Chapitre 24

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Je revoyais Sam, allongé sur le sol. Il était mort. Je me suis approchée de lui, mais ses yeux se sont ouverts. Des yeux complètement noirs. Il a ouvert la bouche, mais ce n'était pas sa voix. C'était une voix de femme, que j'avais déjà entendue.
-Tu aurais pu le sauver. C'est ta faute.
-Non..., ai-je sangloté en tombant à genoux.
-Il est mort. C'est ta faute. Tu aurais dû nous rejoindre.
Les larmes coulaient sur mes joues, la voix continuait à m'accuser. Je me suis bouchée les oreilles en criant.
-NON!

Je me suis réveillée en sursaut dans un lit de camp, complètement paumée.
J'ai ouvert les yeux et hoqueté de surprise en voyant un blond penché sur moi. Il avait des yeux couleur miel, j'aurais pu le prendre pour un fils d'Apollon. Le problème, c'est que je ne l'avais jamais vu.
Alors, par réflexe, je me suis levée en le repoussant, avec un petit cri. J'ai décollé du lit en tendant le bras. Rien ne s'est passé. Et merde, je n'avais plus mon bracelet!
J'ai inspecté les lieux en deux secondes. C'était apparement une grande tente, pleine de lit. Sans doute une infirmerie. Mais où est-ce que j'étais?!
-Attends!, m'a crié le garçon.
J'ai couru vers ce qui me semblait être une porte, attrapé une épée qui traînait, puis suis sortie. Mais j'ai pilé net en posant un pied à l'extérieur.
-Qu'est-ce qui...
Je ne comprenais pas. Devant moi s'étalaient de grandes tentes, le tout entouré de murs en piques de bois. Des fantômes rouges allaient et venaient dans les allées, tout comme des ados en armure. C'était comme la colonie, et en même temps, c'était son opposé.
Plusieurs jeunes se sont détachés de la foule pour me regarder, sourcils froncés.
Et je suis partie en courant vers une sorte de grande porte. Je l'ai ouverte d'un coup d'épaule, pour déboucher devant un petit fleuve. Des ados m'ont suivie et m'entouraient, la main serrée sur la poignée de leur arme.
Je ne savais pas où j'étais, je ne savais pas quoi faire.
-Arrière!, ai-je ordonné en traçant un arc de cercle avec mon épée, les obligeant à reculer.
Plusieurs d'entre eux ont dégainé leur arme. Mon cœur battait à mille à l'heure.
-Stop!, a crié quelqu'un. Ne faites rien!
J'ai tourné la tête vers la voix, les yeux écarquillés. Un jeune homme blond bousculait tout le monde pour passer et me fixait. De ses yeux bleu glacier que j'avais enfin commencé à oublier. Mes mains se sont mises à trembler.
-TOI!, ai-je hurlé à Jason. NE T'APPROCHE PAS!
J'ai pointé mon épée vers son torse, fulminante de rage et de colère. Une colère que je ne me connaissais pas.
Il s'est stoppé en levant les mains.
-Je t'en supplie, Ambre..., a-t-il commencé.
-Reste où tu es!
Je l'ai fusillé du regard, puis me suis tournée et suis partie en courant vers le fleuve. J'ai entendu les autres partir derrière moi, mais Jason les a arrêtés.
-Non! J'y vais!
Je n'y ai pas fais attention, et ai franchi la rivière. Mais plus je courais, plus ma cheville me rappelait ma récente fracture.
J'ai couru vers un tunnel, qui me semblait être une sortie. Je m'y suis engouffrée, mais en arrivant au milieu, j'ai poussé un cri de douleur avant de m'étaler à terre. Génial, ma stupide cheville faisait des siennes, il me manquait plus que ça!
-Ambre!
-Ne t'approche pas!
Je me suis assise en pointant toujours mon épée vers lui. Une expression de déception et de peine s'est dessinée sur son visage, puis il a reculé d'un pas.
-Je peux très bien me débrouiller, ai-je lancé en rampant vers le mur à ma droite, sans le quitter du regard.
Je me suis agrippée comme je pouvais, mais rien à faire, ma cheville ne supportait pas mon poids. Après maints essais complètement inutiles, j'ai rendu les armes et me suis laissée tomber contre le mur en grognant.
Jason s'est assis en face avec un sourire en coin. Mais celui-ci a vite disparu quand il m'a examinée.
-Ambre... Tout ce temps, où est-ce que tu étais?
J'ai fixé le sol sans répondre. Je n'avais aucune idée de si je pouvais lui faire confiance ou pas. J'ai préféré la fermer, par peur de gaffer.
-Ambre, je t'en prie, réponds.
-Et toi, ai-je lancé sèchement. Qu'est-ce que tu es en vrai?
-Moi? Je suis un sang-mêlé. Toi aussi, non?
J'ai soupiré.
-Ça se pourrait bien, ouais.
Nous sommes restés en silence, alors que je l'examinais. Il avait grandi, en quelques mois. Ses cheveux blonds étaient coupés en brosse. Il avait toujours une petite cicatrice au coin de la lèvre. Puis mes yeux se sont posés sur son t-shirt. Pourpre.
-Alors, ai-je soufflé d'une voix rauque, c'est ça ton "orphelinat".
-Je... Ouais, c'est ça. Désolé. Désolé pour ce soir-là. J'aurais dû être plus rapide. Quand, quand je t'ai entendu crier, j'ai crû que...
Sa voix s'est brisée, et mon expression s'est adoucie.
-C'est toi qui a tué les lestrygons, ai-je dit.
Il a hoché la tête.
-Après ça, je t'ai cherchée partout, sans rien trouver. Les autres m'ont obligé à rentrer. J'ai essayé de retrouver ton appartement, mais plus personne n'y habitait. Alors j'ai imaginé le pire.
-Je sais. Mon père est mort.
Nouveau silence.
-Et, ai-je dis, parent divin?
Il a soupiré bruyamment.
-Jupiter.
J'ai froncé les sourcils.
-Qui ça?
-Ben, Jupiter! Le dieu du ciel, le roi des dieux.
-Tu veux dire Zeus?
-Enfin, ça c'est son nom grec, mais... Ouais, si tu veux.
D'accord. Un autre camp, où les dieux étaient appelés par leurs noms romains. Pourquoi pas? Je vais pas vous le cacher, c'était le gros bordel dans ma tête.
-Et ton parent divin?, m'a-t-il demandé.
Je me suis crispée.
-Aucune idée, ai-je répondu.
-Oh. (Nous n'avons rien dit quelques secondes, puis il m'a regardée) Tu sais, ici, tu serais en sécurité. Tu pourrais rester au camp, t'entraîner, te faire des amis, trouver ton parent di...
-Jason, l'ai-je coupé. Je, écoute, je ne suis pas toute seule. (J'ai hésité un instant.) J'ai trouvé d'autres demi-dieux. Ce sont mes amis, ils doivent s'inquiéter. Je dois y retourner.
-Où sont-ils? On peut t'aider! Les ramener ici.
-Non!, ai-je presque crié avant de reprendre calmement. Je veux dire, non. C'est... Compliqué.
Il a eu l'air plus perdu que jamais, mais s'est contenté de hocher la tête.
-Ah, et tiens, je crois que ça t'appartiens.
Jason m'a lancé un petit objet brillant que j'ai attrapé au vol.
-Mon bracelet!, me suis-je écriée.
Je l'ai de suite enfilé à mon poignet, avant de prendre une grande inspiration. J'ai tendu le bras, et attendu une minute. Où était-elle?
Puis une forme s'est dessinée au fond du tunnel, et ma lance s'est déposée dans ma paume avec un sifflement. J'ai poussé un soupir de soulagement, en serrant le manche de mon arme avec satisfaction. Jason avait l'air ébahi.
-D'où est-ce qu'elle vient?
J'ai légèrement souri, contente d'avoir réussi à l'impressionner.
-Aucune idée. Et toi, tu as une arme?
Il a plongé la main dans sa poche, pour en ressortir une drachme en or. Il l'a lancée en l'air, et lorsque qu'elle est retombée, ce n'est pas une pièce qui s'est posée dans sa paume, mais une épée d'or. J'ai poussé un sifflement admiratif.
-Et c'est pas tout, a-t-il dit.
Il l'a relancée, et cette fois, c'est une lance qui s'est posée dans sa main. Il a posé ses yeux sur la pointe de ma lance, en fronçant les sourcils.
-C'est quelle matière?
-Du bronze céleste, pourquoi? La tienne est en or!?
-Ouais, en or impérial. Un des seuls métaux à pouvoir éliminer les monstres.
-Le bronze céleste aussi, fait cet effet. Mais je n'avais jamais entendu parler d'or impérial. C'est bizarre.
-Pareil. Bon, il faut que tu te décides. Tu veux rester?
J'ai réfléchi longtemps. Rester ici, avec Jason? Il m'avait manqué, je ne pouvais pas le cacher. Mais je ne pouvais pas laisser tomber les autres. Grant, Jay, Campbell, Esteban... Sam. Il fallait que je rentre, pour lui.
-Je vais repartir.
Il a eu l'air déçu, mais s'est vite repris.
-Comment tu comptes rentrer? Je veux dire, c'est loin?
-Je suppose qu'on est proche de San Francisco?
-Tout juste.
San Francisco? La première fois que j'avais fais le chemin jusqu'à la colonie avec Annabeth, nous avions de l'argent pour prendre le taxi. Cette fois-ci, je n'avais rien du tout, et j'étais seule. Une idée a germé dans mon esprit, et j'ai soupiré.
-J'ai peut-être une idée pour rentrer, mais je vais avoir besoin de ton aide.
Il a souri.
-Pas de problème. C'est quoi le plan?
Je lui ai expliqué mon idée, puis il a hoché la tête.
-On y va quand, alors?
-Ce soir. Rendez-vous tu sais où. Compris?
-Parfaitement. Tiens.
Il a sorti une pochette plastique de sa poche et me l'a tendue.
-De l'ambroisie, au cas où. Je vais dire aux autres que tu t'es enfuie et que je n'ai pas réussi à te rattraper. On se voit ce soir.
Je l'ai remercié et ai enfourné un carré d'ambroisie dans ma bouche. La douleur a ma cheville s'est atténuée, et la chaleur s'est répandue dans mes membres.
Jason s'est relevé et m'a tendu la main.
Et enfin, un vrai sourire a percé mes lèvres, quand j'ai attrapé sa main.
Nous nous sommes regardés une dernière fois, des étoiles brillaient dans ses yeux. Puis je me suis tournée pour sortir alors qu'il partait dans l'autre sens en courant.

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Heeeeeey! Je devais PAS publier aujourd'hui, mais l'autre là, miss_mew , elle m'a poussée à bout😣. Alors je publie quand même, na! Tu me rattraperas pas!
J'espère que ce chapitre vous aura plu, merci d'avoir lu!❤️

Ambre CarterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant