Point de vue d'Anita
Je cours. Je cours sans m'arrêter.
Et ce, malgré la soif, la faim, la fatigue et la douleur. Mais je continue, car je sais qu'Aël, l'elfe que j'aime plus que tout au monde, est en danger. Je suis horriblement inquiète pour lui, et ce seul sentiment me donne la force et le courage de poursuivre ma course à travers la forêt dense.
Je vais me rendre de nouveau chez moi, dans le village des elfes verts. Je vais discrètement aller jusqu'à la hutte réservée au chef du village (en l'occurrence moi) afin de découvrir où je pourrais retrouver les elfes noirs qui m'ont enlevé mon Aël.
J'ai déjà essayé de parler télépathiquement à Aël, sans succès. Mes messages télépathiques ne se rendent nulle part. Je n'ai qu'à espérer qu'il est simplement encore inconscient.
Je peux commencer à apercevoir le soleil à travers les arbres et les fougères (qui, étrangement, ne devenaient que plus bleues depuis le début de ma course).
Je cours depuis maintenant toute la nuit. Mon souffle est rapide et mon cœur bat vite. Je ne sais pas si je pourrai tenir encore bien longtemps...
Mes yeux ensommeillés se fermèrent un instant. Instant durant lequel une racine d'arbre accrocha mon pied et me fit tomber de tout mon long sur le sol couvert d'herbe et de bouts de bois.
- Aïe! m'écriai-je.
Ma cheville droite est maintenant douloureuse. Je crois que je me la suis foulée.
Je me redressai en position assise pour examiner la partie de mon corps en question. Ce que je vis était bien pire que ce à quoi je m'attentais. Celle-ci avait une grande entaille ce qui laissait le sang couler librement. Sans parler du fait que ma cheville était gonflée comme c'est pas possible.
Je tentai de me lever à l'aide d'un arbre à ma droite, sans succès. Je me laissai tout de suite retomber mollement à terre, maintenant prise à une douleur beaucoup pire au niveau de cette même cheville. Je sentais mon coeur battre à cet endroit précis, ce qui n'est pas forcément bon.
Mettons les choses au point. Je ne peux pas marcher. Que puis-je faire, à présent? À part me languir sur mon sort toute seule ici?
- Merdouille!!! criai-je de toute ma force.
Je me mis en boule en me mettant dos au même arbre sur lequel je m'étais accotée plus tôt et retins mes larmes. Qu'est-ce que j'ai fais? À cause de ma stupidité, personne ne saura jamais où est Aël, et qui sait ce qui adviendra de lui!
Je soupirai et, ressentant toujours la douleur qui émanait de ma cheville aussi intensément, je décidai de penser à moi avant de faire quoi que ce soit d'autre.
Entendant de mes oreilles fines le son léger et agréable de l'eau d'une rivière tout près d'ici, je décidai de tenter de ramper jusque là afin de nettoyer ma blessure. J'en profiterais aussi pour me substancier. Je m'avançai donc lentement mais sûrement vers ce son si doux.
Plusieurs mètres plus tard, j'eus le soulagement de découvrir la rivière que j'entendais. Ni une, ni deux, je plongeai tête première dans l'eau limpide afin de m'hydrater. Chose faite, je me redressai afin de mettre ma cheville endolorie dans le liquide froid. Le résultat fut immédiat: la douleur se calmait. Je soupirai de bonheur.
Pensant que j'étais maintenant correcte, je m'extirpai de l'eau pour ensuite grimacer de douleur. En effet, dès que je sortais, la douleur revenait comme si elle n'était jamais partie. Je me rassoyai sur le bord de l'eau et me remis le pied dedans, vaincue.
Je levai le regard vers le ciel pour murmurer d'une voix enrouée entre mes larmes:
- Aël... pardonne-moi. Je suis impuissante. Je ne peux pas venir t'aider dans ma situation présente. Je suis tellement... désolée...
Je laissai retomber ma tête pour fixer ma blessure qui rendait l'eau tout autour rouge. Les larmes qui coulaient allèrent tomber jusqu'à l'eau en-dessous dans de légers éclaboussement.
Je suis triste. Je suis impuissante. Je suis déprimée, pour faire simple.
Et personne ne pourra changer cet état d'âme tant que je ne tiendrai pas Aël dans mes bras.
Je fus tellement prise par mes sombres pensées que je ne remarquai pas une silhouette fine qui se mouvait dans l'eau de la rivière, sous mes yeux éteints. Je ne fus consciente de sa présence que lorsque je reçus de l'eau sur le visage dans une éclaboussement retentissant.
Tout de suite, mes yeux s'éclaircirent.
- Cririndë? dis-je en scrutant la rivière des yeux.

VOUS LISEZ
De nature elfique
FantasíaAnita est une fille parfaitement normale, si on exclue le fait qu'elle a des oreilles pointues. Malgré cette caractéristique peu commune, elle croit sincèrement être humaine. Jusqu'au jour où ses sens elfiques se réveillent, jour où tout changera po...