Chapitre 107 : 1977 : Les mots rageur meuglent

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— Ça, ça ne te regarde pas.
— Tu peux bien nous le dire, dit Mona.
— Non.

En même temps, si elle est la petite-fille de Dumbledore, on peut imaginer qu'elle ne veuille pas le révéler. On est en guerre tout de même.

— T'es vraiment pas drôle, dit Irène.

Waha affichait un petit sourire satisfait alors qu'elle remplissait son trentième bocal.

Une bonne heure plus tard, les trois filles furent libérées des cachots.
Oui, j'ai sauté une heure, le côté « Et toi t'es sur qui ? » ça va un chapitre. Et non, j'ai pas trouvé ça hyper intéressant... quoi ? Vos gueules.
Chacune repartit vers sa salle commune. Toutes, sauf Mona, que la faim tiraillait. Elle se souvenait des pâtisseries que Sirius avait rapportées d'un passage secret. Malgré le couvre-feu déjà dépassé, elle descendit dans des couloirs où aucun élève ne mettait jamais les pieds. Elle trouva assez facilement le tableau devant lequel le Gryffondor s'était arrêté. Elle examina de près la coupe de fruits représentée et y chercha un quelconque indice. Sirius l'avait touché... mais où ? Et de quelle manière ? Fallait-il dessiner une croix, un cercle, ou autre chose ?
Ou faire une partie de morpion ?

Mona approcha sa main vers une orange. Elle s'apprêtait à toucher le tableau lorsque le passage s'ouvrit. Elle recula vivement, la main serrée sur sa baguette, prête à la sortir en un instant.

— J'avais oublié à quel point j'adore ces pâtisseries.

Mona écarquilla les yeux. Ils ne pouvaient pas être là ? Pour quelle raison ses oncles, Fabian et Gideon Prewett, se trouvaient-ils dans cette partie du château à cette heure ?
Surprise ! Après les Tontons flingueurs, voici : Les Tontons débarquent !

— Mona ? dit Fabian, gêné.
— Qu'est-ce que vous faites là ? demanda-t-elle, encore ahurie.

La porte se referma derrière eux.

— Le couvre-feu n'est pas passé ? s'étonna Gideon.
— Si, répondit Mona. Mais qu'est-ce que vous faites là ?
— On a rendez-vous avec Dumbledore, confia Fabian.

Gideon se tourna vers son frère avec une expression furieuse.

— Quoi ? dit-il. Elle va pas cafter. C'est Mona. C'est pas Terence.
— D'abord, depuis quand le bureau de Dumbledore se trouve derrière ce tableau ? Ensuite, pourquoi avez-vous rendez-vous avec Dumbledore ? demanda Mona.
— Alors d'abord, dit Fabian avec un sourire, ne répète à personne que tu nous as vus. Sauf à Molly et Arthur, à la rigueur. Surtout pas à ton père ! Ensuite, derrière ce tableau, ce sont les cuisines. Ensuite...
— Si vous voulez que je ne dise rien à votre grand frère adoré, il va falloir payer, coupa Mona.

Gideon et Fabian échangèrent un regard surpris, alors que les yeux de Mona fixaient les pâtisseries qu'ils tenaient dans leurs bras.

— J'ai faim, confia-t-elle. Le pote à moitié vampire de Hugh m'a dégoûtée de mon steak.

C'était une entrecôte, mais c'est pas grave.
Les deux frères affichèrent une mine soulagée et tendirent de la nourriture à leur nièce.

— Et ensuite ? demanda Mona entre deux bouchées. Pourquoi vous voulez voir Dumbledore ?
— On ne peut vraiment pas t'en parler... dit Gideon.

Avant de mordre une troisième fois dans un éclair au café, Mona regarda attentivement ses oncles.

— Vous ne faites quand même pas partie de ces résistants ou je ne sais pas quoi, dit-elle. Il paraît que Dumbledore les dirige.

Ils ne répondirent pas.

— Mona, le plus important, c'est que tu ne répètes à personne que tu nous as vus, insista Gideon.
— Grand-père aussi en faisait partie ? demanda Mona. C'est pour ça que Vous-Savez-Qui l'a tué ?
— Non, dit aussitôt Gideon. Nous avons rencontré Dumbledore pour la première fois en dehors du cadre scolaire après l'enterrement de notre père.

Juste pour info, les lascars font vraiment partie de l'ordre, et c'est justement la mort d'Ignatius qui les a décidés.

— Mais toi, qu'est-ce que tu fais là ? demanda soudain Fabian. Si le couvre-feu est passé, tu n'as rien à faire ici.
— C'est même dangereux, renchérit Gideon. Surtout depuis ce qu'il s'est passé avec Mulciber.
— Est-ce qu'il y a une seule personne qui n'est pas au courant de ce qu'il s'est passé avec Mulciber ? s'irrita Mona.
— Pas vraiment, dit Gideon.
— D'ailleurs, tu te battrais dans quel camp ? demanda Fabian.
— Quoi ? demanda Mona. Vous-Savez-Qui a tué mon grand-père, les Mangemorts ne viendront jamais me chercher.

Ils vont bien recruter Peter.

— Notre famille est encore approchée pourtant, révéla Fabian.
— Je crois que tant que tu es à Poudlard, tu devrais cultiver une certaine ambiguïté quant à ton camp, dit Gideon. Ton père le fait, même si de son côté c'est une fausse couverture. Quoi qu'il en soit, il devrait être le dernier que les Mangemorts attaqueront.

Et merde.

— D'accord, dit-elle, un peu surprise.
— S'ils t'approchent de trop près, tu joues les poules mouillées, conseilla Fabian.
— Voldemort est assez sexiste, il ne devrait pas ordonner ta mort pour cette raison.
— Ou alors tu fais un enfant, ajouta Fabian.

Mais ta gueule, toi !

— Va pas lui mettre de mauvaises idées dans le crâne, râla Gideon.
— Je veux être grand tonton, moi, râla Fabian.
— Faire des enfants implique une chose qu'elle ne doit pas faire, essaya de coder Gideon.
— Heu... j'ai seize ans. Côté touche-pipi, j'ai toutes les informations.

Quoi ? Qu'ouïe-je ?

— Mais pas la pratique ? demanda Fabian, soudain inquiet.

Mona se mit à rougir.

- Non, mais interdiction de me reposer cette question un jour.


— Si tu ne veux pas qu'on te repose cette question, c'est parce que ça va changer ? demanda Fabian.
— Ça dépend, tu veux être grand tonton ?
— Je ne suis plus très sûr... hésita Fabian.

Nan, tu veux pas ! Je ne veux pas narrer ce genre de scène, encore moins un accouchement.

— Bon, ça suffit, intervint Gideon. On devait arriver une demi-heure après le couvre-feu, et nous sommes déjà en retard.
— Attends, on ne sait toujours pas pourquoi elle est là, rappela Fabian.

Les deux hommes se tournèrent vers Mona avec interrogation.

— J'étais en retenue avec le professeur Slughorn.

Les deux garçons échangèrent un regard surpris.

— Arrête ! dit Fabian. Toi ?
— C'était ma première retenue, dit-elle, embarrassée. Et ce n'était pas pour indiscipline.
— C'était pourquoi alors ?
— Une suite d'explosions...
— C'est bien connu, faire exploser des trucs c'est moins dangereux qu'être indiscipliné, dit Gideon.
— Quand on a fait exploser les toilettes de Mimi Geignarde, on a été plus ou moins en retenue que lorsqu'on a dit au professeur Tradewell que sa matière nous ennuyait ? demanda Fabian à son frère.
— On n'était pas dans la même classe, rappela Gideon. On s'est fait coller à deux périodes différentes par le professeur Tradewell.

Pendant la discussion des deux garçons, Mona avait eu le temps de commencer une tarte au citron un peu acide.

— Comment vous faites pour ouvrir la porte ? demanda Mona en désignant le tableau.
— En chatouillant la poire, révéla Fabian.
— Maintenant, on y va, dit Gideon. Surtout Mona, tu ne dis rien à personne.

Elle acquiesça et regarda ses oncles s'éloigner. Elle finit sa tarte et fit volte-face pour prendre la direction de sa salle commune.

Un jour, Mona Moon sera une rebelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant