Chapitre 40

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Les vacances étaient finies.
Et plus rien n'allait bien.

Une semaine plus tôt.

Dylan et moi avions découvert par Matt que la famille du directeur le tenait entre ses griffes et qu'il n'était plus libre dans son travail puisqu'il avait été tout simplement renvoyé suite à un "désaccord administratif" engendré par le directeur lui-même.
Nous n'avions plus aucun espoir, Minho était rendu avec des graves séquelles sur son œil, il avait perdu plus de la moitié de sa vision.

Tout ça n'avait servi à rien, tout était fichu.

La fin des vacances s'était passée dans le plus grand des calmes, Dylan n'était plus d'humeur à la discussion, aux rires ou aux blagues, moi non plus d'ailleurs.
Nous étions rentrés de chez lui dans une atmosphère lourde, pesante, comme si un énorme nuage noir tournait autour de nos têtes.

Le jour de la rentrée fût des plus atroces. Je n'avais rien connu de tel. Dylan était reparti en cours et j'entrais dans la classe mais notre professeur m'arrêta à la porte, me disant que j'étais convoqué chez le directeur. Quel enfoiré.
Par pure insolence je ne pris pas la peine de toquer avant d'entrer, j'ignorais l'homme qui était assis devant moi et me laissais tomber sur le fauteuil en face du sien. Quelle excuse avait-il bien pu trouver pour me convoquer dès le jour de la rentrée ?
Le directeur me toisa de haut en bas, avant de s'enfoncer sur son fauteuil.

"Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes ici Monsieur Sangster ?
- À vrai dire, non. Ou, peut-être bien, serait-ce parce que je sais de sources sûres que vous avez fait viré un avocat de renom sans aucune véritable raison apparente ? Vous savez de qui je parle ? Matt O'Brien.

Je ne savais pas d'où me venait tout ce courage, mais une chose était sûre, je l'appréciais énormément.
Le directeur me dévisagea, sans aucune émotion apparente.

- Non. Je ne savais pas que vous étiez rentré en contact avec Mr. O'Brien, ceci dit, merci pour cette précieuse information.

Merde, ça m'apprendra à parler trop vite.

- Mais ce n'est pas pour ça que je vous ait fait venir ici.

Il sorti de nulle part une grande enveloppe marron, épaisse et surtout, ouverte.

- Vous savez ce que c'est ?, me demanda-t-il.
- Une enveloppe ?

Je le vit retenir un soupir.

- Nous sommes à deux semaines de l'examen du bac Thomas, réfléchissez à ce qui pourrait bien se trouver dans cette enveloppe.

Et ça fit ding dans ma tête.

- Ce sont les sujets du bac ?, dis-je un peu perplexe.

Il hocha la tête mais ne dit rien.

- Et donc ?, continuais-je, pourquoi vous le montrez ça ? C'est pas comme si je les avais volé ?

Il planta ses yeux de rapaces dans les miens et son silence me pétrifia, que se passait-il merde ?

- Thomas, ce n'est pas l'avocat qui vous parle mais le directeur d'un établissement scolaire.

Mon cœur battait à tout rompre.

- Vous n'avez jamais vu cette enveloppe à part maintenant ?

Je secouais la tête, mon cerveau semblait fonctionner au ralenti.

- Comment arrivez-vous à aussi bien jouer la comédie alors que vous savez que vous êtes grillé ?
- Monsieur je ne sais pas de quoi vous parlez !

Il abbatit son poing sur la table et se leva de sa chaise la faisant basculer en arrière.

- Ces sujets ont été retrouvés dans votre chambre ! Sous votre matelas !

Un postillon arriva sur mon visage mais je n'en avais rien à faire.
Sa phrase résonnait en boucle dans mon esprit.
C'était un cauchemar, un putain de cauchemar, je n'avais jamais vu ces sujets de ma vie. Pourquoi étaient-ils dans ma chambre ? C'était un coup monté !!

