Un jour, Mona Moon sera une rebelle

Chapitre 111 : 1977 : Quand l'intelligence est drôlement conne

Le regard que lui lançait Waha n'y était peut-être pas pour rien.

- C'est du poulet, dit-elle. C'est le menu de ce soir. C'est ça l'odeur.

– Oui, ça doit être ça, dit Remus, de plus en plus gêné par la Gryffondor qui se rapprochait de lui.

Non, ce n'est pas ça. Laissez-moi réfléchir un instant. On parle d'une odeur et le garçon est un loup-garou, donc odorat hyperdéveloppé. Il parle de l'odeur de quelqu'un ? De Mona ? En quoi c'est curieux, elle a pété ? Non, une chose qui ne lui revient pas... il ne peut pas parler des flageolets qu'ils ont mangés à midi. L'odeur de Mona... curieux... Faut que je cogite.

– Voilà Lily, déclara Waha. Messieurs, bon dîner !

Elle leur montra les portes de la Grande Salle, et les deux garçons s'éloignèrent sans se faire prier.
Remus a senti l'odeur de Mona sur Sirius ! C'est ça le truc. J'espère que ça va pas lui revenir. Sinon, il va falloir assumer les gens.
Lily arriva au niveau de Waha et Mona avec un large sourire.

– Alors, c'est fini ? demanda-t-elle.
– Oui, dit Waha. Mona et moi avons même sympathisé durant toute cette semaine.

Mona regarda la Gryffondor, un sourcil haussé.
Non, c'est pas vrai, vous n'avez pas sympathisé... enfin, j'espère.

– On a beaucoup parlé de toi, continua Waha.

Le sourire de Lily disparut, elle semblait comprendre que ce n'était pas une bonne chose.

– On pense que malgré ta super discipline pour tes devoirs, ta force mentale et tout, on pense que tu ne pourrais pas contrôler tes hormones.
– Bien sûr que si, contredit Lily. J'y arriverais très bien.

Waha donna un petit coup de coude à sa voisine.

– Non, improvisa Mona. On te connaît bien et on est toutes les deux d'accord pour dire que tu n'y arriverais pas.
– Tu serais comme n'importe quelle fille de notre âge, continua Waha. Impuissante face à tes hormones.
– Non ! S'écria la rousse. Vous me sous-estimez ! Je suis plus forte que ça.

C'est marrant, pour une fille intelligente, t'es drôlement conne.
Mona voyait vaguement où Waha voulait en venir, mais elle ne comprenait pas la raison. Lily était intelligente, elle finirait par faire tomber cette idée vers lequel Waha et Mona tentaient de l'entrainer.

- Tu crois vraiment ? demanda Waha. Mais tu n'as toi-même jamais testé tes hormones.
– C'est vrai, renchérit Mona.
– Si je les teste, dit Lily, je vous parie que je résiste.

Résiste ! Prouve que tu existes !

– Vraiment ? dit Waha en faisant semblant d'être songeuse.

Elle se tourna vers Mona pour accentuer sa pseudo réflexion.
C'est gros comme une montagne, les filles.

– Dans ce cas, tu pourrais embrasser quelqu'un et résister s'il veut te ré-embrasser, suggéra Waha.

Sous le choc, Lily ne répondit pas tout de suite. Mona cachait son excitation, Lily allait tomber dans le panneau.

– Je suis sûre que si je faisais ça, dit Lily après un moment, j'arriverais à faire en sorte que cela ne m'affecte pas.
– La théorie, c'est bien...
– Mais la pratique, c'est mieux, continua Mona.
– Voyons voir, quel garçon... James, s'écria Waha. Il est parfait. Il te court après et il est plutôt joli garçon. Il saura mettre tes hormones à l'épreuve.

Le visage de Lily se décomposa.

– Tu veux que j'embrasse James ?
– Ça serait le meilleur moyen de prouver que tu n'es pas esclave de tes pulsions hormonales, dit Waha. Mais si...

– Si tu ne veux pas, ce n'est pas grave, continua Mona. Après tout, on est toutes un peu esclaves de nos hormones. Tu as le droit d'être aussi faible que les autres.

Donc tu es faible, ma Mona.

Lily tiqua, songeuse.

– Tiens, il y a justement James qui revient de son entraînement, déclara Waha.
– Très bien, dit Lily, songeuse. Très bien.

Sans prévenir, elle se redressa et fila vers James. Mona et Waha se pressèrent à sa suite, tout en gardant une distance de sécurité.

– Elle va le faire, gloussa Mona à voix basse.
– J'y crois pas, renchérit Waha.

Moi non plus, comment elle a fait pour se faire coincer ? ou alors, c'est une bonne excuse et elle en a réellement envie.

– James ! appela Lily, quelques mètres devant les deux filles.

Le susnommé se retourna, ravi de voir Lily avancer vers lui. Mona se rendit soudain compte que Sirius était avec lui. Leurs regards se croisèrent un instant. Ils se détournèrent presque aussitôt. Mona sentit son cœur s'accélérer. À nouveau, elle se détesta. Contrairement à ce que prouverait Lily dans une seconde, Mona, elle, était bien esclave de ses hormones.

– Je sais, commença James. J'ai encore fait perdre dix points aux Gryffondor. Mais il fallait que je fasse exploser ce crapaud, c'était nécessaire.
– Tais-toi ! ordonna Lily sans cesser d'avancer vers lui.
– Laisse-moi au moins me justifier...

Il ne put terminer sa phrase. En un dixième de seconde, Lily avait posé ses mains de chaque côté de son visage et l'avait embrassé. Mona et Waha gloussèrent silencieusement. Waha attrapa la main de sa nouvelle amie et elles sautillèrent sur place, discrètement. Sirius, ahuri, regardait les deux filles ainsi que James, qui passait ses bras autour de Lily. Dès qu'elle sentit les bras sur elle, Lily relâcha James.

– C'est tout, annonça-t-elle d'une voix claire. Je voulais juste vérifier une théorie.

Mona et Waha se calmèrent et prirent un air neutre, tandis que Lily tournait le dos à James pour revenir vers les deux filles.

– Vous voyez, dit-elle, un ton au-dessus. Pas d'ébullition d'hormones.
– Oui, dit Waha. Tu avais encore raison.

Elle et Mona échangèrent un discret coup d'œil amusé.
Le premier baiser entre James et Lily... ben, ça aurait été dommage de louper ça.

Jour 6