Bon, oui, je ne tiens pas mes promesses, certes.Ces derniers temps, je suis moins vide émotionnellement parlant, pas instable, mais bon. Bref, du coup, je suis plus inspirée. Et j'ai plus de temps aussi. C'est pas qu'il y avait un vide, ou une perte de motivation, c'est juste que je ne me permettais pas de rêver. Quand j'écris leur histoire, je me permets de rêver, et de me dire que peut-être qu'un jour, ce sera moi à leur place. Ça me rend légèrement heureuse, pour une petite période, mais ça me suffit. Voilà. Bonne lecture.
« Tu te sens mieux ?
— Oui, grâce à toi, sûrement », me dit Ambre, le sourire au coin de ses lèvres et le regard amusé. A croire que ce séjour à l'hôpital l'a revigorée.
Le temps passe, lentement, mais toujours trop rapidement à mon goût. Oui, c'est assez paradoxal dit comme ceci, mais j'essaie de profiter du plus possible du moment présent avec Ambre. Sûrement qu'elle pense que c'est juste un moment entre amies, mais si elle savait, ce que je ressentais pour elle, elle serait sûrement troublée. Je me demande ce qu'il se passerait tout de même, je suis assez curieuse. Vu sa personnalité, le fait qu'elle soit complétement à l'ouest, elle serait sûrement assez embarrassée de ne pas avoir remarqué. Ou peut-être que je me trompe, après tout, je ne lis pas dans les pensées, malheureusement.
« Tu peux m'expliquer ici, Morgan ?
— Oui, fais voir... »
Ambre se recule un peu pour me laisser place. Je regarde le manuel d'exercices et repère les quelques mots importants.
« C'est simple, là, tu dois factoriser le produit parce que sinon, c'est pas possible, ensuite, faut... »
Je ne peux m'empêcher, tout en lui expliquant, de remarquer son visage qui s'approche de plus en plus du livre, et de ce fait, de ma tête reposée sur mon bras. Je tente le diable en tournant mon regard légèrement à ma gauche, et vois son regard attentif à ma leçon. On dirait un chat qui se concentre sur sa proie. En parlant de chat...
« C'est quoi ton animal préféré ?
— Le chien, je pense, et toi ? »
Réponse inattendue. De sa nature calme et de son comportement discret, j'aurais cru le contraire.
« Le félin au regard perçant, d'une grâce magique, indomptable, indolent, majestueux, le chat.
— Tiens, c'est vrai que tu as récupéré une chatonne ?
— C'est exact, tu veux venir la voir ? »
Un grand sourire lui apparaît aux lèvres pendant une seconde et elle continue par dire :
« Alors comme ça on m'invite moi, et que moi ?
— Et oui...
— Je me sens privilégiée.
— Tu l'es. »
Son visage devient très vite rouge. C'est plutôt facile de la cerner, Ambre, son visage nous dit tout sur ce qu'elle pense. Ou alors je suis observatrice. Pour elle.
Les deux heures passent à mesure que je l'aide. Elle comprend plutôt vite, en soit, alors bon, c'est moins amusant.
« Ça fait longtemps que je suis pas venue ici... »
Ambre retire ses chaussures délicatement et d'un pas léger, sans bruit, visite encore une fois la maison, comme si elle la redécouvrait. Comme si elle oubliait à chaque fois, elle devait se familiariser encore, et encore. Dans le salon, elle s'arrête au milieu de la pièce, fixe le plafond, puis regarde la bibliothèque, et le ukulélé, marche un coup, regarde le paysage, et enfin s'assied sur le canapé. Tout ceci sans aucune parole, sans aucun bruit perturbateur, seulement des gestes mystérieux.
« Alors, où et cette fameuse Alice ? », me dit-elle, en levant ses yeux vers moi, qui suis restée béat devant son spectacle.
Tout en disant son nom, un petit miaulement se rapproche de moi. Je me retourne pour voir cette petite boule de fourrure s'avancer vers moi. Alice me fixe, de ses yeux bleus, et viens se frotter à ma jambe, sa queue levée, tout en miaulant et en ronronnant. Je me baisse et entends Ambre qui se lève pour me rejoindre.
« Tu lui as beaucoup manquée j'ai l'impression.
— C'est marrant, elle a pas l'air d'avoir peur de toi.
— Tu penses ? »
Ambre tend sa main doucement et lentement, attendant de se faire accepter. Et, ne m'étonnant guère, Alice lui mordille le doigt, en même temps qu'un grand sourire apparaît sur le visage d'Ambre.
« Alors, chien ou chat ?
— Je peux choisir Alice ?
— Oui, tu peux aussi. »
Elle sourit et se remet sur le canapé, tapotant la place à côté d'elle pour me faire signe de venir.
« Alors comme ça, tu n'invites jamais personne ?
— C'est du déjà-vu, je crois... »
Je prends Alice dans mes mains et la pose avec nous. Elle reste sur mes genoux, demandant toujours et encore plus d'affection. Comme la vraie Alice. Comme au bon vieux temps.
« Non, mais, ça m'intéresse, tu vois. Je me demande juste pourquoi tu n'invites personne d'après les dires de Nick.
— Pourquoi est-ce que je n'invite personne chez moi ? C'est une bonne question. Peut-être que je n'aime pas les gens, ou leur présence. Et pourtant, il m'arrive de me sentir tellement seule que je voudrais quelqu'un à mes côtés. Alors, pourquoi je ne le fais pas ? Je sais pas si tu me suis, là. »
Elle ne répond que par un geste d'approbation.
« C'est comme si je leur permettais de rentrer dans ma grotte, mon espace, ma bulle, tu vois ?
— Oui, je vois bien.
— Et pourtant, j'ai souvent une envie, un désir, un besoin, d'appeler une personne, lui dire de venir, et de passer le temps avec. Ça me donnerait un sentiment de confort, et de sécurité, mais je sais pas pourquoi, je le fais pas. C'est très paradoxal, mais bon. On est tous compliqués au fond.
— J'arrive pas à comprendre, je crois que tu m'as perdue, là, dit-elle en souriant.
— Je pense que ça dépend de la personne, tout simplement. Si je le sens bien, je le ferai, mais sinon, je m'abstiendrai.
— Tu penses vraiment beaucoup.
— Certes. »
Moi ? Penser beaucoup ? Oui, je sais. Je me le dis souvent, dans ma tête. A voix haute aussi. Quand je pense trop, je me le crie à moi-même pour m'arrêter. C'est une sorte de technique, qui ne marche pas vraiment. Après tout, si on pouvait se contrôler, ce ne serait pas marrant. La race humaine est capable de penser, et ça, c'est marrant, et intéressant.
« Et toi ? T'invites souvent des gens ?
—Non, pas vraiment. Mais pas pour la même raison. Quoi que, peut-être, je sais pas. C'est juste que... Il fait froid chez moi.
— Il... fait froid chez toi ? C'est-à-dire ? Le chauffage ? Vous en avez ? »
Ambre pouffe de rire et me tape à l'épaule. C'est une douleur disparaissant vite et plaisante.
« Mais non, pas froid dans ce sens... Il fait froid, dans le sens où, c'est pas accueillant, c'est grand, vide, et il n'y a pas grand-chose. Ça renforce juste l'image de moi d'une personne froide réservée.
— Parce que tu n'es pas froide et réservée ? », lui dis-je d'un ton sarcastique.
Elle me lance le regard signifiant « Sérieusement ? » avant que je m'excuse rapidement.
« Tu me joues du ukulélé ?
— Si tu promets de ne pas pleurer.
— Bien sûr », dit-elle, en me faisant un clin d'œil. Mon cœur, n'accélère pas comme ça, s'il-te-plait.
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Inaccessible
Romance« C'est bizarre, j'ai l'impression d'être plus triste quand je pense à elle, alors que l'on dit sans arrêt que l'amour rend heureux. Cette image de l'amour que la culture populaire embellit de passion et de romance n'apporte en réalité que de la déc...