- C'est-c'est sans doute une erreur..., dis-je la voix tremblante, vous vous trompez...
- Non, et j'ai des preuves à l'appui.

Mon ventre se tordit, j'étais sur le point de vomir et de m'évanouir, je n'étais clairement pas prêt pour la suite.

- Ces sujets ont été rapportés à mon bureau par votre partenaire de chambre.
- Minho ? Non ! C'est impossible ! Monsieur écoutez-moi ! Je n'ai jamais rien volé de ma vie !! Pourquoi j'aurais eu besoin de ces sujets hein ?! Je ne suis pas un mauvais élève ! TOUT ÇA N'A AUCUN SENS !!

Plus je parlais, plus je me ratatinais dans le fauteuil, prenant peu à peu conscience de ce qu'il était en train de m'arriver.

- Non Thomas, c'est bien votre ami qui m'a rapporté les sujets, il m'a précisé que vous aviez en tête de les voler pour tricher aux examens, ses dires ont même été appuyés par Monsieur O'Brien.

Mon cœur s'arrêta de battre.
Pas juste sous le choc et il repartait après, non. Il s'arrêta pour de bon et n'est jamais reparti. Vous savez, C'est cette sensation qui vous donne l'impression d'être passé sous une machine qui vous enlève toute envie de rien ou d'être heureux. C'était exactement ça.
Les larmes me montaient aux yeux et je ne me cachais même pas lorsqu'elle roulèrent sur mes joues.

- C'est impossible, c'est- c'est de la folie monsieur.
- Non, tout est là sous vos yeux, avouez votre faute.
- Quelle faute ??! Je n'ai rien fait !!

Il soupira, la veine sur son front palpait sous sa peau.

- Maintenant Thomas, je ne vais plus m'adresser à vous comme si vous n'étiez encore qu'un élève. Je m'adresse maintenant à un voleur, un menteur, un manipulateur et un tricheur.

Je levais les yeux plein de larmes sur lui.
Mais merde.
Je vais me tuer.

- Vous êtes renvoyé et interdit de passer quelconque examen pendant les cinq prochaines années à venir."

Ses mots avaient résonnés comme un glaive dans mon cœur. Sans rien comprendre, je suis sorti de son bureau puis je suis allé chercher mes affaires dans ma chambre.
J'allais me retrouver dans la rue sans diplôme, sans famille, sans ami, sans argent, sans maison. Quand je disais que je n'avais jamais connu que les murs de l'internat, je ne mentais pas.

Je fus horrifié de trouver Minho et Dylan dans la chambre, tous les deux assis sur le lit de Minho.
Ils avaient déjà prit le soin d'emballer toutes mes affaires, c'est à dire un pauvre carton, une petite valise et un sac à dos. Dylan fuyait mon regard, j'étais encore beaucoup trop sous le choc pour dire quoi que ce soit, rien de tout ça ne semblait réel. Je prit mes affaires et m'apprêtais à partir mais je m'arrêtais pour regarder Dylan.

"Dylan... Pourquoi ?"

Il ne leva pas ses yeux sur moi pendant un instant puis les planta dans les miens. Ils étaient froids, sans aucune émotion, rien, juste de la glace. Minho ne me prêtais définitivement plus aucune attention et trouvait le sol bien plus intéressant.

- Thomas..., dit-il d'une voix dure.

Je respirais pas à-coup, me demandant bien quelle excuse il allait encore sortir.

- Va t'en."

C'est ce que je fis.

De retour au présent.

Voilà maintenant une semaine que je dormais à la rue, entre deux bâtiments qui me gardaient à l'abri du vent.
Je ne mangeais que très peu, chaque bouchées étant difficiles.
"Ne crois pas en l'amour." m'avait-on dit une fois, j'ai fait l'erreur de ne pas le faire.

Je veux mourir.

Under the light [DYLMAS] TOMES 1/2 - TERMINÉ Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant