Chapitre 121 : 1978 : Dialogue de sourds

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– Fais pas comme si tout était normal, dit Sirius.

S'il voulait parler du baiser, il aurait pu venir plus tôt. Après tout, il s'était écoulé presque un an depuis que c'était arrivé. Non, il parlait de Clive et Suzie qui s'étaient remis ensemble.

– Ça ne nous concerne pas vraiment, dit Mona. On ne peut rien y faire.
– Ah bah si, quand même, répondit Sirius.

Ils arrivèrent devant les cuisines. Mona chatouilla la poire, et tous deux franchirent l'entrée.

– C'est leur choix, dit-elle. S'ils veulent cette relation, on ne peut rien y faire.
– Il n'est pas question qu'ils prennent cette décision pour nous ! s'écria Sirius, horrifié.

Techniquement, si Suzie et Clive veulent s'embrasser et compagnie, tu n'as pas ton mot à dire. Tu peux grogner et aboyer tant que tu veux en revanche.

Mona attrapa deux muffins et arrêta trois elfes de maison d'un signe de la main avant qu'ils n'arrivent avec de larges plateaux de pâtisseries.

– Ce que tu peux être... chiant, dit-elle en repartant vers le couloir. On ne peut rien y faire, cela ne nous concerne pas.
– Si, un peu quand même ! râla Sirius.
– Oui, évidemment que ça nous concerne, reprit-elle en refermant le tableau. Mais on ne peut rien faire.
– Tu vas arrêter de dire ça ! Je te croyais... moins... enfin plus...

Il l'imaginait encore amoureuse de Clive ?

– Ah non ! s'écria aussitôt Mona. Tout a changé ! Ça fait bientôt un mois.

Elle avança et eut la satisfaction de ne pas voir Sirius la suivre. Malheureusement, il la rattrapa dans les escaliers menant au cours de sortilège.

– Ça fait plus d'un mois, en réalité, dit-il. Écoute, quoi qu'il en soit, je refuse que ça se passe comme ça !
– Fais ce que tu veux, dit-elle. Mais moi, je ne ferai rien.

Non, la rupture de Clive et Mona datait de trois bonnes semaines. Ça ne faisait pas un mois. En revanche, le massacre de la bande à Marine... une seconde.

Sirius se posta devant Mona en croisant les bras.

– Si tu ne peux pas aller contre leurs idées, va falloir que tu me convainques, dit-il froidement.
– Mais fais ce que tu veux, dit-elle en passant à côté de lui.

Ils arrivèrent en vue de la salle de classe, les élèves commençaient à entrer dans la pièce.

– On ne peut pas faire comme ça ! vociféra Sirius. Nous devons prendre une décision ! Je sais pertinemment qu'en étant à Serpentard, tu as les mains liées. Comme tu es la cousine de Peter, j'accepte de t'aider. Je veux bien que tout soit de ma faute.

Une seconde ! C'est un dialogue de sourds ou je suis le roi des cornichons à la crème ?

– Le fait que je sois à Serpentard n'y change rien, dit-elle. Cette situation serait la même si tu étais à la place de Regulus. De toute façon, ton frère a d'autres priorités que les histoires de couple.

Mona regretta aussitôt d'avoir mentionné Regulus.

– Comment ça ? demanda Sirius.

Elle lui adressa un regard éloquent sans cesser de marcher. Les yeux du jeune homme se perdirent dans le vide durant de longues secondes.

– Je verrai ça plus tard, dit-il. Ce qui compte pour le moment, c'est que nous prenions une décision.

Mona s'arrêta et lui fit face à son tour.

– Écoute, je n'ai pas l'intention d'intervenir pour séparer Clive et Suzie, dit-elle. Oui, ça m'embête qu'il se soit remis avec elle si peu de temps après notre séparation. Mais je ne peux rien y faire et je ne veux rien faire. Si tu souhaites récupérer Suzie, très bien, mais ne me mêle pas à tes histoires.
– Pourquoi tu parles de Suzie et Clive ? demanda Sirius, surpris.

Ah ! je le savais ! Dialogue de sourds ! Je ne suis pas un cornichon ! En revanche, je suis une crème !

– Ce n'était pas de ça que tu parlais ? demanda Mona en réalisant sa méprise.
– Non, comment as-tu pu croire que je venais te parler de ça ! dit-il, agacé. Tu n'as pas...
– Le cours va commencer ! annonça le professeur Flitwick de sa petite voix fluette.

"Tu n'as pas... tu n'as pas..." Qu'est-ce qu'elle n'a pas fait ?

Mona et Sirius se détournèrent l'un de l'autre pour entrer dans la salle de classe. Mona engloutit la dernière bouchée de son muffin et s'installa auprès de Grace.

Après le cours, Mona eut la surprise de voir Terence face à la porte. Visiblement, il l'attendait. Cachée derrière Waha et Remus, elle parvint à l'éviter.

– Qu'est-ce que tu fais ? demanda Waha en remarquant Mona penchée derrière elle.
– Je regarde la couleur de tes sous-vêtements pour un pari, dit simplement Mona en se redressant une fois que Terence eut disparu de son champ de vision.
– Noir, répondit Waha avec un sourire coquin à un Remus rouge pivoine.
– Et pour de vrai ? demanda Remus à Mona, fuyant le regard de sa petite-amie.
– Je fuis mon frère.

Et Mona dut fuir encore son frère à deux reprises ; le garçon semblait se tenir en embuscade devant chaque endroit inévitable pour elle.

– Mais qu'est-ce qu'il te veut ? demanda Grace alors que les deux filles se cachaient dans un rayonnage de la bibliothèque.
– Aucune idée, pourtant je n'ai rien fait. Enfin... pas récemment.
– Tu devrais aller lui parler une bonne fois pour toutes, tu ne peux pas le fuir constamment.

Voilà une bonne idée. Mona prend tes couilles et va causer à ton p'tit frère.

– Pas avant de savoir pourquoi il me cherche.

– Demande à Hugh, suggéra Grace.

Brusquement, Mona se souvint de Dame de Fane. Elle n'avait toujours pas ouvert la lettre que sa chouette lui avait apportée le matin même. Elle plongea la main dans sa poche et en ressortit un rouleau de parchemin taché de porridge.

– Tu aurais peut-être dû commencer par là, dit Grace.

Pour une fois, je suis d'accord avec la blonde ! C'est peut-être justement le truc que tu n'as pas fait ! Lire ton courrier.

Mona déroula la missive et se pencha sur la lettre en provenance de ses parents.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant