Chapitre 12

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Je restai bien droite et tranquille, mes longues oreilles prêtes à écouter en attendant que le roi des elfes, Epsan, ne se décide enfin de parler. Il avait l'air de mijoter tout ce qu'il était sur le point de me révéler: en outre, pourquoi est-ce que les elfe verts avaient apparemment éradiqué la race des elfes noirs?

Après avoir pris une grande respiration, le roi commença enfin:

- Les trois clans d'elfes ont toujours été rivaux. Nous sommes tous si différents les uns des autres, alors on se faisait la guerre inlassablement.

- Mais pourquoi? La guerre n'arrange rien! m'exclamai-je.

- Je t'ai dis de ne pas m'interrompre, petite insolente! s'emporta-t-il.

Je fus un pu remuée pas le fait que le roi Epsan venait tout juste de me crier après, presque méchamment. Voyant que j'étais un peu secouée, celui-ci s'excusa.

- Pardonne-moi, Anita... Je ne pensais pas ce que je disais, se morfonda-t-il avant de poursuivre. Je continue: oui, on faisait bel et bien la guerre afin de devenir la race d'elfe suprême, régnant sur notre monde. Après plusieurs tentatives, mes soldats ont, à mon commandement, éradiqué toute trace de vie chez les elfes noirs, il y a environ quelques dizaines d'années, jusqu'au dernier. Enfin, c'est ce que nous pensions, jusqu'à ce que tu nous révèles l'existence de Bulgador. Sache, Anita, que j'étais jeune et inconscient des conséquences, lorsque j'ai donné l'ordre de tuer les elfes noirs. J'ai tout de suite regretté ma décision.

Je restai là à fixer Epsan avec des yeux ébahis. Je ne m'attendais pas à ça. Mais alors là, pas du tout. Je n'aurais jamais pensé qu'il aurait pu faire une chose pareille, en tant que roi! Ça me dégoûte! Je... je veux sortir d'ici. L'air était étouffant. Je ne savais plus que penser de ce village aux habitants qui semblaient si gentils, si innocents... Alors c'est ça qu'Aël me cachait. Il devait avoir eu honte de ce que son peuple avait fait.

- Puis-je partir? déglutis-je.

- Oui, accepta Epsan, qui semblait se sentir mal.

Je marchai jusqu'à la sortie, à la recherche de quelqu'un... Et ce quelqu'un, je le trouvais bien rapidement, il m'attendait à la sortie: Aël.

Celui-ci se rendit tout de suite compte que ça n'allait pas. Il s'avança vers moi, et je me réfugiai dans ses bras, avant de laisser tomber les larmes que je retenais. Pourquoi est-ce que la guerre et la destruction existaient? La vengeance, à quoi ça sert? Ce conflit superficiel entre les elfes verts, bleus et noirs est anodine, elle n'a fait que des morts.

Aël me serra dans ses bras sans me poser de questions. Sans me juger. Il est toujours la pour moi, pour me soutenir et me garder de bonne humeur. Je sais, ça ne faisait que quelques jours à peine que je l'avais rencontré, mais je crois que je commence à développer des sentiments à son égard.

Il essuya mes larmes et me regarda droit dans les yeux. Il ne prononça que ces mots:

- Ne pleure pas, Anita. Quoi qu'il arrive, je promets de te protéger, dit-il du plus profond de son coeur.

Sa sincérité me toucha. J'avais peur qu'il me rejette. Je ne voulais pas qu'il prenne peur, oui je-ne-sais-quoi. J'ai tellement été rejetée, dans ma vie, que je ne veux pas prendre d'autre chances.

Depuis ma plus tendre enfance, j'ai toujours été ridiculisée et humiliée par quiconque avait vu mes oreilles de forme inhabituelle. J'avais même déjà sérieusement pensé à mettre fin à ma vie, mais ç'aurait fait mes bourreaux gagner la bataille. Et ça, je ne pouvais l'accepter. Je ne souhaite à personne de vivre tout ce que j'ai vécu.

J'étais tentée de lire dans les pensées d'Aël pour connaître ses sentiments à mon égard, mais je me refusai de le faire, par respect pour lui. Et je savais que c'était de même pour Aël. Je pouvais penser librement.

Après quelques minutes, je m'extripai des bras de l'homme que, j'en étais sûre maintenant, j'aimais. Je lui fit un sourire gêné, tout comme lui.

Hors de nulle part, et à ma propre surprise, je dis:

- Aël, j'aimerais rester ici, dis-je très sérieusement. Genre, y vivre.

Il prit une expression surprise.

- Mais ta maison, chez les humains... Et ta mère...

- S'il te plaît... suppliai-je en faisant des gros yeux mignons comme je savais si bien le faire.

Il soupira d'amusement. Il mis sa main sur ma tête, et accepta.

- Pour moi, c'est d'accord, mais il faudrait plutôt le demander à ta mère. Si c'est ce que tu veux vraiment, on pourra envoyer un messager chez elle pour lui demander son consentement. Entre-temps, tu pourrais habiter chez moi.

Sérieusement?

Le rêve!

De nature elfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant