèmes.

– Ce n'est pas nouveau, non.

– Eh bien, je ne serais pas étonné que mes parents poussent Sirius vers toi, révéla Regulus.

Mesdames, on se calme !

Mona regarda le cinquième année, stupéfaite.

– Vous avez quelques points communs, ajouta Terence. Même si... non, c'est vraiment un abruti.

– C'est la première fois que je suis d'accord avec toi, dit Mona.

Terence lui jeta un coup d'œil, et Mona se souvint de la présence de Regulus.

– Sans vouloir t'offenser, ajouta-t-elle.

– Oh non, tu peux. Mon frère est un abruti.

Mona fixa Regulus un long moment. Il ferait sûrement partie des prétendants que ses parents lui proposeraient. À choisir, il n'était sans doute pas le pire. Peut-être que Clive figurerait dans la liste. Non, malgré son sang pur, son arbre généalogique n'était pas assez propre.