Chapitre 34

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Je vois un gâteau devant moi. Quinze bougies éclairées et posées sur celui-ci. Je contemple les flammes vivifiantes qui représentent actuellement les quinze années que j'ai passé sur Terre. Et puis je regarde aux alentours. Je vois Clara qui me sourit, une once de fierté dans son regard, car elle est fière d'avoir organisé tout cela. Je vois aussi Nick, qui ne semble pas plus heureux que d'habitude, mais il l'est déjà assez souvent, alors je le pardonne. Et puis, c'est le premier réel effort qu'il fait depuis tout ce temps, alors je le comprends aussi. Et puis je remarque Ambre. Ambre qui contemple, assise sur la chaise à côté de moi. Dans ses yeux, les flammes s'y reflètent et ses prunelles ardentes attirent le regard de mes yeux qui ne peuvent s'empêcher de languir d'attirance pour elle. Soudain, clic, c'est le son d'un appareil photo qui me réveille de mes songes. Nick me sort de mon état de transe et je comprends enfin. Je suis entourée de gens qui m'aiment et qui ne veulent que me voir heureuse.

« Allez Morgan, tu peux le faire, prononce Clara.

— De ?

— Souffler les bougies », révèle-t-elle.

C'est vrai que le concept, c'est de souffler les bougies.

« C'est assez triste de souffler les bougies, non ?

— De quoi ? rétorque Clara.

— Eteindre les flammes qui représentent ma vie.

— Elles se rallumeront toujours », précise Ambre.

C'est vrai, je peux le voir de ce point de vue. Je souffle les bougies, je les éteins, j'attends un an, je les retrouve, et le cycle recommence. En fin de compte, c'est le phénix qui renaît de ses cendres.

Je me décide enfin à souffler sur les flammes, les éteignant trois par trois, pendant que des clics se font entendre en arrière-plan. Et puis des claps. Clap clap clap clap.

« Comme Nick a dit que t'aimais pas les cadeaux, on t'a rien acheté, dit Clara.

— Parfait, bon conseil de sa part pour une fois.

— Du coup, on va faire une soirée pizza, c'est mon idée, rétorque Nick.

— Meilleure idée du monde, je dois te l'avouer », dis-je.

Et la soirée se passe.

J'ouvre les yeux, j'y vois noir. Décidément... Je cherche mon portable qui ne doit définitivement pas être loin. Tâtonnant par-ci par-là, je le trouve et allume la lampe torche. Avec cette chaleur intense, je me réveille toutes les nuits ces derniers temps. Je fais attention à ne pas marcher sur une main ou quoi que ce soit et trouve mon chemin vers la terrasse.

Enfin de l'air frais. Je m'assois sur une des chaises et remarque que les lumières de la rue sont toujours allumées. Il fait bon. Un sentiment paisible m'enveloppe en même temps que la douce brise d'un soir d'été. Je me sens enfin satisfaite.

« Tiens ? Tu dors pas ? »

Je sursaute et me retourne : c'est Ambre. Je mets ma main au cœur pour vérifier que je suis toujours vivante.

« Comment t'as fait pour faire aucun bruit ? J'ai eu trop peur, dis-je.

— j'ai le pas léger, je suppose », dit-elle en riant.

Elle va chercher une chaise.

« Attention, tombe pas », dis-je en l'éclairant de mon portable.

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