Chapitre 17

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Après les dernières sentences prononcées par le docteur, il abaisse sa tête et s'en va alors, l'écho de ses pas raisonnant sur le carrelage du couloir de l'hôpital.
Une chute liée à la fatigue, dû à un manque de nutriments. Je ne m'inquiète plus qu'il ne faudrait. Il ne faut pas que je m'énerve ici, à l'hôpital, et surtout en présence de sa mère.
Elle est assise sans avoir bougée depuis que nous sommes arrivées. Ce regard triste et à la fois dépourvu de chaleur qu'elle a, je ne comprends pas. Ce lit qu'elle regarde, est-il aussi laid que ça ?
« Morgan ? », dit-elle soudain, levant ses yeux froids sur moi. Je regarde d'abord de gauche à droite, mais me rappelle que je suis vraisemblablement la seule Morgan ici.
« Oui ?
— Merci d'avoir été là pour elle.
— C'est normal. »
Je sens dès lors un silence désagréable tomber. Des questions me surviennent dans la tête, énormément, mais en même temps ne peuvent pas sortir à cause de cette pression sur moi. Je regarde Ambre qui dort paisiblement. J'espère qu'elle rêve de quelque chose d'agréable après ce qu'elle a pu subir.
« Madame ?
— Je t'écoute.
— Vous savez pour ce que j'ai fais vendredi ? Cette bagarre ? »
Elle ne répond pas de suite et je patiente.
« Effectivement. Pourquoi donc ?
— Pourquoi... Pourquoi est-ce je n'ai pas de sanction ? »
Les rôles sont inversés, elle doit être plus nerveuse que moi. Je ne le fais pas parce que j'aime ça.
« Je me demande aussi. Mais je suppose que j'ai bien fait de l'écouter », dit-elle finalement.
L'écouter... C'est sûrement Ambre. Je ne sais pas si je dois lui en être redevable, mais je pense que si. Heureusement que ma mère ne sait rien de tout cela encore.
Regardant ma montre, je me rappelle la date d'aujourd'hui. Je me lève en essayant de ne pas faire de bruit, fais un signe de tête à la principale qui me le rend et sors.

Les fleurs ne sont plus là. Elles ont sûrement été enlevées par le vent, ou la pluie. Je ne pense pas que les gens puissent voler quoi que ce soit ici.
« Bonjour mademoiselle, ça faisait longtemps.
— Bonjour monsieur, comment allez-vous ?
— Très bien et vous ?
— Je vais bien, mais je sens que ça va pas tarder à... vous savez...
— Oui, je comprends. Je vous laisse alors.
— Merci », dis-je finalement au gardien.
Ce supplice que je m'afflige, de venir la voir tous les ans, reste tout de même une source de réconfort. Je sais qu'il me reste une part d'humanité au fond de moi.
« Cette année, je t'apporte des fleurs de lys. C'est cher, oui, mais je les trouvais sublimes.
Je m'assieds sur la dur pierre et pose le bouquet derrière moi.
« Ça fait toujours bizarre de parler toute seule... Je ne m'habituerai sûrement pas. »
Un léger soupir s'échappe de ma bouche. Qu'est-ce que je pourrais bien lui raconter ?
« Cette année, j'ai rencontré une fille, elle s'appelle Ambre. Elle te ressemble, même si elle est plus grande. Sensible, joyeuse, fragile, comme toi. Récemment, quand je pense à elle, je me sens mélancolique. Du coup, j'évite, mais elle revient tout le temps. Ce n'est pas de ta faute, non. Je l'aime beaucoup, énormément. J'ai envie de la protéger, tu sais ? Ça en devient un problème. »
Je sens ma voix se perdre peu à peu. C'est dur de lui parler, en sachant qu'elle n'est plus là. Encore et toujours plus de douleur qui s'accumule. Qu'est-ce que la vie est étrange.
« J'ai raté, comme avec toi. »
Je ne sais pas si j'ai voulu dire cela à voix haute. C'était peut-être pour me punir de ma présence. Je ne pense pas que je serais pardonnée de toute façon.
Je me lève, essuie les gouttes de mon visage et me dirige vers la sortie. Saluant le gardien, je regarde une dernière fois les fleurs avant de sortir du cimetière.


Boouuuh c'est tout ? Ah, ben oui. Excusez-moi pour le peu de texte et de... tout. <_<
Je promets que le prochain chapitre sera plus fourni. o/

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