« Eh... Je suis là... », me susurre Ambre à l'oreille. Quelle douceur, quelle gentillesse. C'est tout elle ça. Sa douce odeur se propage sur moi, me procurant un sentiment plutôt étrange de bien-être. Oui, rester comme ceci serait parfait. Tout ce qui ramène à elle serait parfait. Je sèche mes larmes que je n'avais même pas senti tomber.
« Tu vas mieux ? », me demande-t-elle en prenant mon visage dans ses longs doigts fins. Nous sommes bizarrement proches, et elle le remarque bien. Quand bien même, elle reste sur sa position, quitte à laisser ses joues la trahir. Et dire que je me demandais ce qu'était l'amour. Rien que de voir son visage rosi me procure la réponse.
« Oui, merci... Je pensais à... quelqu'un. »
Ambre me dévisage pendant de longues secondes et ressort son tic de se lécher la lèvre supérieur lors des moments stressants.
« A... quelqu'un... que je connais ? »
Voir sa réaction me fait particulièrement mal au coeur, pour une quelconque raison. Devrais-je... lui dire ? Je sens que je ne vais pas pouvoir passer la nuit ici, les visites étant interdites après une heure précise. Mais... si je ne lui parle pas, je ne sais pas si je pourrais retrouver une occasion comme celle-ci. Tout de même, a-t-elle besoin de savoir ce qui me tourmente ?
« Tu sais quoi ? Ne me dis rien, pas maintenant. Je saurais bien un jour ou l'autre. En tout cas, si une personne te fait pleurer, tu me le dis, et on ira la voir ensemble ! », crie-t-elle, apparement bien motivée. Elle est pas croyable. Mignonne, à fort caractère. Je souris sans modération et acquiesce. Je me sens déjà légèrement mieux. Pourtant, si je lui dis que la personne me faisant peine est indirectement elle, comment va-t-elle réagir ? Non, je ne le ferai pas. Je ne peux pas risquer de la blesser. J'endurerai le plus longtemps possible. Après tout ce qu'elle a enduré, ce qu'elle a vu de moi, de ma violence...
« Je peux te demander quelque chose ?
— Oui bien sûr, dit-elle.
— Tu... te souviens de pourquoi tu pleurais ce jour-là ? Tu sais, quand tu es venue chez moi... »
Elle repose ses doigts et entrouvre la bouche, comme si elle venait de s'en rappeler.
« Oui... Enfin... Cette fois, ne rigole vraiment pas ! Ou ne pleure pas alors, je ne sais plus trop... », dit-elle perdue comme une enfant. Elle lui ressemble bel et bien.
« J'ai... juste trouvé ta voix magnifique et remplie d'émotions, tu vois ? », continue-t-elle. Je remarque qu'elle cligne des yeux anormalement vite. Elle... me ment ? Non... il manque quelque chose...
« Mais... tu regardais la pluie mélancoliquement avec des yeux remplis de tristesse... »
La voilà encore en train de regarder partout. J'ai envie de l'étreindre, mais nous sortons tout juste d'un moment d'affection...
Ambre inspire soudainement et lors de cette action dit quelque chose très rapidement, sans que je puisse l'entendre. Tout en relâchant son souffle, la fille angoissée répond :
« Je pensais à énormément de choses en même temps. Ta voix, ta gentillesse, mes parents, ma santé, ma solitude, l'école, mes problèmes. Tout s'est accumulé et ça a dû exploser. »
Elle respire enfin un bon coup et se gratte la tête.
« Tu me dis toujours ce que je demande, j'ai l'impression, dis-je.
— Oui... C'est vrai. »
Comment dois-je réagir sur le fait qu'elle a des problèmes ? Je ne pensais pas que... Enfin, qu'une personne aussi insouciante qu'elle puisse avoir des problèmes. Alors c'est vrai, tout le monde en a.
« Quels genres de problèmes ?
— Oh je ne sais pas... émotionnels ? J'ai juste l'impression que tout est compliqué dans la vie, actuellement. »
Ambre parle comme une gamine. C'est ce qui fait qu'elle est si naturelle. Et pourtant, elle reste si mature.
« Tu me rappelles quelqu'un.
— Qui donc ?
— Celle à qui je pensais tout à l'heure. Celle à qui je suis allée rendre visite aujourd'hui. »
Elle fronce légèrement les sourcils et plisse des yeux.
« Ah oui ? Qui donc ? »
Alors, c'est le moment ? Après tant d'années, tu réapparais dans ma vie et en plus je dois faire vivre ta conscience à travers d'autres personnes. Toujours à vouloir être avec moi, toujours à vouloir mon attention. C'est bien toi.
« Ma petite soeur. »

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Inaccessible
Romantizm« C'est bizarre, j'ai l'impression d'être plus triste quand je pense à elle, alors que l'on dit sans arrêt que l'amour rend heureux. Cette image de l'amour que la culture populaire embellit de passion et de romance n'apporte en réalité que de la déc...