Chapitre 14

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Rejoins-nous.

J'ai sursauté et je me suis réveillée. Cette voix... Elle me paraissait inconnue, mais pourtant si familière...
Je me suis frottée les yeux en me levant, bien décidée à chasser cette voix de mon esprit. Elle n'allait pas me gâcher la journée.
Je me suis dirigée vers la salle de bain, ai revêtu un t-shirt orange, un short et un pull.
Je suis sortie du bungalow sans réveiller Travis et Connor, puis suis partie vers le réfectoire.
Je me suis affalée à la table des Hermès et ai englouti mon petit-déjeuner, en attendant Grant. Celui-ci est arrivé cinq minutes plus tard, un sourire aux lèvres.
-Prête?
-Prête.
Je lui ai souri, et il s'est assis à la table d'Héphaïstos. Nous avons déjeuné en silence, puis sommes repartis, chercher nos armes.
J'avais décidé de laisser ma lance à la colonie, elle était bien trop grande et pas pratique pour une escale discrète à New York. À la place, j'ai enfilé deux couteaux de chasse sous mes manches, discrets et meurtriers. Grant, lui, a opté pour une simple épée se rétractant en poignard, et nous nous sommes dirigés vers la colline.
Argos nous attendait au bord de la route, devant sa camionnette. Il nous a salué d'un coup de tête, sans dire un mot, comme d'habitude. Il paraît que c'est parce qu'il a aussi un œil sur la langue, et qu'il n'aime pas le montrer. Mais je n'affirme rien!
Nous nous sommes assis à l'arrière de la camionnette, et la voiture a démarré, direction New York.

Argos s'est arrêté et nous a fait signe de descendre. Il s'était arrêté en plein centre ville, près de l'Empire State Building. L'Olympe. Je me suis rendue compte que j'avais la bouche grande ouverte quand Grant a ri. Je lui ai tiré la langue, puis ai dit au revoir à Argos avant de me mettre à marcher. Grant m'a rejointe, un plan à la main.
-Alors, qu'est-ce que tu veux voir?

Nous avons passé la matinée et une partie de l'après-midi à marcher, et visiter. Nous étions contraints de laisser tomber certains musées, à cause des détecteurs de métaux. Vous comprenez, avec nos armes tranchantes, j'ai pensé qu'il ne fallait mieux pas tenter.
Après de longues heures de marche au soleil, nous nous sommes arrêtés devant un stand de glaces.
-Quel parfum?, m'a demandé Grant.
J'ai réfléchi quelques instants.
-Caramel. Tu veux que je vienne avec toi?
-Nan, c'est bon. Reste là.
J'ai hoché la tête, et il est parti chercher les glaces. Je me sentais bien. Ici, je pouvais presque oublier ce monde de dieux, de guerre. J'avais l'impression d'être normale. Sans père alcoolique, sans mère divine.
Je soupirais de soulagement, quand un petit cri attira mon attention. J'ai tourné la tête vers une ruelle, où un pauvre gosse se faisait agresser par deux brutes. Et là, je sais que j'aurai du me contenter de détourner le regard, comme le font les autres gens. Mais mon instinct de demi-déesse suicidaire a pris le dessus. Et j'ai traversé la route d'un pas décidé pour me planter entre une des brutes et le gamin.
-Laisse le tranquille OK? T'as pas mieux à faire que t'en prendre à un pauvre gosse sans défenses?
Le gars a ricané, et j'ai croisé son regard. C'est là que j'ai su. Car je peux vous jurer sur les dieux, que ce gars-là avait un éclat mauvais dans le regard. Mais pas mauvais, comme n'importe quelle brute stupide. Mauvais comme aucun humain ne pourrait l'être. Ce mec n'était pas humain.
Le temps que je ne réalise vraiment, il m'a envoyé son poing au visage, et je me suis écrasée contre le mur d'en face en grognant. Je me suis relevée péniblement, en essuyant d'un revers de manche le sang qui coulait de mon nez.
-Celle-là, tu vas me la payer.
La brute a eu un rictus.
-Viens, je t'attends.
Je lui ai souri, puis ai foncé vers lui. Stupide? Sans doute. Il a écarté les bras pour m'attraper, mais à la dernière seconde, je me suis baissée et ai roulé entre ses jambes. J'ai dégainé un de mes couteaux, que je lui ai planté dans le dos en me redressant.
-Bon séjour au Tartare, connard.
Il s'est volatilisé, et, fière de ma réplique improvisée, je me suis tournée vers son copain. J'ai fais tournoyer les couteaux dans mes mains.
-À ton tour.
J'ai foncé - de nouveau - vers lui, lui ai planté mon poing dans le nez, et envoyé un coup de pied bien placé. Il a gémi, puis je lui ai planté mes deux couteaux dans les côtes, le coup fatal. Mais avant de se volatiliser, il m'a éjectée d'un coup de poing dans le ventre, et j'ai décollé.
J'ai atterri lourdement sur le bord du trottoir, en jurant.
-Ambre?!
Je me suis frottée l'arrière du crâne en levant les yeux, et j'ai éclaté de rire. Grant me fixait, de toute sa hauteur, deux petits cornets de glace dans les mains. Il était tellement pommé que s'en était comique. Je me suis relevée en époussetant mes manches et j'ai sorti un carré d'ambroisie, que j'ai vite mâché. La douleur à mon nez s'est envolée, mes quelques bleus aussi.
-Tout va bien, ai-je simplement répondu.
Je me suis tournée vers le gosse que j'avais défendu, un sourire aux lèvres.
-Alors petit, dis-moi, tu connais tes parents?
Le gamin, qui me fixait comme si j'étais un extra-terrestre, est soudainement passé sur la défensive.
-Je connais pas mes parents. Ils sont morts quand j'était petit.
-Parce que t'es grand, là?
-Ambre. (Grant m'a fait les gros yeux.)
-Ok, Ok. Pardon. Tu habites où?
-Dans un orphelinat, pas loin.
Au mot orphelinat, je vous avoue que j'ai eu un bug. L'image d'un blond aux yeux bleus m'est revenue à l'esprit, et je l'ai tout de suite dégagée. Ne pense pas à lui.
Je me suis accroupie en face de lui.
-Dis-moi, comment tu t'appelles?
-Esteban.
-Alors, Esteban, tu veux venir avec nous?
-Où ça?
Je lui ai souri.
-Dans un endroit génial. Un endroit où les chevaux volent, les murs crachent de la lave et les gens se battent pour leur vie tous les jours. Ça te dit?
Il me regardait avec des yeux de merlans frits.
-Ça... Vraiment?
-Oui.
-Vous n'allez pas me ramener à l'orphelinat?
-Promis.
Son visage s'est fendu d'un grand sourire.
-Alors, ça me va!
J'ai ri, puis me suis redressée en regardant Grant.
-On rentre?

*****

Merci d'avoir lu!❤️

Ambre CarterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant