Chapitre 40

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- Il... il est revenu, parvint-je à murmurer en me retournant et voyant qui était là.

- Je ne vous laisserai plus vous enfuir... commença rageusement Bulgador, son imposante silhouette me faisant frémir. Vous m'avez humilié. Prendre ma voix pour faire croire à mes soldats que je leur disait de ne pas vous attaquer... C'est complètement ridicule!

- C'est eux qui sont ridicules pour se faire prendre dans un piège aussi grossier, dis-je avec le reste d'humour qu'il me restai.

- Toi...! cria Bulgador en laissant paraître ses veines à travers sa peau tellement il était en colère.

Il s'approcha furieusement de quelques pas de plus, obligeant Aël et moi de se reculer jusqu'aux barreaux de la cellule dans laquelle était enfermée ma mère afin de se tenir le plus loin possible de lui.

- Je vous le promet, continua-t-il. Je vous le promet, dans les prochaines minutes, vous serez tous morts et j'utiliserai ton énergie, Anita, pour ressusciter les miens. J'aurai alors une assez grande armée pour détruire tous les elfes verts!

- Tu... tu ne les touchera pas! dit faiblement ma mère, prise dans sa cellule, avec le peu de forces qu'elle avait.

Notre ennemi tourna la tête vers celle-ci en passant de la colère à l'amusement. D'une vitesse incroyable, il se mit derrière moi et mis son épée sous ma gorge en me tournant face à ma génitrice. La lame était froide et frôlait ma peau, prête à la trancher à n'importe quel instant.

- Ah, vraiment? Je lui ferai ce que je veux! Regarde-donc le spectacle amusant que je vais t'offrir! s'écria Bulgador avec un sourire sadique.

- Anita! crièrent ma mère et Aël à l'unisson.

Celui-ci se jeta sur Bulgador en tentant de m'enlever de son emprise, mais il ne fit que recevoir un coup de coude dans ses côtes déjà endommagées. Il s'étala par terre en crispant sa mâchoire, puis perdit connaissance, au bout de ses forces.

- Aël... émettait-je, impuissante.

- Regardez bien ce que je ferai à votre chère Anita, dit Bulgador en levant son épée vers mon visage.

Je vis la lame s'approcher dangereusement de ma joue droite, pour finalement la percer en me donnant une douleur vive à cet endroit.

- Aaah...! fis-je en ressentant une douleur grandissant alors que la lame s'enfonçait petit à petit à cet endroit.

Je tentai de botter, mordre, frapper Bulgador, mais rien n'y fit. Celui-ci prenait un plaisir malsain à me torturer et commença à attaquer mon épaule, me faisant éprouver une nouvelle douleur sans toutefois atténuer celle de ma joue maintenant ensanglantée. Il fit ensuite de même pour mon autre joue. Il allait profondément dans ma peau.

- Si seulement tu savais à quel point te torturer de la sorte me procure du plaisir! s'écria follement Bulgador. Te voir t'empêcher de crier pour avoir l'air courageuse me rend serein. Je crois que finalement, je n'en n'ai pas fini avec toi: je vais te laisser mourir à petit feu, plus tard.

- Tu... tu es fou, dis-je entre mes dents, goûtant le sang qui coulait maintenant sur toute la partie inférieure de mon visage.

Comme réponse, cet elfe noir se contenta d'émettre un petit rire, m'enrageant encore plus.

Je sais maintenant que me débattre ne servira à rien: je possède une force inversement proportionnelle à celle de Bulgador. Il ne me reste plus que mes pouvoirs pour me sauver de cette situation, étant donné que ma mère est impuissante derrière les barreaux et qu'Aël git inconscient sur le sol. Bon. Il faut que je me calme et réfléchisse malgré la douleur. La télépathie ne me servira sans doute à rien. Parler aux animaux et aux plantes, non plus. Je ne sais pas non plus ce que je ferais avec la lévitation. Voyons, ce sont les seuls pouvoirs que je sache utiliser, mais il ne me servent à rien dans la situation désespérée dans laquelle je me trouve!

- Merdouille! dis-je, au bout de mes ressources.

- Anita... pense à ce que tu avais fait lorsque l'on s'est faites enlever... dit ma mère en tentant de me faire comprendre quelque chose. Mais quoi?

- Hum? Qu'as-tu dit, vieille femme? dit naïvement Bugador alors que sa lame commençait son assention dans la coupure de mon ventre en me faisant lâcher un cri.

Ce fut alors le déclic pour moi. Mais bien sûr! Lors de notre capture par les elfes noirs, j'étais tellement en colère que toute mon énergie a été expulsée de mon corps en produisant une énorme explosion autour de moi! Mais la question était: puis-je répéter et exploit? Bah, Je peux toujours essayer.

La colère. Il faut que je trouve la colère cachée en moi. Il me semble que c'est ce sentiment qui a déclenché cette explosion.

Je fermai les yeux et visualisai Cirindë en train de mourir de la lame de mon ennemi. De ma mère en train de se faire battre par une horde d'elfes noirs. De ces êtres hideux aux yeux rouges et à la peau noire ténèbres en train de torturer Aël, mon Aël. De mon sang qui coulait de seconde en seconde. Puis tout simplement de Bulgador. De son sourire sadique qui a trop souvent habité ses lèvres.

Ce fut la pensée qui en moi fit changer cette étincelle de colère en feu ardent qui pourrait brûler le monde entier.

Je perdit conscience de ce que je faisais, et sans même le commander à mon corps, celui-ci fit jaillir de moi une explosion incroyable d'énergie! Tout flottait autour de moi: des fragments de pierre qui revolaient tout partout à une vitesse incroyable se percutaient sur moi, mais je ne ressentais plus la douleur tellement j'étais dans un état puissant.

Une lumière bleutée était maintenant présente partout dans l'antre sous-terraine. On pouvait distinguer les parois de pierre dans lesquelles avaient été creusés des trous servant de maison aux elfes noirs.

La bombe que j'avais déclenchée était en train d'enlever tout ce qui était autour de moi avec violence. Seuls ma mère et Aël étaient immunisés de cette lumière, par la force de ma volonté.

- Que...? fit Bulgador alors qu'il se faisait expulser avec violence de son emprise sur moi.

Il revolait maintenant au loin et se fit percuter sur une paroi au loin en émettant un cri énorme: un cri que j'espérais être son dernier.

Je ne pus savoir ce qu'il se passa ensuite, car je perdit connaissance, maintenant vidée de toute énergie.

De nature elfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant