Chapitre 27

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J'ai salué la dame du guichet, avant de me tourner pour retrouver Jason, mon billet de train en main.
J'ai retrouvé le fils de Jupiter assis sur un banc, fixant les gens qui passaient. Je me suis assise près de lui.
-Alors?, m'a-t-il demandé. Ton train arrive quand?
J'ai soupiré.
-Dans cinq minutes.
-Oh...
Je me sentais mal. Bien sûr, je voulais rentrer, et je devais rentrer. Le connaissant, Grant devait être mort d'inquiétude. Et je devais revenir pour Sam. Mais une partie de moi voulais rester avec Jason. Nous venions à peine de nous retrouver, et je devais partir, sans savoir si je le reverrais un jour.
Je me suis tournée vers lui pour lui sourire.
-Fais pas cette tête de chien battu, ai-je plaisanté. On se reverra.
-Ouais, bien sûr. À la guerre, quand les romains et les grecs se la déclareront. Mais on sera ennemis.
-Ça n'arrivera pas, ai-je dit d'un ton qui se voulait rassurant. On se reverra, j'en suis sûre. Et pas à la guerre.
Un souffle m'a balayé les cheveux, et le train s'est arrêté devant nous. J'ai baissé les yeux.
Je me suis levée en passant mon sac sur mon épaule. Jason s'est placé près de moi et m'a serrée dans ses bras.
-Je t'en supplie, m'a-t-il soufflé à l'oreille, ne meurt pas. Et ne prend pas trop de risques.
J'ai ri dans son cou.
-Moi, prendre des risques? Je vois pas de quoi tu parles.
-Tu vas me manquer.
Je me suis écartée en lui souriant.
-Toi aussi, tu vas me manquer.
Une voix a annoncé le départ imminent, et j'ai embrassé Jason sur la joue avant de sauter dans le train. J'ai trouvé une place près de la vitre, et une fois assise, j'ai regardé le quai.
Il me fixait, un léger sourire aux lèvres, mais l'air triste. Je lui ai souri doucement en lui faisant un petit signe de la main. Puis le train s'est ébranlé, et a démarré dans une secousse. La gare à vite été remplacée par des bâtiments, puis des champs. Je me suis enfoncée dans mon siège, le cœur gros. J'étais partie pour trois jours de voyage au travers des États-Unis, seule.

J'étais crevée.
Ça faisait plus de vingt-quatre heures que j'étais dans ce train, et que je n'avais pas dormi. Vous comprenez, s'endormir dans un train lorsqu'on est un demi-dieu seul, ce n'est pas la meilleure des idées.
Je me contentais de somnoler, j'étais constamment sur le qui-vive. À chaque arrêt, je guettais les gens qui entraient dans le wagon, prête à tout.
Après deux jours et demi de voyage, je devenais presque folle à cause de mon manque de sommeil. Le moindre bruit me faisait sursauter, les gens me dévisageaient comme si j'étais un extraterrestre. Et finalement, j'ai craqué. Mes yeux se sont fermés, et je ne les ai pas retenus.
Le problème, c'est que mon sommeil n'a pas duré longtemps. Parce que bien sûr, la voix de l'interphone m'a réveillée. Nous allons bientôt arriver au prochaine arrêt, et mon ventre a gargouillé à cette annonce. J'ai sorti de la monnaie, pour aller m'acheter un casse-croûte.
Le train a freiné, et j'ai attrapé ma lance, cachée dans une housse de skis.
J'ai aussi passé mon sac à mon épaule, au-cas-où.
En sortant, j'ai tout de suite repéré un distributeur, et je me suis ruée dessus. J'ai acheté des barres au chocolat et de l'eau, mais quand j'ai voulu me retourner pour rentrer dans le train, j'ai compris que je terminerai le chemin à pied. Définitivement.
Deux énormes gars se tenaient devant l'entrée du wagon, et me fixaient. Je leur ai souri, avant de me tourner et de chercher la sortie. Car pour une fois, je n'avais pas envie de me battre. J'étais fatiguée, j'avais faim, et j'étais encore blessée à l'épaule. Je voulais économiser mes forces pour le chemin qu'il me restait jusqu'à New York, où je pourrai prendre un taxi.
Je me suis engagée sur un petit chemin, vérifiant sans arrêt mes arrières.
J'ai marché une journée, entière, sans m'arrêter. J'ai croisé plusieurs monstres au loin, mais aucun ne s'est approché. C'était mieux comme ça.
Je suis enfin arrivée près de New York, quand le soleil tombait. J'ai traversé quelques rues tranquillement, avant d'arrêter un taxi.
Je suis entrée dans la voiture, les jambes en coton. Je ne m'étais pas assise depuis plusieurs heures, et je le sentais bien.
Il me restait assez d'argent pour traverser New York, mais j'ai dû arrêter le chauffeur à la sortie de la ville. Je l'ai vite payé, puis j'ai soupiré avant de reprendre ma longue promenade.
Le soleil remontait gentiment dans le ciel, et il devait me rester une demi-heure de trajet, quand un monstre s'est enfin décidé à m'attaquer.
J'ai entendu le hurlement d'un Chien des Enfers, et j'ai roulé les yeux en serrant ma lance. Je me suis retournée, mais je n'ai rien vu.
-Alors?, ai-je lancé. T'as peur de moi?
C'est là que j'aurais dû me taire. Car en réalité, il n'y a pas qu'un chien qui est sorti de l'ombre, mais trois. J'ai juré, puis je me suis mise à courir.
Mais ils étaient bien plus rapides que moi. Après quelques minutes, je me suis tournée vers eux, et j'ai attaqué le premier avec un cri de guerre. Je l'ai vite liquidé, mais ses compagnons ont pris de l'avance. Et quand je me suis remise à courir, ils n'étaient qu'à deux mètres derrière moi. L'un d'entre eux a réussi à me griffer dans le dos, et j'ai serré les dents. Je me suis postée face à eux, et j'ai sauté sur celui de droite. Je me suis assise sur son dos, et j'y ai planté ma lance avec un hurlement. Quand il s'est volatilisé, je me suis tournée vers l'autre, mais je n'ai rien vu à part une masse noire s'abattre vers moi.
Je me suis retrouvée couchée par terre, les bras coincés sous les pattes du chien. Mais j'ai tout de même réussi à lui donner un coup de pied, et il a gémi en me lâchant. Je me suis relevée, et je lui ai porté le coup final.
J'ai pris une grande inspiration, ai remonté mon sac sur mon épaule, et j'ai repris mon chemin.
Des points noirs commençaient à danser devant mes yeux, quand je l'ai vu. J'ai poussé un petit cri de joie, et je me suis mise à courir vers le pin de Thalia, malgré la sensation de plomb qui se répandait dans mes jambes.
Je suis arrivée en haut de la colline et je me suis appuyée contre l'arbre pour reprendre mon souffle.
La colonie semblait déserte. Je suis descendue pour trouver quelqu'un. Et en arrivant près des champs de fraises, j'ai entendu du bruit venant du réfectoire. J'ai souri, puis je suis partie dans cette direction. 
Les discussions se sont tues. Tout le monde a tourné la tête vers moi.
-Ambre?
Grant s'est levé, et un petit rire s'est échappé de ma gorge. Sans doute de soulagement.
J'étais fatiguée, et je n'ai pas lutté quand mon corps a décidé de s'étaler à terre. Ma vue s'est assombrie, et j'ai juste entendu plusieurs personnes se lever, avant que je ne tombe dans l'inconscience.
Mais pour une fois, ça m'était égal. J'étais de retour à la colonie, j'étais en sécurité. J'allais me réveiller à l'infirmerie, avec un Grant inquiet et un Will souriant, et la vie reprendrait son cours. Tout allait bien.
Du moins, c'est ce que je croyais.

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Heeeeeeey!❤️ Je suis désolée pour ce chapitre, je le trouve mou. Mais bon, j'espère tout de même qu'il vous aura plu, et merci d'avoir lu!❤️

Ambre CarterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant