De nature elfique

Chapitre 36

"Ma tête me fait... tellement mal." fut ma première pensée en me réveillant.

Je suis également très fatiguée. J'ai les idées un peu embrouillées.

Quelques minutes passèrent sans que je ne bouge. Puis, petit à petit, sans ouvrir les yeux, je pris conscience de mon environnement: un plancher dur et froid, mes mains liées ensemble et attachées par-dessus ma tête, me faisant mal aux épaules, et le silence déplaisant qui était présent. Je n'avais aucune envie d'ouvrir les yeux, sachant que ce que je verrais ne serait guère réjouissant. Puis, finalement, je me décidai à le faire.

Ce que je vis, en réalité, me remplit de bonheur. Et aussi de terreur.

Je me trouvais dans une petite cellule de pierre éclairée que d'une torche faible. Il y avait des barreaux à une extrémité, mais il était impossible de voir quoi que ce soir au-delà de ce point à cause de la noirceur. Rien de bien beau à voir, en effet. Mais, en tournant les yeux, je le vis.

Aël.

Je ne pu m'empêcher de pousser un petit cri en le voyant. De détresse. De colère. De tristesse.

Il se trouvait à deux mètres devant moi. Il avait les mains enchaînées par-dessus sa tête tout comme moi. Son visage endormi reflétait une expression inquiète et apeurée. Ses vêtements étaient sales et déchirés, laissant paraître des cicatrices profondes. Il respirait difficilement et transpirait beaucoup.

Mais c'était lui et il était bel et bien vivant. Ses cheveux blonds. Ses yeux si beaux. Son corps parfait. C'est bien mon Aël.

- Aël!!! criai-je en tentant de le rejoindre.

C'était sans compter ces chaînes qui gardaient mes poignets douloureusement liés, m'obligeant à rester ici.

- Aël, est-ce que tu m'entends? Je t'en prie, répond-moi... le suppliait-je en m'approchant le plus près possible.

Ma vision s'embrouilla et je laissai une larme tomber en baissant les yeux. C'est alors que je l'entendis.

- Anita... est-ce que... c'est bien toi? dit une voix faible.

Je levai mes yeux humides pour voir Aël maintenant éveillé. Il me regardait avec une expression de surprise, de joie, et de terreur.

- Aël! Est-ce que tout va bien? Tu...

Difficilement, il s'avança le plus que le lui permettaient ses chaînes. De cette façon, nos têtes, en se penchant, n'étaient qu'à une dizaine de centimètres. Je pouvais voir tous les détails de son visage qui m'avait tant manqué. Il était mutilé, mais ses si beaux yeux violets avaient la même lueur d'antan. Je pouvais sentir son souffle accéléré contre ma peau.

- Où sommes-nous? Que t'est-il arrivé? lui demandai-je en ne cachant pas mon angoisse.

- Écoute-moi, Anita. Nous sommes dans le repaire des elfes noirs. Je ne sais pas encore pourquoi ils nous ont capturés et emprisonnés ici, mais ils n'ont pas l'intention de nous faire de cadeaux. Il m'ont... enfin... ils m'on beaucoup torturés depuis que je suis ici -j'ai perdu la notion du temps-, et je ne veux pas que ça t'arrive également. Tu dois partir d'ici. Ils vont chercher à te faire du mal! Prend la première occasion qui se présente, et, je ne sais pas comment, pars! S'il te plaît, Anita!

- Je suis d'accord avec toi pour partir de et endroit lugubre, en admettant que ce soit possible, enchaînés comme on l'est, mais tu viens avec moi, bien entendu! dis-je en souriant légèrement.

Aël, quant à lui, regarda son corps un instant et émit un sourire triste.

- C'est malheureusement impossible pour moi. Comme tu peux le voir, je ne suis pas vraiment en mesure de faire quoi que ce soit, mutilé comme je le suis. Je ne ferais que te ralentir, et...

- Mais on s'en fiche de ton état! m'emportai-je en laissant plusieurs autres larmes couler de plus belle. Ça fait des jours que je te cherche, et maintenant que je t'ai retrouvé, je ne vais pas te lâcher! Tu crois vraiment que je vais te laisser tomber? Je t'aime, tu sais!

Aël me regarda dans les yeux, ceux-ci se mouillant légèrement.

Il se pencha en approchant son visage du mien sans rien dire et posa un doux baiser sur ma bouche. Je fus surprise par son contact, puis ferma les yeux sans plus faire attention à quoi que ce soit d'autre. Même pas les chaînes contre mes poignets qui me faisaient souffrir en se frottant contre ma peau alors que je m'approchais le plus possible. Même pas le froid qui me tenaillait depuis que j'étais ici.

Je ne pris conscience du monde autour que lorsque j'entendis la porte de la cellule s'ouvrir dans un grincement assourdissant.

Un horrible elfe noir, musclé, sauvage et menaçant, fit apparition là où se trouvaient autrefois les barreaux, se faisant éclairer par la torche.

- Vous avez profité de la pause? très bien, vous allez venir avec moi, maintenant! nous cracha-t-il au visage en émettant un sourire sadique.

J'écarquillai les yeux en voyant la vérité en face: un elfe noir aussi brutal ne nous ferait pas de cadeaux.

Il débarra nos chaînes puis les attacha à une ceinture de fer attaché à sa taille. J'aurais sans doute pu faire je-ne-sais quoi pour m'échapper, mais je n'ai pas pu, paralysée par la peur.

Brutalement, il tira nos chaînes en nous faisant tomber par en-avant, hors de la cellule. Aël, en tombant, poussa un cri de douleur.

- Aël, est-ce que tu... m'inquiétai-je en m'avança vers son corps couché par terre.

Je reçu un coup de poing dans le visage qui me fit retomber par terre, en proie à une grande douleur.

- Ici, c'est moi qui commande! cria le garde. Vous, vous vous laissez faire et me suivez sans rien dire!

Je baissai la tête et me leva, tandis qu'Aël faisait de même. L'elfe noir commença à marcher en nous amenant à sa suite. J'essayais de voir quelque chose, mais j'en fus pratiquement incapable. Tout ce que je vis fut quelques torches extrêmement faibles qui n'illuminaient absolument rien. Je me contentai donc de suivre la cadence à l'aveuglette.

- Ça va aller, Anita, je te protégerai, me chuchota Aël assez doucement pour que le garde devant nous n'entende rien.

- Moi aussi, dis-je sur le même ton.

Puis, finalement, l'elfe noir ouvrit une porte. L'endroit était illuminé.

À l'intérieur, Bulgador nous attendait.

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Je suis vraiment fière de ce chapitre! （≧∇≦）J'espère que vous avez également aimé!

Hasta la vista, amigos! (￣^￣)ゞ