Un jour, Mona Moon sera une rebelle

Chapitre 140 : 1978 : Mimi raconte Mémé

– Je suis désolée pour la gaffe, dit-elle. Je ne voulais pas. Ça m'a échappé.

– Ce n'est pas grave, dit Mona. Raconte à autant de gens que tu peux que tu nous as vus, Sirius et moi, en train de nous embrasser. Si ça arrivait aux oreilles de mon frère, il se rendrait compte que je mets toutes les chances de mon côté.

– D'accord, répondit Waha avec un sourire peiné.

Elle fila rejoindre Remus, mais Lily l'agrippa et l'entraîna loin du groupe. Mona chercha de nouveau Grace, qui avait disparu. Tous les autres étaient dispersés ou se dirigeaient vers la Grande Salle. Mona, quant à elle, n'avait pas envie de dîner. Elle voulait rester seule un moment. Elle entra dans le château et monta les escaliers jusqu'au deuxième étage. Sans y réfléchir, elle prit la direction des toilettes.

Tu ne risques pas d'être super seule, là-bas.

Elle ouvrit la porte et entra dans une cabine.

Nous, on reste dehors... enfin j'espère... oui, on reste dehors. OUF !

Un instant plus tard, Mona ressortit et se dirigea vers les lavabos.

– Tu as vu, j'ai attendu que tu sortes !

L'étudiante sursauta et vérifia les alentours, le cœur battant la chamade. Mimi flottait à quelques centimètres d'elle, plus transparente qu'à l'accoutumée.

– Mimi ! Montre-toi avant de parler, ordonna Mona en tentant de se calmer.

Mimi devint aussitôt aussi visible que possible.

– Comment tu t'appelles ? demanda Mimi, insensible à l'effroi qu'elle avait provoqué.

En même temps, c'est un fantôme, foutre les chocottes, c'est un peu son boulot.

– Mona.

– C'est ton nom qui m'intéresse.

– Moon.

– Oooohhh ! Comme Meredith Moon ! s'écria Mimi.

– C'est ma grand-mère, dévoila Mona, surprise par l'enthousiasme de la jeune fille. Tu la connais ?

– Bien sûr, c'est elle qui a trouvé mon corps, raconta la revenante, radieuse. Meredith a pris la situation en main quand Olive Hornby l'a prévenue.

– Vraiment ?

– Oui, Meredith était vraiment très gentille. Un peu rigide, mais elle venait d'une famille noble.

– Oui, confirma Mona, encore sous le choc qu'une personne au sang impur puisse apprécier sa grand-mère.

– Vous avez le même rang alors ? demanda Mimi.

– Euh, oui, dit-elle.

– On ne dirait pas, tu n'as pas sa prestance !

Mona détourna un instant les yeux, vexée.

– Elle a gardé sa prestance en vieillissant dit Mimi songeuse.

– Oui, c'est vrai, dit Mona. Attends, comment tu sais ça ?

– Elle est venue me voir il y a quelques années.

– Après Poudlard ?

– Oui, répondit Mimi. C'était il y a longtemps déjà, mais elle avait quitté l'école depuis un bon moment. J'avais vu défiler ses quatre enfants ici. Ils sont tous venus me voir de temps en temps. Tous étaient gentils... sauf Edgar.

– C'est mon père, lâcha Mona, platement.

– Il n'est pas très amical, fit remarquer Mimi.

– Je suis déjà au courant. Mais pourquoi ma grand-mère est venue ici ?

Je vous préviens tout de suite, chers lecteurs, vous n'aurez jamais la réponse à cette question. Vous aurez simplement droit aux interrogations de notre héroïne sur le sujet. Et c'est tout ce qui nous importe ici.

– Aucune idée.

– Qu'est-ce qu'elle t'a dit ? demanda Mona, curieuse.

– Rien de particulier, répondit Mimi. C'est surtout moi qui ai parlé, en fait.

Non, vraiment ?

– J'ai toujours été surprise que Meredith se marie avec Ignatius, avoua le fantôme.

– Pourquoi ?

– Kerian McKeller était beaucoup plus mignon, mais je suppose que le fait qu'il soit un sang de bourbe comme moi n'a pas joué en sa faveur.

Mona ouvrit la bouche, sous le choc. Personne ne savait qui était le vrai père d'Edgar. Pour la première fois, elle entendait un nom. Un nom possible, car elle avait déjà calculé les âges et en avait déduit que sa grand-mère était tombée enceinte à la fin de sa dernière année à Poudlard.

– Et c'était quand ? demanda Mona.

– Qu'elle est venue me voir ? dit Mimi. Il me semble que c'était en 1960... en février, je crois.

– Non, au sujet de Kerian Mc...

Elle se stoppa, puis reprit.

– Elle est venue quand ?

– En février 1960, répondit Mimi. Je me trompe peut-être un peu... Pourquoi ça t'étonne ?

– Je dois aller dîner, prétexta Mona. Au revoir, Mimi.

– Au revoir, Mona Moon !

Mona sortit de la pièce et se promit de ne plus jamais utiliser ces toilettes. Pourquoi Meredith avait-elle eu besoin de venir à Poudlard un mois avant la naissance de Mona ? Elle s'adossa à la porte et ferma les yeux.

– Miss Moon ?

Mona ouvrit les yeux et se retrouva nez à nez avec Albus Dumbledore.

– Bonjour, professeur, dit-elle.

– Tout se passe bien ?

– Oui, je suis un peu fatiguée.

– Très bien, dit l'enseignant, peu convaincu. Bonne soirée, alors.

– Bonne soirée, professeur.

Elle le regarda s'éloigner.

Ça ne t'embête pas trop de croiser des stars du monde sorcier sans en avoir rien à secouer ? C'est juste Albus Dumbledore qui vient te parler, rien que ça. Et toi, tu penses à ta Mémédith. Essaye d'être surprise au moins !

À l'instant où il disparut, Mona prit la direction des cuisines. Elle ne voulait pas rejoindre la Grande Salle, mais pas question de laisser son estomac lui crier famine durant des heures. Avant de chatouiller la poire, elle vérifia discrètement que personne ne la surprenait. Elle ouvrit la porte et s'apprêta à entrer lorsqu'elle tomba nez à nez avec... Sirius.

– Hé ! fit Mona, surprise.

– Qu'est-ce que tu fais là ? demanda Sirius, tenant une cuisse de poulet à la main.

Elle vient cueillir des pâquerettes, andouille.

– J'ai faim, répondit Mona.

– Ah... tu n'étais pas dans la Grande Salle ?

Si, mais c'est une grosse morfale, elle a tout le temps faim.

– Non.

– Ah... d'accord.

Ils se regardèrent, gênés.

– Tu es vraiment amie avec une moldue ? demanda-t-il. Et avec Lily ?

– Oui, répondit Mona. Si tu pouvais éviter de l'ébruiter.

Sirius acquiesça.

– Bon, fit-il en lui adressant un signe de tête.

Elle répondit à son geste, et il passa à côté d'elle pour sortir. Mona entendit la porte se refermer avec soulagement.

– Bonjour, Miss !

Mona baissa les yeux et aperçut un elfe portant un large plateau de pâtisseries.