Chapitre 2

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Le sport. Qui aime ça? Personne, ou alors le plus courageux - ou fous comme vous voulez - d'entre nous.
Alors pourquoi l'éducation nationale essaye encore de nous mettre des heures de sport dans notre emploi du temps ? Bon, vous me direz, ça sauve parfois quelques moyennes.
Le coach claque dans ses mains ce qui me sort de mes pensées. C'est un homme grand et imposant, avec un sifflet blanc qui pend autour de son cou et des cheveux en bataille.

"Écoutez bande de p'tites merdes !

Je lève les yeux aux ciels, apparement même après le week-end il garde son langage fleuri.

- Vous allez vite me faire des binômes garçons-filles et on va faire des échauffements !!

Personne ne bouge, en pleine digestion du repas de midi.

- ALLEZ !"

D'un accord commun, Lydia et moi allons directement nous mettre avec nos Roméo respectifs. Parce que oui, Lydia et Leston son officiellement en couple. J'allais maintenant avoir l'honneur d'écouter mon amie me raconter ses petites histoires de couple. Jack s'approche de moi et me fait un petit sourire, mais le coach l'arrête en l'attrapant par l'épaule.

"Toi mon garçon, tu vas te mettre avec Allie !

- Mais coach !

Notre professeur lui fait son regard le plus noir et Jack l'écoute, me lançant un regard désolé et va rejoindre Allie, une fille inintéressante. Et à vrai dire, un peu laide, enfin pas à mon goût. Carrément pas à mon goût. Et je sais que je n'ai pas de soucis à mes faire, alors je me contente d'enfoncer mes mains dans les poches de mon sweat. Il est trop grand pour moi et est bleu marine, avec dessus en bien gros le logo de l'internat: c'est un drapeau au vent, avec deux ailes de chaque côté et un bébé endormi dans ses langes au pied du drapeau.

- Dylan!, appelle le coach, tu viens ici et tu te mets avec le petit blond !"

Qu'est-ce qui me paralyse en ce moment même? Dylan qui s'approche de moi d'un pas nonchalant, ou alors ce surnom ridicule que le prof vient de m'attribuer ? Le brun me lance un ballon de basket qui atterri à mes pieds. Je le regarde sans comprendre puis d'un seul coup le bruit du sifflet du coach me vrille les tympans. Je n'aime vraiment pas le sport, ça se voit bien rien qu'avec ma corpulence...aussi blanc et fin qu'un Ficello. Je me désespère, vraiment croyez-moi. Je relance le ballon à Dylan et on commence à se faire des passes en courant, sans grande conviction. Il ne me regarde même pas lorsque je lui renvoie la balle, rien, il se contente de viser mes mains. Pourtant j'essaye tant bien que mal d'attrapper son regard, je fais des gestes exagérés en réceptionant le ballon. Mais rien.

Il a gardé la même tête de blasé pendant les deux heures de cours.

J'ai passé le reste de la journée à faire mes devoirs et passer un peu de temps avec Lydia. Nous sommes dans notre chambre, lavés et en pijama. Et là, vous vous dîtes: "KWA UN GARSSON É UNE FILLE DAN LA MM CHAMBR DAN UN INTERNA? MÉ KOMEN C POISSIBL SA?" Tout simplement parce que je connais Lydia depuis la maternelle, que la direction nous a vu évolué tout les deux et qu'ils ont bien vite compris qu'il n'y avait rien d'autre que de l'amitié entre nous. J'ai été surpris qu'ils nous laissent dans la même chambre tout les deux, mais malgré tout les préjugés sur les internats, le notre n'est pas si terrible que ça. Lydia et moi en sommes la preuve même, la direction est vraiment compréhensive et à l'écoute des élèves. Enfin, quelques fois. Alors que ce n'est pas forcément le cas dans d'autres écoles. Quand j'y pense, ma vie pourrait être bien pire, je ne suis pas le petit orphelin malheureux à qui il ne reste plus que les yeux pour pleurer.

Lydia a enroulé ses cheveux dans une serviette bleue et se fait une French Manucure parfaite dont elle seule à le secret.
Les joues de ma meilleure amie sont encore rosies par l'eau chaude de sa douche.

"Lydia...

- Oui je sais, t'as fais du sport avec lui et il ne t'a même pas calculé! Alors demain soir au lieu d'aller le rejoindre au lampadaire tu restes dans ta chambre avec un bon bouquin.

D'accord, elle vient carrément de répondre à la question que je ne lui ai même pas posé. Je la remercie d'un sourire. Je vais l'écouter, et peut-être que le lendemain, il viendra me voir.

- Et tu vas me raconter plus en détail avec Leston?

Elle hausse plusieurs fois les sourcils d'un air goguenard, elle agite ses mains pour faire sécher son vernis et finit par défaire ses cheveux de l'emprise de la serviette de bain. Il n'y a que Lydia pour rester jolie en sortant de la douche. Aucun boutons sur sa peau, pas de plaques rouges ou de peau sèche. Rien. Naturelle, et ça lui réussit tellement bien. Tandis que moi, je me retrouve avec une tête de cadavre rendue boursouflé suite à une noyade, d'ailleurs un bouton vient d'apparaître sur mon nez. Et mes cheveux, n'en parlons même pas, toujours en bataille, toujours indomptables.

- Quand on est sorti de la cantine, il m'a emmené sur la terrasse, tu sais, au-dessus du bâtiment C et A?

Je hoche la tête sans un mot.

- Ensuite on s'est accoudé à la barrière, on a parlé vite fait, les yeux dans ceux de l'autre. Et il s'est penché d'un seul coup pour m'embrasser...

À ces mots, elle tombe la tête la première dans son oreiller en gémissant des mots incompréhensibles.

- C'est mignon, je suis content pour toi", je me contente de lui répondre.

C'est vrai, c'est carrément mignon. La première fois qu'on s'est embrassé Jack et moi, c'était à cause d'un pauvre pari. Rien de quoi me mettre des papillons dans le ventre.

La surveillante passe dans nos chambres pour nous dire d'éteindre.
La pièce plongée dans le noir, bercé par les doux soupirs de sommeil de Lydia, je m'endors.

Under the light [DYLMAS] TOMES 1/2 - TERMINÉ Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant