Dernière chance

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Vick me jeta comme un vulgaire sac sur le sol. Je sentis alors une main me prendre par le cou et me soulever de terre.

-Tu m'auras donner beaucoup de travail à faire pour te retrouver, sale garce!, fulmina une voix qui me rappelait malheureusement trop bien celle de Zénota.

Zénota me jeta aussi au sol et marcha un peu autour de moi tel un vautour affamé. Je frissonai de peur et attendais un mouvement de la part des deux personnes présentes. Je sentis alors un fouet contre ma chair. Un horrible sentiment de brûlure s'empara de moi et je serrai les dents afin d'empêcher un quelconque cri de sortir. Puis je sentis d'autres douleurs et des bruits de claquements. Le sang emplit un peu ma bouche tellement je mordais mes lèvres.

-Ma pauvreeee, comme je te plains!, fis semblant Zénota en prenant une fausse voix de compassion.

-Je te déteste, chuchotai-je.

-Pas besoin de me le dire, je le savais déjà!, ricana Zénota

Je gémis silencieusement et me recroquevillait un peu plus sur moi-même comme le ferait une tortue dans sa carapace. Ensuite, Zénota m'attrapa un bras un me planta une aiguille dans une de mes veines et une autre dans mon aile droite. Je criai finalement de douleur et laissai le peu de force qui me restai se faire engloutir par la seringue.

-Voilà! Il me restait seulement deux seringues à remplir! Merci, ma chère, dit Zénota avec sa voix sarcastique.

Je restai couchée au sol, incapable de bouger et les yeux restant entre la conscience et l'inconscience. Mais je pris quand même la peine de faire une dernière chose. J'enlevai une des seringues et écoutai les sons. Quand je fus bien certaine de mon choix, je lançais la seringue. Pile dans la jambe de Zénota. J'entendis le cri de la femme et je souris du coin de la bouche, fière de mon exploit intérieur.

Ce fut en entendant les claquements revenir à mes oreilles et sentir ces sombres douleurs que j'écoutai les faibles bruits de pas. Plutôt de pattes. Puis, un rugissement et un bruit de porte se faire fracasser. Zénota lâcha son fouet et cria d'un cri aigu. Une bête s'approcha de la femme et lui dit:

-Je te pardonnerais jamais d'avoir emprisonné ma famille. Tu payeras la conséquence!

-Si tu fais ça, je les envoie aux lions cette fois, tes enfants et ta femme!, menaça Zénota

-Ils ont été sauvé, tu n'as plus aucun pouvoir sur moi et je n'en ai plus aucun sur Vick!

J'entendis un corps tomber et, prise de stresse, je me mis à ramper vers le corps. Je tournai le visage de Vick vers moi et posai mon oreille contre son torse à la recherche d'un battement. Je le sentis enfin, le "boum boum" qui me rassura instantanément. Vick était seulement évanoui.

Je fus rassurée et me relaxait. Mais je sentis aussi une grande fatigue m'envelopper alors j'accueillis cette fatigue et m'endormis (ou m'évanouis) près de Vick.

***

Je me réveillai péniblement et ouvris les yeux. Ce fut avec surprise que je fus éblouie par un rayon de soleil. J'étais allongée sur un sol plat, recouverte de couvertures et la tête reposant sur un chandail roulé. Je regardai autour de moi et vis ma soeur qui dormait paisiblement, la bouche ouverte et le corps accoté à une paroie rocheuse de la grotte où nous étions. Cinno, quant à lui, dormait à même le sol sans rien pour soutenir sa tête. Puis, en me levant un peu, j'apperçus Vick. Il était aussi couché mais n'avait pas l'air d'aimer son sommeil. Il gigotai et gémissais un peu. Je m'en allai pour me faire une queue de cheval quand je fus surprise, et pas seulement pas les douleurs horribles de mon corps, mais par l'absence de cheveux. Oui, j'avais oublié. Vick avait coupé mes longs cheveux. Il ne restait plus que maximum 4 cm de longueur. Je frottai le dessus de mon crâne et retombai sur mon "matelas" de terre sentant les douleurs revenir.

Curieuse, je décidai de regarder les dégâts sur mon corps. Après, quelques secondes, je fus déjà dégoutée. Une multitude de cicatrices ornait mon corps de monstre. Même mes ailes n'étaient pas belles à voir. Il manquait des plumes et une poussière noire tachait le tout. Je me mis à quatre pattes et allai chercher dans le sac de Cinno un miroir. Je pris une casserole assez propre et me regardait dedans. C'était affreux. Une immense cicatrice passait de mon sourcils gauche jusqu'à mon nez passant par mon oeil.

J'échappai une minuscule larme de mes yeux et laissai tomber la chaudière de métal sur le sol. Un bruit métallique emplit l'endroit et je vis Sandra se réveiller en sursaut ayant un sommeil léger. Elle se leva et vint à moi. Elle me prit délicatement dans ses bras et je fondis en larme.

***

Cinno était réveillé et nous avions pris notre déjeuner. Vick, lui, était toujours endormi. Je me remis à la tâche, celle de devoir rester couché. Tout cela sous l'ordre de madame Sandra!

Mais au moins, tout ce temps à se reposer me permis de mieux réfléchir à ma quête. Je pris alors une décision. J'avais un plan. Ce plan, j'allais l'exécuter ce soir et tout cela sera enfin fini. Il fallait que je réussisse.

-Bon, Anaelle, Cinno et moi nous allons aller chercher des fruits dans la forêt et quelques poissons dans la source. Tu peux rester toute seule quelques instants?, me demanda Sandra gentiment.

-J-Je crois mais pour... vick?, lui répondis-je.

-Cinno lui a attaché les poignets au cas où. Mais ne t'inquiète pas, nous revenons très vite.

-Alors, vas-y. Je suis plus rassurée, je crois.

-D'accord, à plus tard, me salua Sandra avant de s'éloigner aux côtés de notre guérisseur, Cinno.

Je me rassis alors sur le sol en regardant une roche que je fis tournoyer entre mes doigts. Je pris ensuite ma plume au bras et je dessinai un petit personnage, un dragon. J'étais seule maintenant car depuis l'incident dans l'antre de Zénota, je n'ai plus revu Ikita. Mon amour de dragon...

En pensant, je ne vis pas Vick se réveiller.

-Anaelle..., chuchota Vick derrière moi.

En me retournant, je vis Vick assis avec toujours la couverture sur son corps. Il avait baissé la tête et je ne vis qu'à peine la larme solitaire jaillir de son oeil.

-Pourras-tu me pardonner un jour, chuchota-t-il encore.

-Tu te rappelles, demandai-je.

-J-je me rappelles d-de tout... Je ne vous en veux pas de m'attacher, ni même de peut-être me frapper si vous en avez envi, je recevrais les coups sans broncher. Je le mérite.

-Je ne te frapperai pas Vick mais non; je ne suis pas encore capable de "pardonner". Je ne suis pas prête.

-C'est pas grave Anaelle, je savais que tu dirais ça.

En ne trouvants pas d'autres choses à ajouter, je me mis à caresser le faux dragon que j'avais créé et le déposer sur ma tête, comme quand Ikita le faisait.

-On est de retour, Anaelle!, cria Sandra plus loin sur le chemin.

Sandra me fit un signe de la main et courus vers moi en tendant des baies et quelques poisons frais.

***

Il était maintenant tard le soir et tout le monde dormait tranquillement. Vick n'avait pas parlé de tout l'après-midi et restai seul dans son coin. Quant à Cinno, il boudait Vick mais essayait tout de même de lui faire avaler quelque chose.

Je me levai du sol et pris la couverture entre mes mains. Je la pliai et pris une gourde. Je chipais ensuite un petit sac de nourriture et me dirigeai vers le bois. Je regardai une dernière fois vers mes compagnons. J'allais faire mon plan. Le plan étai maintenant de faire le chemin, SEULE.

Je m'enfonçai dans la forêt sans personne avec moi. Plus personne ne périrai ou ne se blesserait. Maintenant la partie se ferait "cavalier seul"... C'est ma dernière chance de finir la quête.

MalheureuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant