Chapitre 117 : 1977 : L'anagramme

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Durant le dîner, Mona et Grace prirent soin de s'installer le plus loin possible de Terence. Les murmures que Mona percevait à son sujet lui indiquaient que tout le monde était déjà au courant.

– Rappelle-moi, où vous devez vous retrouver ? demanda Grace.
– Dans la salle des trophées.
– C'est un peu rapide, dit Grace. Dirk et moi avons attendu un mois avant d'y aller.
– On n'y va pas pour ça, dit Mona. Juste pour être tranquilles. On ne va pas forcément passer notre temps à s'embrasser.

Mona fit rouler un petit pois dans son assiette.

– Enfin, je crois.

Grace regarda son amie.

– De toute façon, tu peux dire stop.
– Oui, dit Mona. Si... je dirais stop.

Y'a intérêt ! Tu aurais déjà dû dire stop plusieurs fois cette semaine d'ailleurs. Je corrige : tu aurais dû coller quelques baffes plusieurs fois cette semaine. Je corrige ma correction : tu aurais dû coller méchamment ton genou dans plusieurs couilles cette semaine.

– Tu devrais y aller maintenant, dit Grace. Sinon, Terence trouvera le moyen de te tomber dessus pour que tu t'expliques.
Elle jeta un coup d'œil à son frère et se leva de table pour filer hors de la Grande Salle. Elle monta les escaliers en direction de la salle des trophées. Il était encore tôt. Ou pas ? Le dîner n'était pas vraiment fini. Elle changea de direction et choisit de rejoindre la salle des trophées par un chemin plus long.

C'est bien compliqué. Pourquoi tu te prends la tête comme ça ? Ah oui, t'es une fille.

Après de multiples détours dans l'aile ouest du château, Mona reprit enfin la direction de la salle des trophées. Elle parcourait un couloir sombre lorsqu'elle entendit un gémissement de douleur. Elle se figea aussitôt et sortit sa baguette. Un nouveau gémissement retentit ; le son provenait d'une vieille salle de classe à la porte entrouverte. Mona avança lentement.

Si tu tombes sur un couple en train de copuler, faudra pas venir te plaindre.

Elle poussa doucement la porte et observa la pièce à travers le mince interstice. Une personne se tenait au centre de la pièce. Probablement un élève. Il gémit de nouveau.

Il se branle peut-être. Mona, ferme les yeux.

Grâce au reflet de la fenêtre, Mona put voir son visage. C'était Regulus Black. Il gémit encore et s'assit par terre, maintenant son bras gauche levé. Il y avait quelque chose... Mona plissa les yeux et observa plus attentivement. La Marque des Ténèbres y était tatouée. Mona s'apprêta à crier lorsqu'une main lui ferma la bouche.

Sacrebleu ! LES MOTS RAGEUR MEUGLENT ! REGULUS EST LE MANGEMORT. C'était ça, l'anagramme avec une faute du chapitre 107 !

– Petrificus Totalus, murmura une voix à son oreille.

Mona, impuissante, sentit qu'on la soulevait. Elle ne distinguait pas la personne qui l'avait paralysée.

Oh ****** sa **** la **** qu'est-ce qui se passe ?

On l'emmena dans une pièce voisine. Elle sentit la porte se refermer et un éclair l'illuminer, signe du sortilège du mutisme.

– Finite Incantatem.

Elle sentit ses muscles retrouver leur liberté et se retourna aussitôt, baguette pointée sur... Rogue.

Je le savais, t'es rien qu'un enfoiré, vas-y Mona, tue-le !

– On se calme, dit-il surpris.
– C'est toi, dit Mona en baissant aussitôt sa baguette.

Qu'est-ce que tu fous ? tue-le !

– Et je viens de te sauver la vie, ajouta Rogue. Merci de me remercier.

Alors ça, mon petit père, ça m'étonnerait. D'accord, Mona a surpris un Mangemort secret ; d'accord, Regulus aurait sûrement eu l'ordre de tuer Mona ; d'accord... Non, une seconde, il lui a peut-être bien sauvé la vie, en fait.

Mona s'appuya contre une table derrière elle.

– Pourquoi est-ce que Regulus avait la Marque des Ténèbres sur son bras ? demanda-t-elle.
– À ton avis ?
– Il est beaucoup trop jeune !
– C'est un Black, rappela Rogue. Je te parie que la moitié de son arbre généalogique fait partie des Mangemorts. Un de ses oncles l'aura initié.
– Alors, c'est de lui dont tu parlais ?
– Oui, répondit Rogue.
– Je pensais... Mulciber...

Moi aussi. M'en fous, j'avais parié pour de faux.

– Mulciber est surveillé, expliqua Rogue. À la place du Maître des Ténèbres, j'aurais préféré un espion à Poudlard plus discret. Quelqu'un qui n'attire pas l'attention, voire quelqu'un qui ne proclamerait pas en public les idées du Seigneur des Ténèbres.
– Quelqu'un comme toi, dit Mona.
– Oui, avoua Rogue. Je pensais... mais il est vrai que Regulus est mieux placé. Et il est plus futé qu'il n'y paraît.
– Ça, je veux bien te croire.

Comment j'ai pu oublier que Regulus mourrait en... Il devait forcément être entré dans les rangs de Voldemort au moins un an plus tôt. Je me suis fait avoir comme un bleu.

– C'est un signe de ralliement, c'est ça ? demanda Mona.
– La marque ? Oui. Quand elle devient brûlante, les Mangemorts sont censés accourir auprès de leur maître, raconta Rogue. Mais ça ne concerne pas Regulus. Son absence ici ne passerait pas inaperçue.

Mona s'installa sur la table contre laquelle elle s'était appuyée.

– Il faut à tout prix que tu sois plus prudente, dit Rogue. Entre ton inconscience et Lily qui parle de combattre...
– Comme ça, j'aurai un ami dans chaque camp, dit Mona.
– Je ne sais plus quoi faire, avoua Rogue, feignant de ne pas entendre la remarque de Mona.
– Clive ! dit soudain Mona en se relevant.
– Non, moi c'est Severus, Prince ou même Rogue, dit-il. Mais sûrement pas Clive.

Non plus. Toi, c'est Répugnant, Cheveux Gras ou même Huileux.

– Il m'attend, révéla Mona.
– Alors c'est vrai, cette histoire ? Vous sortez ensemble ?
– Je crois, dit-elle.

Rogue toisa Mona.

– Il est très bien, dit-il après un instant de réflexion. Je ne l'aime pas, mais il ne s'engagera pas dans la guerre.
– Tu viens de me donner la permission ? s'étonna Mona.
– Tu n'en as pas besoin, mais comme ça, au moins une personne approuvera.

Mona lui adressa un sourire et avança vers la porte.

– Je t'en veux, tu sais, dit-il avant qu'elle ne pose la main sur la poignée.
– Pourquoi ?
– Lily et... Potter. Je sais très bien que ce qui s'est passé est en partie de ta faute.

Mona posa la main sur la poignée.

– Je suis désolée, dit-elle, sincère.

Rogue détourna le regard, et Mona passa la porte pour retrouver celui qui, en quelques heures, était devenu son très officiel petit copain.
Et y'a intérêt que quand on se revoit l'année prochaine, ce soit ton très officiel ex-petit copain.

Fin d'une année en 1977.
À suivre une année en 1978.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant