Chapitre 118 : 1978 : Molly, Meredith, Marine...

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Jour 1

Un cri retentit, et Mona ouvrit les yeux. Ses oreilles semblaient bouchées, elle était sourde à ce qui se passait dans la pièce. Autour d'elle, des médicomages s'affairaient ; elle voyait leurs lèvres bouger, mais n'entendait rien. Allongée dans un lit, elle aperçut Arthur à ses côtés, tenant un bébé entre ses mains.

Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?

Il affichait un large sourire, les yeux embués de larmes. Une femme que Mona n'avait jamais vue auparavant s'approcha, poussant devant elle un berceau. Le même regard émerveillé d'Arthur se posa sur le lit minuscule, où un autre bébé s'époumonait en silence. Mona tendit faiblement un bras, un bras plus potelé que d'habitude. La femme prit le bébé hurlant du berceau et le posa dans ses bras. Mona sentit une vague de bonheur l'envahir, une vague qu'elle avait l'impression d'avoir déjà vécue à trois autres reprises. Du moins, c'était son impression, elle n'avait aucun souvenir de la sorte. Arthur lui parlait, mais elle n'entendait rien ; pourtant, elle savait qu'elle devait répondre, car ses lèvres bougeaient. Les muscles de Mona s'affaiblirent, elle sentit qu'elle formulait un souhait à l'adresse d'Arthur. L'enfant qu'elle tenait lui fut repris des bras, et en une seconde, la fatigue l'envahit. Elle sombra dans un sommeil irrésistible.

Sacré sommeil, je dirais même que tu dors depuis un bon moment. À moins que tu t'appelles Molly Weasley et que tu viennes d'accoucher de Fred et George... tu aurais pu me prévenir.

Mona ne dormit qu'une seconde. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se trouvait chez son oncle Gideon.

Et moi, je parierais que tu dors toujours dans ton lit à Pouldard.

Elle était debout, bien droite dans ses chaussures, presque rigide. Face à elle, Gideon affichait une mine lasse et désolée. À nouveau, Mona comprit qu'elle parlait, sans percevoir ses propres paroles. Gideon répondit. Elle parla encore, et cette fois-ci, lorsque Gideon lui répondit, il paraissait agacé, comme si les mots lui avaient échappé. Un frisson glacé parcourut Mona. Ce qu'il venait de dire l'effrayait, la terrifiait. Elle reprit la parole, et tous deux s'expliquèrent. Sous le choc, Mona baissa la tête ; lorsqu'elle la releva, Gideon avait un regard inquiet, attendant une réponse. Tandis qu'elle s'expliquait, son oncle parut éberlué avant qu'un sourire blasé ne remplace son expression pantoise. Soudain, la cheminée s'anima. En un éclair, Gideon sortit sa baguette et la pointa vers l'âtre, s'approchant lentement. La tête d'Arthur apparut brusquement. Arthur avait le même regard émerveillé qu'un instant plus tôt. Il cria, et Mona sentit à nouveau une joie intense. Elle se pressa vers son oncle pour lui parler. Le cœur battant, Mona absorbait les paroles muettes d'Arthur. Puis il disparut. Elle ferma les yeux un instant pour savourer cette seconde de double bonheur.

Petit quizz : après Molly, pour qui Mona s'était-elle prise ? Je vous donne la réponse : Mémédith.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle n'était plus chez Gideon, mais chez elle, rue Constantinople. Dehors, une pluie fine battait contre le carreau. Mona était assise à table, face à son père. Ses pieds et son dos lui faisaient mal, sa tête aussi, mais le pire était la fatigue. Elle était si fatiguée. Tutic s'approcha et lui désigna un rôti de veau, ce qu'elle trouva étrange, car d'habitude, l'elfe présentait les plats à sa mère.

Et ça ne te met même pas la puce à l'oreille ?

Edgar lisait une pile de lettres sans accorder un regard à son serviteur, même quand celui-ci remplit son assiette. Soudain, l'expression d'Edgar changea, visiblement mécontent de ce qu'il lisait. Ses mains, son sourcil qui tressaillait et son regard trahissaient sa colère. Bien qu'elle ne l'entende pas, Mona savait qu'elle ferait mieux de filer pour éviter les reproches. Edgar lui tendit la lettre qu'il lisait. Elle allongea le bras pour la saisir et se rendit compte qu'elle portait l'une des robes de sa mère.

Nan ? Comme c'est surprenant ! Mona, réveille-toi ! Au propre comme au figuré !

Sur le parchemin, elle reconnut l'écriture de son frère. Terence racontait ce qui se passait à Poudlard. Il expliquait qu'il espérait toujours voir Mona et Clive rompre, les ayant encore vus se disputer. Il terminait en rappelant qu'il ne parvenait pas à convaincre sa sœur de reprendre la liste. Lorsqu'elle finit de lire, Mona leva les yeux vers Edgar. Il ruminait, frappait même du poing sur la table ; une large veine palpitait violemment sur sa tempe. Mona acquiesça à sa tirade furieuse. Toujours aussi fatiguée, elle ferma les yeux pour s'accorder une pause.

Et c'est reparti pour un tour ! Juste une question : ce sont juste des rêves ou y a anguille sous Rogue... heu... roche... une anguille sous Rogue ? Ouais, je kiffe la vision.

Elle rouvrit les yeux et se retrouva chez sa grand-mère Marine. Mona ne voulait pas être ici ; elle n'avait jamais aimé les repas de famille que son arrière-grand-mère organisait, et elle en organisait souvent... trop souvent. Cette fois pourtant, elle comprit qu'elle allait devoir participer à la réunion. C'était elle qui mettait le couvert. Elle s'étonna de ne poser que six assiettes sur la table, ce qui signifiait que Marine n'avait invité que « la famille d'Edgar », comme elle disait. Pourtant, Terence et Hugh n'étaient-ils pas à Poudlard ?

Nan, mais t'es conne ou tu le fais exprès ? Mona tu es en train de rêver, tu es une autre personne dans ton rêve. Au pif : Tu es Marine Moon, ton arrière grand-mère.

Vilmée, l'elfe de Marine Moon, entra dans la pièce, portant trois verres à pied dans chaque main. Mona détourna la tête, même si elle était étonnée de la prouesse de l'elfe, vu la petitesse de ses doigts. Elle regarda la table dans son ensemble, entra dans la cuisine pour vérifier les plats qui mijotaient. Elle se vit donner des ordres à Vilmée, qui s'exécutait en piétinant le sol à petits pas. Mona redressa soudain la tête et fila vers l'âtre de la cheminée. Le visage de Meredith flottait dans les flammes. Meredith semblait fébrile, elle esquissa même un sourire en parlant. Mona protesta, elle n'aimait pas ce que sa grand-mère lui disait, mais Meredith ne céda pas et disparut des flammes. Mona s'approcha alors de la table et enleva un couvert, furieuse. Elle ne pouvait cependant pas se laisser aller à la colère ; il restait tant de choses à préparer avant le dîner. Elle ferma les yeux pour retrouver son calme.

Et c'est reparti.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant