Chapitre 24

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Curieuse de voir ce qui pouvait bien être inscrit dans cette lettre qui m'était apparemment destinée, je dépliai lentement ce papier. Je pu y découvrir une page remplie d'une écriture raffinée. Tout cela était écrit d'un encre dorée. Très joli. Mais je ne perdis pas mon temps à contempler la lettre, et j'eus tôt fait d'entamer sa lecture.

''Chère Anita,

Si tu lis cette lettre, c'est probablement parce que je suis mort aux mains de Bulgador et que tu es devenue reine. Tu dois aussi te demander pourquoi je t'ai désignée pour faire une telle tâche. Quand je t'ai parlé de comment j'avais éradiqué la race des elfes noirs, j'ai senti en toi une grande détresse et un volonté à faire changement. Je sais également que tu es une personne déterminée qui ne se laissera pas dominer par la peur. Un bon exemple serait quand tu as fui Bulgador. Tu t'en es sortie avec brio magré le fait que tu étais effrayée. Bref, voici ma réponse: je veux que tu fasse en sorte que les trois peuples elfiques se réconcilient. Au début de mon reigne, je l'avoue, je voulais du mal aux elfes bleus et noirs. Voilà pourquoi j'avais ordonné de tuer les elfes noirs. Peu après, j'avais regretté mon geste. Et j'ai commencé à penser à la possiblilité de former une alliance de paix avec les elfes bleus. La paix... Nous n'avions jamais connu ça. Et ça doit être agréable. Pouvoir dormir sans se demander si on serait en vie le lendemain. Former de nouvelles amitiés malgré nos differences. Rire pour rien. Être heureux. Je n'avais toutefois jamais eu l'audace de metre ce projet à l'oeuvre. Pardonne-moi, Anita, de te confier cette tâche incroyablement périlleuse. Tu es à priori la seule elfe qui ne déteste pas les autres races. Puisse-tu ressortir victorieuse.

Epsan''

Je décollai mon regard tourmenté de cette lettre. Je comprends maintenant. Je comprends pourquoi Epsan a tenu à ce qu'une jeune demie elfe comme moi fasse le travail assidu de reine. Je dois arrêter cette guerre insensée avec les elfes bleus et noirs. Oui, je peux le faire!

Ma seule question est: par où commencer?

- Étrangement, tout d'un coup, je suis plutôt découragée... dis-je tout haut.

Puis, je pensai à Cirindë. Si je la revoyais, ensemble, avec Aël, nous pourrions rendre ce rêve de paix réalité! Il faut que j'en parle avec lui. Mais puisque je n'ai pas le droit d'habiter avec Aël, je vais devoir faire tout le chemin jusque là-bas. Pff...

Je repliai la lettre d'Epsan avant de me rendre dehors. Il faisait déjà nuit noire. Je courus entre les huttes elfiques avant d'atterir devant celle d'Aël. Je regardai par la fenêtre pour voir s'il était là.

En effet, éclairé d'une seule chandelle, il lisait un bouquin assis sur son lit. Je profitai du fait qu'il ne savais pas que j'étais là pour l'admirer encore une fois. Son visage était tellement insouciant lorqu'il lisait. Je restai là encore quelques minutes, médusée, avant que le regard d'Aël ne se détache de son livre pour se poser sur moi. Il refléta un peu de confusion et de soulagement alors qu'il s'approcha de la fenêtre.

- Tu es là depuis combine de temps, ma dulcinée? dit il en s'accotant sur l'autre bord de la fenêtre, souriant.

Prise par surprise, je rougis comme une pivoine. Son visage était tellement près du mien, je pouvais voir clairement ses yeux bleus et violets qui me regardaient amoureusement. Je ne suis tellement pas habituée à être aimée, je ne sais pas trop quoi faire.

- Je t'admire depuis quelques minutes. Je me disais que tu étais très mignon lorsque tu lis.

Ce fut au tour d'Aël de rougir. Il sembla hésiter un peu, puis se décida à lentement s'approcher de moi. Nos lèvre n'étaient qu'à quelques centimètres alors que, paniquant, je m'écriai:

- Ah, j'oubliais! Je suis venue ici pour te parler de quelque chose d'important!

Aël se recula vivement en se rendant compte de ce qu'il était sur le point de faire. Et moi, je me demande bien pourquoi j'ai dû réduire l'ambiance à néant en parlant de ça. Je me frappe la tête intérieurement en pensant à ce que je venais de faire. Mais bon. Tans pis, il y aura une autre fois, et c'est vrai qu'en ce moment, je devais lui parler.

- Heu... alors tu veux me dire quoi au juste? dit Aël, gêné.

- Dans la hutte où on m'a obligée d'habiter regarde ce que j'ai trouvé! dis-je en lui tendant la lettre à travers la fenêtre.

Aël la pris et commença à la lire, curieux. Au fil de sa lecture, son expression devenait de plus en plus perplexe.

Une fois terminé, il détacha son regard du papier pour me regarder dans le yeux.

- Je m'attendais à tout sauf à ça! s'exclama-t-il en me rendant la lettre.

- Oui, ça m'a laissée pantoise... J'ai du mal à croire que je puisse accomplir ce qu'il mm'a demandé de faire, maisj'essayerai. C'est pour ça que je me demandais si tu voulais bien m'aider...

- Quand tu veux, accepta Aël en me souriant.

- Super! m'exclamai-je. Dis, tu sais où se trouvent les elfes bleus?

Aël regarda en l'air en réfléchissant.

- Je n'y suis jamais allé, mais je sais que ça se trouve près de l'océan. Si on cherchait bien, je suis sûr qu'on pourrait trouver quelque chose. Pourquoi?

-Ben... je te l'avais jamais dit, mais j'avais déjà rencontré une elfe bleue dans la forêt, et...

Aël eut un regard d'horreur en me demandant, inquiet:

- Quoi?!? Elle ne t'a rien fait, j'espère?

- Haha! Non, elle n'avait aucune intention hostile, Aël, rassure-toi. Je peux même me considérer avec fierté comme son amie!

- D'accord... reste quand même méfiante, Anita, d'habitude ce que les différentes races d'elfes veulent entre elles, c'est la guerre et l'hostilité. Je t'en prie, fais attention!

- Aël, ce n'est pas tout le monde qui est comme ça! dis-je en me fâchant un peu. Justement, elle aussi, elle est contre la guerre, alors je pensais qu'elle pourrait nous aider.

Aël soupira.

- D'accord, si tu lui fais confiance, je lui fais confiance. Tu veux partir bientôt afin de la retrouver?

- Oui, je suppose... Mais je ne sais pas encore si j'aurais du temps libre ou pas en tant que reine... Mais je vais essayer de faire en sorte que ce soit demain! Il n'y a pas de temps à perdre!

- Super! Si tu n'as aucune obligation, on se rencontre ici demain matin et on part pour les elfes bleus! Ça marche?

J'avais longtemps hésité à poser ce geste, mais finalement, je pris mon courage à deux mains et fit un bisou sur à joue à Aël. Je reculais, gênée, pendant qu'il restai là à me regarder, bouche-bée.

- Ça marche. À demain! dis-je en m'en allant en courant.

De nature elfiqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant