Pressentiment

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Point de vue de Vick:

Anaelle reposa sur mes jambes et s'endormit immédiatement. Je caressai tendrement ses cheveux mouillés et frottai son dos. Elle respirait silencieusement et, à l'intérieur de ses paupières closes, ses pupilles qui bougeaient de tous les côtés révélaient qu'elle rêvait.

Sentant une envie pressante d'aller au petit coin, je pris la tête d'Anaelle et la déposai doucement sur le sol. Je pris sa serviette et l'étendis sur son corps. Je lui plaquai un bisou sur le front et sortit de la grotte. La pluie avait cessé et de l'eau coulait partout sur les plantes et le sol, formant de minuscules ruisseaux. Je marchai sur un sentier et finis par faire ce que j'avais à faire.
Finissant cette tâche, je repris le chemin du retour mais une chose m'agaça. Comme un mauvais pressentiment. Mais je continuai de marcher sans me préoccuper de cette sensation.

-Je dois encore rêver, me dis-je pour moi-même.

Soudainement, un bruissement de feuilles me fit me retourner derrière moi.
Mon regard se tourna vers un petit animal ressemblant à un chaton mais avec un pelage vert et de grandes oreilles poilues. L'animal sautilla jusqu'à ma jambe et s'y frotta en ronronnant. Toujours abasourdi par la scène, je ne bougeai pas. Mais je finis par m'accroupir et caresser la boule de poil qui devait être la dernière chose la plus mignonne dans ce monde cruel. Je le pris dans mes bras et je décidai de l'emporter pour le montrer à Anaelle. Elle le trouverait certainement craquant! Une fois le chaton sur mon épaule, je repartis tranquillement. Puis, le chaton se mit à gratter avec ses petites griffes sur mon cou. Je mis alors ma main sur les griffures et découvris quelques gouttes de sang tacher un de mes doigt. Je repris le chaton dans mes bras et le sermonnai du regard mais le chaton sauta au sol et me fixa intensément. Il me fixait... Il me fixait... Si... Intensément...

***
Je me réveillai de sur un sol rocheux. Un mal de crâne m'étourdie alors que je me levai. Mais je pris tout de même le gout de faire le petit déjeuner. Je pris rapidement quelques casseroles et allumai un feu. Je fis cuire des bouts de viande et coupait quelques fruits. Cinno se leva tranquillement, les mains frottant ses yeux fatigués.

-Brfsbdnonjour!

-C'est moi ou tu t'es transformé en monstre qui grogne pour parler?, le taquinai-je en lui mettant une main sur l'épaule.

Il ne retourna pas la remarque mais me fis un sourire digne des plus méchants psychopathes. Je le surveillai, méfiante de ce qu'il allait trafiquer. Je regardai du coin de l'oeil Cinno pendant qu'il s'éloignait et chuchotait quelque chose à Sandra. Ma soeur se leva et m'approcha en me proposant de m'aider. J'acceptai volontier mais je gardai un peu de distance. Alors que je me retournai pour regarder si la viande était cuite, Sandra me sauta dessus et me bloqua les poignets avec ses mains fortes. Je gigotai pour l'empêcher de faire une bêtise mais je finis par arrêter et la fixer sérieusement.

-Qu'est-ce' tu fous?, marmonnai-je en plissant les yeux.

-Désolé! C'est Cinno qui m'a dit de faire ça! Et tu sais, je peux rien lui refuser!, rigola-t-elle en me faisant un clin d'oeil.

Je grogna et Cinno s'avança, un rictus sur les lèvres. Il s'accroupi à ma hauteur et me regarda, piteux.

-Je suis désolé!, dit-il en s'avançant.

Sandra se retenait de rire et je compris qu'il allait me faire regretter toutes les remarques que je lui disais. Puis, ce fut le drame! Cinno commença à me chatouiller partout où j'étais sensible à ses chatouillis. C'est-à-dire les hanches, le ventre, le cou, les aisselles. Le cauchemar! Je riai jusqu'à ce que mon souffle soit coupé et que je pleure de rire. Cinno continua de me chatouiller tandis qu'il me parla:

-Alors? Qui sait le plus fort? C'est Cinno le plus grand, le plus fort, le plus respectable et je dois le respecter pour le reste de ma vie! Aller, répète!, ordonna Cinno en riant de plaisir.

Les mains liées, je ne pouvais sécher les larmes qui coulaient et ma vue était embrouillée. Je riai un bon coup et finis par essayer de répéter:

-Cinno est le (hahaha!) plus-plus grand (pfrhaha!) le plus fort, le plus (haha!) respectable et je dois le res-respecter pour (pwouhahahaha!) le reste-te de ma viiiie! Hahahahahahahhaa!

Je ris jusqu'à ce que je sente une douleur à mon front. Je m'arrêtais subitement tandis que Cinno observait la lueur rouge qui s'échappait de ma marque. Une brûlure m'obligea à ordonner à Sandra de me lâcher et d'enlever les liens qu'elle m'avait attachés lorsque Cinno me chatouillait. Sandra se leva de sur le mur de la grotte devant moi et se dirigea dans ma direction. À peine eut-elle le temps de faire deux pas qu'elle se stoppa et une grande douleur se fit dans mon épaule. Je sortis mes ailes recroquevillées et serrai les dents. Cinno, aussi pétrifié que Sandra, fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour parler.

-Qu'est-ce que t'as foutu, Vick? Qu'est-ce qui te prend?, grogna-t-il.

-Ce n'est pas de tes affaires, pauvre guérisseurs. Et je te remercie d'avoir attaché d'avance ma prisonnière!, siffla Vick entre ses dents.

Un liquide froid coula le long de mon bras gauche et tacha lentement mes habits. Je gémis, me retenant de crier.

-Vi-vick... Idiot! A-a..., commençai-je avant de m'écrouler au sol.

La douleur s'emplifia dans tout mon bras. Partant de l'épaule jusqu'au doigts. Vick, sans scrupule, me releva et me menaca moi et mes amis en me glissant une dague sous le cou.

-Vous bougez pas ou je prendrai le temps de la découper en petits morceaux! Compris?

Cinno jura entre ses dents mais ne bougea pas. Sandra avait les yeux remplis de larmes autant que les miens et tomba à genoux. Otoli qui s'était réveillé en entendant nos rires, grogna et menaça Vick:

-Je te préviens! Si tu lui fais du mal, je vais...

-Tu vas quoi, la taupe?, rigola Vick, amusé par le manque d'inspiration d'Otoli.

-J'hésiterai pas à te tuer!

-Non! Ne-ne... Faites ri-rien!, suppliai-je.

Je ne voulais pas qu'on fasse de mal à Vick. Il avait peut-être perdu la tête mais je ne pouvais penser qu'on devrait lui faire du mal. Vick m'ordonna d'avancer, le sourire aux lèvres. Je m'avança à l'extérieur mais m'évanoui vite en sentant l'effet de la blessure.

MalheureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant