Chapitre 8

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« Je t'aime. »
Cela résonne en moi, malgré le froid brûlant mes oreilles. J'ai bien entendu. Une confession intrigante. Je ne sais pas quoi répondre. Qu'est-ce que je ressens, pour ma part ?
Nos mains sont toujours entrelacés. Vont-ils se lâcher un jour ?
Elle est amoureuse. Elle ne va pas me lâcher.
« C'est quoi, être amoureuse ? », demandé-je.
Un long silence, encore une fois. Un silence en disant long. Elle réfléchit. Elle cherche les mots, pour décrire ce sentiment.
« Je ne sais pas comment le décrire. C'est indescriptible. »
Bien sûr, comme toutes les réponses de la vie.
La pluie s'étant arrêté, devrais-je courir et m'enfuir, pour ne pas avoir à répondre ?
Je n'ai absolument rien ressenti vers ma poitrine, pas un quelconque battement en trop. C'est dur, mais c'est la dur réalité. Tout est dur. Pourtant, j'aimerais. J'aimerais que ce soit réciproque, mais je ne peux pas me forcer. Devrais-je suivre la raison ou le cœur ? Les deux me disent que c'est une mauvaise idée.
« Alors ? »
— Faut-il vraiment que je réponde ?
— Qu'est-ce que tu pourrais répondre ?
— Je suis désolée. »
Voilà la seule chose que j'ai pu répondre. Devrais-je être désolée de l'avoir écoutée, de l'avoir aidée ? Devrais-je être désolée d'avoir passé du temps avec elle ? Devrais-je être désolée de l'avoir défendue ?
« C'est de ta faute... »
Devrais-je être désolée d'être restée à ses côtés ?
« Tu as été trop gentille... »
Devrais-je être désolée d'avoir été si gentille ?
Tous les signes d'affections que j'ai pu lui offrir, devrais-je être désolée de l'avoir réconfortée ?
« Je suis désolée. »
Je suis désolée. Je suis désolée d'avoir été une autre personne. La personne que j'étais, ce n'était pas moi. C'était une personne qui voulait être ce que tu voulais qu'elle soit. Les erreurs sont faites. Ils ne faut pas être quelqu'un d'autre.
La seule lumière présente vient des lampadaires de la rue. Le sol est toujours mouillé. Personne à l'horizon, à part nous.
Élise, elle est n'est plus dans mon champs de vision. Je ne distingue pas ses traits. J'entends et écouté ses pleurs qu'elle essaie d'enterrer.
Je lui serre la main quelques instants avant de la lâcher. Cette main maintenant froide que je lâche, je ne peux la reprendre, alors j'espère faire le bon choix.
Cette main se dirige vers son visage et retombe lourdement.
Que devrais-je faire ? Aucune idée.
À quoi pense-t-elle ? Que je suis horrible ? Bizarre ? Méchante ? Je n'espère pas.
Mes mains se remettent dans mes poches, en signe de lassitude. Suis-je fatiguée d'être avec elle ? Je n'espère pas.
J'avance d'un pas, preuve que je voudrais partir loin. Suis-je lâche ? Je n'espère pas.
Et pourtant, oui, je suis une lâche.
Un autre pas, et je me retourne. Je ne veux pas la voir de crainte de rester après avoir vu son visage blessée par mes excuses.
« À demain. »
Je continue alors ma route, difficilement, affrontant le vent décidé. Je ne peux me retourner, pour son bien et le mien. Peut-être ai-je fais le mauvais choix de la quitter, mais on a besoin de faire des choix dans la vie.
Allons-nous nous revoir ? Je l'espère.

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