Chapitre 137 : 1978 : Le point canonique de la carte

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– Se tenir côte à côte pour une première fois, c'est déjà pas mal, dit-elle. Tu as voulu en faire plus, très bien, mais préviens-moi.

– Ça n'a pas été une partie de plaisir, contrairement à ce que tu sembles croire, confia Sirius. En plus, t'as les mains moites.

Alors ça ! C'est un coup bas. En plus, elle n'a pas les mains... ok, j'ai rien dit.

Ils étaient complètement à l'écart à présent. James se tenait en bout de couloir pour vérifier que personne n'arrivait. Lily tentait péniblement de calmer le faux couple.

– Taisez-vous, ça ne sert à rien, dit-elle.

– Raison de plus pour me prévenir, dit Mona en ignorant son amie. J'aurais eu le temps de m'essuyer les mains.

– James et Lily étaient d'accord, dit Sirius. Je sais que tu es longue à la détente, mais tu aurais pu activer deux-trois neurones pour l'occasion. Tu y arrives bien quand il s'agit de manipuler ton monde.

– Je manipule mon monde ? s'écria-t-elle.

– Inutile de crier, dit Lily calmement.

– Et c'est toi qui dis ça, continua Mona en ignorant toujours Lily. Pour info, moi, je ne fais pas semblant de croiser mystérieusement les gens.

– Heu... commença James en se rapprochant du trio.

– Et ça veut dire quoi, ça ? demanda Sirius.

– Ça veut dire qu'hier, et de nombreuses autres fois, tu as fait semblant de me croiser par hasard alors que...

Elle vit soudain la carte du Maraudeur dépasser de la poche de Sirius.

– Alors que cette carte t'indiquait précisément que j'étais là ! triompha-t-elle en l'arrachant.

– Hé ! Je connais ce parchemin, découvrit Lily.

– Oui, intervint précipitamment James. C'est une carte que moi et les autres avons fabriquée, elle nous permet d'esquiver certaines personnes. D'habitude, on ne s'en sert pas pour trouver "malencontreusement" quelqu'un. Sirius doit être le seul à... une seconde.

Il se tourna vers Sirius, qui bouillait devant l'expression triomphante de Mona.

– Tu vois, malgré ton numéro, dit-elle. Je savais que tu programmais tout.

– Depuis quand tu sais ? demanda-t-il, les dents serrées.

– Juste avant que tu viennes me trouver "par hasard" hier soir, dit-elle victorieuse.

– Pourquoi tu as dit qu'il avait utilisé la carte hier soir et de nombreuses autres fois ? intervint James.

Elle a dit ça ?... Ah oui, elle l'a dit. Mona, tu es une truite !

Le silence tomba brutalement dans le petit groupe.

– Qu'est-ce que c'est que ce raffut !

Le concierge Rusard apparut au coin du couloir que James ne surveillait plus.

– Rien, répondit aussitôt Lily. Un débat improvisé sur l'importance des mandragores en potion.

Pouahaha ! Non sérieux Lily !

– Vraiment ? dit Rusard, dubitatif. Alors allez débattre ailleurs.

Il montra le bout du couloir. Mona passa à côté de lui.

– Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda-t-il en désignant la carte du maraudeur que Mona tenait toujours.

– Un vieux parchemin, répondit-elle.

– Montrez-le-moi.

– Bien sûr.

Elle fit fonctionner son cerveau à toute vitesse. Cette carte impliquait James, Remus et même Peter. Elle tendit la carte et la laissa tomber au sol avant que Rusard ne la prenne. Elle se pencha et sortit discrètement sa baguette qu'elle avait dissimulée dans sa manche en prévision de son rencard avec Sirius.

T'étais confiante dis donc !

– Méfait accompli, murmura-t-elle d'une voix à peine audible.

Elle se releva et tendit la carte au concierge.

– Voilà, dit-elle.

Il ouvrit le parchemin et l'examina, dépité.

– Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il.

– Nous comptions y inscrire nos idées sur les mandragores en potion, répondit Mona.

– Je garde ça, dit Rusard, sceptique.

Il montra de nouveau le couloir et suivit les quatre autres qui reprenaient leur marche.

– T'es vraiment pas douée, dit Sirius lorsque Rusard eut disparu.

C'était un accident ! Elle t'a sauvé en même temps que les trois autres, andouille !

– Il ne sait pas ce que c'est, dit Mona. J'ai jeté le sort "méfait accompli".

– Mais comment tu connais ça, toi ? demanda Sirius.

– Heu... commença James, gêné.

– Et je suis douée, j'ai dû ruser pour cacher la carte, dit Mona. T'as qu'à forcer la serrure du bureau du concierge pour aller la récupérer.

– Et tu crois qu'il pensera à qui quand il verra que la carte a disparu ?

Il marque un point. Et puis, la carte doit rester chez Rusard, c'est canonique.

– Fabrique un leurre.

Bonne idée, qui ne doit pas être mise en application ! L'histoire du monde en dépend ! Enfin, juste de la saga Rowlienne. Mais quand même.

– Inutile, dit James. On n'en a plus vraiment besoin.

– Elle aurait pu resservir ! blâma Sirius.

– Tu sais quoi ? dit Mona. Je vais retourner dans ma salle commune pour faire mes devoirs. J'ai assez entendu tes enfantillages.

T'as compris ? Elle t'emmerde et elle rentre à sa maison !

Elle se tourna vers Lily et James.

– Bonsoir Lily, bonsoir James, dit-elle avant de faire face à Sirius. Bonsoir, chéri !

Elle tourna les talons et s'éloigna d'un pas vif. Un coup d'œil à la fenêtre lui fit réaliser que ce n'était pas vraiment le soir et qu'il ne devait pas être plus de quinze heures.

Une truite, Mona est une truite !

Grace l'attendait dans la salle commune. Mona lui fit le récit de son premier rencard avec Sirius, et toutes deux passèrent le reste de la journée à travailler. Après le dîner, et une fois le dernier devoir terminé, Mona entendit frapper au carreau. Elle s'approcha et trouva Dame de Fane, qui, au lieu de taper avec son bec, lançait tout son corps contre la vitre. Mona ouvrit la fenêtre et regarda sa chouette, terrifiant tous les élèves de la salle commune, avant qu'elle ne tombe dans les bras de sa maîtresse. Mona arracha le parchemin qu'elle transportait et conduisit sa chouette à la fenêtre.

Mona s'assit sur une chaise pour dérouler le parchemin. Sans surprise, elle reconnut la signature de ses parents. Pour la première fois depuis des lustres, ils se disaient satisfaits de leur fille. Ils annonçaient également avoir reçu des recommandations de Terence, qu'ils comptaient suivre à la lettre.

Malgré cette missive enthousiaste, Mona sentit un sale goût envahir sa bouche. Elle se dégoûtait. Cette lettre marquait l'apothéose d'une journée pourrie et d'un déshonneur. Même si Mona était la seule à le ressentir.

Nan, moi aussi ! Je le ressens, ce déshonneur. Si je pouvais, je démissionnerais en signe de protestation face à tes conneries.

Jour 5

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant